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Les nuits de Dracula (Il Conte Dracula)

Jess Franco
lundi 9 avril 2012
par dr frankNfurter
popularité : 2%

Dans les souvenirs du docteur, la seule et unique adaptation du roman de Bram Stocker n’était autre que la superproduction réalisée par Francis Ford Coppola, enfin tel que l’on nous l’avait affirmé lors de sa sortie en 1992 (1). Or si cette dernière s’avère sans conteste et finalement la plus fidèle, parmi les innombrables (re)lectures du mythe vampirique, et ceci malgré les libertés prises sur le texte originel, à savoir une esthétique empreinte d’érotisme et un personnage principal désormais perçu comme un monstre amoureux ; vingt ans auparavant, Jesús Franco avait lui aussi filmé sa version du roman de Stocker : Les nuit de Dracula. Une adaptation méconnue et pourtant aussi l’une des plus fidèles avec le duo Christopher Lee / Klaus Kinski ; si ce n’est la plus fidèle depuis le Nosferatu de Murnau et bien avant celle de Coppola.

Les nuits de Dracula IMG/flv/LesNuitsDeDracula.flv

Comme annoncé en introduction, le scénario reprend la trame originale du roman, celle de Jonathan Harker (Fred Williams) traversant la Roumanie pour y rencontrer un client, le vieux comte valaque Dracula (Christopher Lee), et venu lui faire signer les actes de propriété de sa nouvelle demeure en Angleterre. Mais le vieil aristocrate, tout comme pouvait le laisser supposer les avertissements des autochtones apeurés en découvrant la destination du jeune homme, s’avère être un vampire. Abandonnant Harker à son triste sort, Dracula quitte sa terre natale pour Londres et y recouvrer une nouvelle jeunesse...

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Tournée en Espagne et en Allemagne, cette coproduction italo-germano-liechtensteino-espagnole (ouf !) mérite, contrairement à ce que pourrait laisser croire sa nationalité incertaine une plus grande reconnaissance. Ce Count Dracula , dans sa version anglophone, est en effet pour l’amateur de cinéma fantastique sinon un incontournable, tout du moins un long-métrage à découvrir prestement (mais n’allons pas trop vite). Quant aux aficionados de l’oeuvre du grand Jesús ? Ce Dracula n’est rien de moins qu’une pierre angulaire du cinéma de Franco, le point de départ d’une thématique cher au cinéaste, à l’image d’un standard de jazz, maintes fois revu et rejoué par celui qui aimait se donner entre autre comme pseudonyme Clifford Brown (2).

Les années 1968-1969 furent un véritable tournant dans la production cinématographique de Franco. L’espagnol tourne à moindre coût autant de long-métrages que possible, huit films sortirent ainsi durant l’année érotique. Autant de films et autant de rencontres qui permettent également au cinéaste de se créer très rapidement un cercle d’acteurs complices, qu’on retrouve ainsi dans bon nombres de long-métrages durant la prochaine décennie à l’image de Paul Muller et de bien sûr sa muse, la future poupée psychédélique, Soledad Miranda. De même, réputé et reconnu comme l’incarnation même du "prince des ténèbres" dans l’imagerie populaire, Christopher Lee a finalement dû attendre de croiser la route du réalisateur du Sang de Fu Manchu (1968), qui fut sa première collaboration avec Jesús, pour incarner (enfin) à sa demande un comte Dracula fidèle au roman de Stocker (3).

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Du fait des moyens mises à sa disposition, Franco livre une version globalement proche mais néanmoins épurée du comte Dracula ; le maître vampire apparaît davantage comme un être surnaturel rajeunissant au rythme de ses conquêtes anémiées. De plus, par souci de simplification, certains rapports entre les personnages se veulent plus directs : le Dr. Seward (Paul Muller) officie dans la clinique du Prof. Van Helsing (Herbert Lom), et la jeune Lucy Westenra (Soledad Miranda) ne connait qu’un seul prétendant : Quincey Morris (Jack Taylor) ; Arthur Holmwood, son fiancé du roman originel, a volontairement disparu. Si quelques plans évoquent les précédents films de la Hammer, le réalisateur espagnol s’en éloigne néanmoins pour offrir une variation intéressante voire annonciatrice ; limitées et paradoxalement "aidées" par cette production low-cost, Les nuits annoncent en effet la prochaine relecture contemplative de Werner Herzog, Nosferatu, fantôme de la nuit (1979), celle où Klaus Kinski reprit le rôle culte de Max Schreck. Un Kinski qui chez Franco, après avoir interprété dans Justine de Sade le fameux le Marquis en 1969, joue ici l’aliéné catatonique Renfield. Car contrairement aux attentes, l’allemand propose lui-aussi une autre alternative opposée à la transe habituellement psychotique et pathétique du personnage, pour un rendu bien plus dérangeant et inquiétant.

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Le film n’est évidemment pas exempt de reproche, ses faibles moyens et une second partie moins tendue jouent en sa défaveur. D’autres détails pourront à l’occasion faire sourire le spectateur, une végétation méditerranéenne faisant office d’environnement londonien, des bergers allemands en guise de loups et même une chauve-souris en plastique tenue par un fil en guise de clin d’oeil (?) aux antiques films d’horreur des années 30. L’interprétation de Lee ne restera pas également non plus dans les annales, l’interprète mythique du célèbre vampire se retrouve quelques peu éclipsé par un Prof. Van Helsing joué par un Herbert Lom (4) des plus convaincants, loin du cabotinage d’un Anthony Hopkins... Monté pour la petite histoire par le débutant Bruno Virus Cannibal Mattei et supporté par l’angoissante musique de Bruno Nicolai (5), ces Nuits de Dracula méritent amplement une nouvelle mise en lumière. Jesús Franco solde ses comptes de manière probante avant d’entamer l’année suivante sa vision personnelle et féministe du vampirisme moderne : Vampyros Lesbos .

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(1) Le titre anglais du film s’autoproclamant implicitement de la sorte : Bram Stocker’s Dracula .

(2) Nom d’un jeune trompettiste américain mort précocement en 1956 et futur ex-grand du hard bop mort à presque 26 ans.

(3) Parmi les nombreuses adaptations produites par la Hammer, seule la première de 1958 Le cauchemar de Dracula (Horror of Dracula) avec Lee est celle qui se rapproche le plus du roman originel.

(4) Plus connu en France parmi les initiés comme étant l’interprète du docteur Weizak du Dead Zone (1983) de David Cronenberg.

(5) Rencontré pour la première fois chez Franco en 1969 (tout comme Herbert Lom) dans L’amour dans les prisons des femmes (99 Women), et aussi compositeur du culte Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé (1972) de Sergio Martino.



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