Under The Skin
Laura est en apparence une charmante jeune femme... mais en réalité, sous sa peau humaine se cache une extra-terrestre chargée d’une mission simple : séduire des hommes pour les ramener chez elle où ils seront dépouillés de leur peau, qui servira à dissimuler d’autres extra-terrestres. Apparemment dénuée d’émotions, Laura accomplit sa mission à la perfection, jusqu’au moment où elle rencontre un jeune homme atteint d’une grave malformation du visage, qu’elle laisse finalement s’échapper, avant de s’enfuir à son tour. Recherchée par ses congénères, Laura quitte la ville...
Si vous êtes fan de la Scarlett Johansson des Avengers ou de Lucy, vous risquez d’être surpris par ce film, qui est presque le négatif de ce qui aurait pu être un blockbuster !
Dans un blockbuster, vous auriez eu une musique symphonique, des effets spéciaux spectaculaires, une enquêtes sur de mystérieuses disparitions, un jeune premier dont Laura serait tombée amoureuse et une longue lutte des deux héros, avec de nombreuses scènes d’action, pour faire échouer cette ignoble et terrifiante invasion exttra-terrestre...
Mais dans le film de Jonathan Glazer, c’est très exactement l’inverse. Il n’est jamais, pas une seule fois, question d’invasion ou d’extra-terrestre (même si c’est bien de cela qu’il s’agit !). Personne n’enquête sur les disparitions des hommes séduits par Laura. Il n’y a aucune scène d’action digne de ce nom. Les rares effets spéciaux sont d’une rare sobriété et la musique, signée Mica Levi, est une sorte d’electro-pop aux influences indiennes qui rappelle par moments la musique contemporaine...
Under The Skin a donc de quoi dérouter les amateurs de SF, qui pourront qualifier le film de décevant, de prétentieux, d’ennuyeux, d’incompréhensible... Et il est vrai que le film est lent, qu’il est en tous points minimaliste, que le réalisateur abuse de plans fixes souvent assez longs, que la "musique", souvent composée de sons stridents ou grinçants et discordants, est souvent agaçante, et que le film fait appel à l’imagination et à l’interprétation du spectateur pour lui donner un sens, à supposer qu’il en ait un...
Mais à l’inverse, Under The Skin peut s’avérer assez fascinant, hypnotique même, car on peut passer la plus grande partie du film à se demander à quoi le réalisateur veut en venir et où il veut nous emmener. Visuellement, le film est parfois surprenant, notamment avec ces scènes dans lesquelles Scarlett Johansson, entièrement nue (mais cela n’a rien d’érotique), attire ses victimes dans son piège. Et l’arrivée du personnage interprèté par l’acteur Adam Pearson, atteint de neurofibromatose, qui constitue le principal tournant du film, est tout aussi inattendue ert surprenante.
Même la fin est surprenante. Mais là, on pouvait s’attendre à mieux, à une issue qui donne une véritable signification au film. Malheureusement, ce n’est pas le cas... On retiendra donc que cette extra-terrestre aura finalement éprouvé des émotions, qu’elle aura tenté de vivre quelques expériences humaines, qu’elle aura échoué et qu’elle en sera morte, rien de plus. On retiendra quelques images fortes, voire très fortes (la scène avec le bébé, au bord de l’eau), mais on pourra regretter que tout cela soit un peu vain. En cela, Under The Skin rappelle un peu le film de Nicolas Roeg, L’ Homme Qui Venait D’Ailleurs, sur un thème assez proche (mais dont le scénario comportait moins d’invraisemblances que celui d’Under The Skin).
Comme beaucoup de films récoltant de nombreuses (et souvent obscures) nomination, sélections et récompenses, Under The Skin ne remportera pas un grand succès auprès du grand public... Le réalisateur ayant pris le parti de faire strictement l’inverse de ce qui aurait pu lui amener le succès, il a eu ce qu’il méritait ! Mais il faut avouer qu’à défaut d’être totalement réussi, Under The Sking a aussi le mérite d’être différent. C’est déjà ça...
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