Bienvenue dans un monde où l’on s’affronte au moins autant verbalement que physiquement, où les puissants de ce monde participent à des réunions secrètes déguisés en nounours en peluche, où les vieilles dames qui poussent un landeau dissimulent nécessairement une mitrailleuse, ou le patron des services secrets s’appele mère-grand alors que son homologue féminin s’appelle grand-père, où les voitures de collection possèdent un robinet à thé...

C’est l’univers de Chapeau Melon et Bottes de Cuir, notamment celui des saisons de 1965 à 1967, celles du duo John Steed - Emma Peel, parfaitement rendu par ... les américains d’Hollywood ! Ce n’était pourtant pas gagné d’avance, mais ils sont parvenus à restituer à la perfection l’ambiance suprêmement british de la série et la relation souvent ambigüe qui existait entre Steed et la plus sexy de ses partenaires (très loin devant Linda Thorson et Joanna Lumley). Ils ont en outre eu le bon goût de choisir pour cette adaptation la période la plus culte, celle qui fut aussi la plus tournée vers la SF.

Les puristes regretteront sans doute que le scénario soit digne d’une mauvaise parodie de James Bond... mais ce serait oublier ce qu’était Chapeau Melon et Bottes de Cuir à l’origine : une série au budget très limité, dont les épisodes étaient généralement tournés en une semaine, parfois moins...

Mais la fidélité du film à la série ne s’arrête pas là, car le film fourmille de références à la série. Le scénario est inspiré de celui de l’épisode Dans Sept Jours, Le Déluge ; la scène d’escrime entre Steed et Madame Peel avait déjà été vue dans l’épisode Voyage Sans Retour ; et la réalisateur du film se paie même le luxe de reprendre l’espace de deux minutes le génial scénario de Brian Clemens dans l’épisode L’Héritage Diabolique (peut être le meilleur de tous) !

Et que dire de ce casting de rêve ? Visiblement, Ralph Fienness et Uma Thurman prennent un grand plaisir à jouer les anglais, s’affrontant en permanence à coups de joutes verbales aussi futiles que subtiles (petit coup de chapeau en passant, même s’il n’est pas melon, oà ceux qui ont écrit les dialogues)... et bien entendu, le film n’aurait pas été ce qu’il est s’il n’y avait pas eu au moins un vrai britannique (écossais, certes, mais anobli par la Reine !) en la personne de Sean Connery dans le rôle du savant fou (à quoi reconnaît un savant fou ? probablement au fait qu’il joue de l’orgue...). Mais pouvait-on tourner un Chapeau Melon sans Patrick Macnee ? Bien sur que non et on retrouve l’acteur qui a si longtemps incarné John Steed dans le rôle de ... l’homme invisible, pour une très courte apparition. A signaler aussi, Fiona Show (une transfuge de la saga Harry Potter dans lequel elle interprète Petunia Dorsley) dans le rôle de grand-père et Jim Broadbent un autre habitué des films fantastiques) dans le rôle de mère-grand.

Il y a aussi de l’action, des effets spéciaux, mais pas trop, juste ce qu’il faut... et bien entendu la fameuse musique du générique de la série !

Bref, il ne manque rien ! Les amateurs du couple Macnee / Rigg trouveront sans doute le nouveau Steed un peu trop jeune, trop svelte ... et un peu trop surclassé ( à l’escrime, aux échecs) par sa partenaire. Les mêmes trouveront peut être la nouvelle Madame Peel trop ouvertement rebelle... mais ce serait oublier que Diana Rigg était déjà très provocatrice, pour une anglaise d’il y a quarante ans ! Mais ce sont des détails, les scénaristes n’ayant fait qu’actualiser des éléments déjà présents dans la série pour les remettre au goût du jour.

Quant à ceux qui ne connaissent pas ou n’aiment pas la série... il est vrai qu’il y a peu de chances qu’ils apprécient ce Chapeau Melon à sa juste valeur ...

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