Au secours ! La peur du nucléaire revient...
Que les choses soient claires : ce site n’a pas vocation à traiter de l’actualité et encore moins à moquer la tragédie qui frappe le peuple japonais. Mais quand on parle de SF, le seul mot de "nucléaire" réveille de nombreux souvenirs. Ainsi qu’un sourire tristement ironique quand on voit l’utilisation lamentable que certains font de ce drame ...
Cela fera bientôt 70 ans que ça dure : les mots "atome" et "nucléaire" font à la fois rêver et cauchemarder l’humanité. Rêver parce que la puissance pour l’instant sans égale de l’atome ouvrait (et ouvre peut être encore, avec la fusion à froid) des perspectives infinies sur des lendemains qui chantent, où l’énergie serait abondante et presque gratuite où les moteurs les plus puissants tiendraient dans une boite d’allumettes...
Cauchemarder parce qu’un moche matin, les japonais, dejà eux, se sont réveillés avec deux villes rayées de leur carte et des retombées sur lesquelles les livres d’histoire ont soigneusement évité de s’étendre*.
Certains - et ce n’était pas de la SF - se sont alors dit que les hommes devenaient fous et ont même donné le nom de MAD (Mutual Assured Destruction) à la théorie qui voulait que les milliers de missiles à tête nucléaires soigneusement accumulés par l’URSS et les Etats Unis pendant la guerre froide étaient les meilleurs garants de la paix mondiale... Comme l’a démontré ensuite un certain Docteur Folamour, signé Stanley Kubrick !
Mais bien avant lui, les japonais (évidemment) avaient essayé d’exorciser leur traumatisme en produisant des films à la qualité parfois douteuse mais à la signfication lourde, mettant en vedette des monstres gigantesques issus de mutations dues aux radiations : Godzilla, bien entendu et ses amis Mothra, Gidhra, Ebirah, Hedora, Gigan, Megalon etc ...
Pendant ce temps les américains, eux, fantasmaient davantage sur la terreur que leur inspirait le communisme et l’idée d’une "cinquième colonne" inflitrant insidieusement leur territoire, d’où une série de films à caractère hautement paranoiaque (ciel, mon voisin est un monstre !) dont les meilleurs exemples restent L’Invasion des Profanateurs de Sépultures et Le Meteore de la Nuit, de Jack Arnold. Mieux, l’arme nucléaire était souvent pour eux la solution, et non pas le problème ! Ainsi, lorsque tout a échoué pour enrayer l’invasion des tripodes venus de Mars dans La Guerre des Mondes, quel est l’ultime recours ? La bombe A, bien sur ! Et ça a continué comme ça jusqu’à Independence Day ... Les seules exceptions notables** furent Apocalypse 2024 et surtout le film en forme de docu-fiction hyper-réaliste The Day After, réalisé en 1983 par l’excellent Nicholas Meyer, qui a fait l’effet d’une bombe (oui, je sais, c’est facile ... mais vrai !) aux Etats Unis, où les américains ont fini par comprendre l’horreur qui leur pendait au nez, comme à celui du reste du monde.
Jusque là, la peur était davantage sur le sol européen. On se souvient du film Malevil, avec Michel Serrault ... On se souvient aussi de la montée des verts en Allemagne qui, quoique démilitarisée, ne voulait non plus du nucléaire civil !
On pourra objecter que bien d ’autres films avaient traité du nucléaire et de ses conséquences. On peut se souvenir de la statue de la liberté sur la plage de La Planète des Singes, de la ville sous cloche de l’Age de Cristal ou encore de la saga de romans de Gilles Thomas (L’autoroute Sauvage, La Mort en Billes, L’Île Brûlée)... mais il s’agissait davantage de s’intéresser à une forme possible de monde post-apocalyptique qu’ au nucléaire en tant que tel...
Depuis la fin de la guerre froide, on a parfois joué à se faire peur. Dans Terminator, par exemple, Skynet utilise l’arme nucléaire pour détruire la civilisation humaine et permettre aux machines de prendre la suite ... Dans Le Livre d’Eli, c’est encore une guerre nucléaire qu’on suppose à l’origine du monde dévasté dans lequel Eli tente de porter la bonne parole. Et dans la série Jericho, toute l’intrigue tourne autour de ces explosions nucléaires, venues d’on ne sait où, déclenchées par on ne sait qui ...
Mais dans l’ensemble, on croyait tout ça derrière nous... et voilà soudain qu’à la lumière d’un drame japonais, la grande peur refait surface. Et soudain, nos écologistes découvrent en l’espace d’un week end qu’il y a des centrales nucléaires en France ! Non contents de se ridiculiser à chaque élection présidentielle en tirant à chaque fois à la courte paille un candidat improbable, voilà qu’il exposent au grand jour, en croyant bien faire, leur formidable incompétence : mais où donc étaient-ils, ces trente dernières années, si le nucléaire est si dangereux que ça ?
Maintenant c’est clair : on va réduire à zéro nos émissions de Co2, on va fermer les centrales nucléaires et se passer d’électricité. Si, si, vous allez voir. Et pendant qu’on y est, on va recycler nos voitures et se déplacer à cheval, on va manger bio et vivre dans des maisons en bois, on jettera nos télévisions devenues inutiles (je vous rapelle qu’on n’aura plus d’électricité) et on se réunira tous les soirs autour d’un feu de camp pour se raconter des histoires en grillant des marshmallows...
Si ça c’est pas de la SF, je veux bien manger mon chapeau de paille transgénique importée de Chine à bord d’un cargo ayant dégazé sur nos côtes !
* De même que sur celles des bombes expérimentales françaises, dont on peut pourtant supposer que certains autochtones anonymes de Polynésie française ont fait les frais...
** Le film Les Survivants de la Fin du Monde réalisé par Jack Smight en 1977 est une autre exception, mais pas vraiment notable ...
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