L’Autoroute Sauvage
Un roman remarquable, écrit par un français... ou plutôt par une française, dont le second pseudo est Julia Verlanger et le véritable nom Héliane Taïeb. Ce n’était sans doute pas vendeur à l’époque, surtout pour un roman aussi masculin que l’Autoroute Sauvage ! Sorti en 1976 dans une collection pourtant pas particulièrement réputée pour compter de nombreux chefs d’oeuvres... vous pourrez le trouver aujourd’hui chez des bouquinistes, à un prix relativement élevé. Normal : l’Autoroute Sauvage est une perle rare !
Après une guerre dont on sait très peu de choses, si ce n’est qu’elle a été totale, nucléaire, bactériologique et chimique, il ne reste plus grand chose de la civilisation. Les villes sont des zones à hauts risques : détruites, envahies par les rats, la radio-activité et diverses substances toxiques ; seules les zones rurales restent pratiquables.
Quant aux humains, ils sont désormais séparés en deux catégories : les solitaires et les groupés. Les premiers sont des individualistes, ayant développé des aptitudes particulières à la survie et au combat, parfois avec des armes aussi improvisées que surprenantes... les seconds ont un instinct plus grégaires, et une tendance marquée à suivre aveuglément un leader charismatique, religieux ou idéologique : bref, ce sont des moutons !
Inutile de préciser vers quelle catégorie va la sympathie de l’auteur, dont les héros sont deux solitaires, Gérald et Thomas, qui vont se rencontrer et faire équipe pour aider une femme rencontrée par hasard. Après l’avoir aidée à se rendre à Paris, à la recherche d’un traitement contre la redoutable peste bleue, ils décident de la raccompagner dans sa communauté, situé à Porquerolles. Pour cela, il décident d’emprunter le trajet le moins risqué : l’autoroute du sud. Car il s’agit d’éviter non seulement les groupés, mais aussi la peste bleue ainsi qu’une étrange forme de vie resemblant à un amas de billes gélatineuses. Et tout cela à pieds, bien entendu ...
A a du mal à croire que ce roman ait pu être écrit par une femme, tant l’action y est intense et souvent assez sanglante. Mais l’Autoroute Sauvage ne se réduit pas pour autant à une succession de péripéties et de combats. L’univers post-apocalyptique qui y est décrit est redoutablement crédible (surtout dans cette période de guerre froide), et les personnages moins caricaturaux et manichéens qu’on peut l’imaginer.
Car peu à peu (en fait, il s’agit du début d’une trilogie), en dépit de leur caractère de solitaires, Gérald et Thomas vont découvrir les bienfaits de l’amitié, de la solidarité et finalement de la vie en communauté et en démocratie.
Accessoirement, écrit à l’époque de l’apogée des fameuses "30 glorieuses" (ces années de croissance ininterrompue ayant suivi la fin de la seconde guerre mondiale), il est amusant et surprenant de voir le symbole des congés payés, l’autoroute du sud, transformée en un véritable parcours du combattant !
Pour toutes ces raisons et d’autres encore, dont le style d’écriture d’une simplicité et d’une clarté remarquables, il faut vraiment lire l’Autoroute Sauvage !
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