Light Of My Life
Une épidémie mondiale a éliminé quasiment toutes les femmes de la planète. Dans un monde désormais peuplé uniquement d’hommes, un père tente de survivre avec sa fille, née très peu de temps avant la mort de sa mère, en la faisant passer pour un garçon. Errant sur les routes, ils finissent par trouver refuge dans une maison abandonnée. Mais peu de temps après être allés en ville, des hommes tentent de s’en prendre à eux, les obligeant à s’enfuir. Le père décide alors de tenter de rejoindre la maison de ses grands-parents, où il a passé une partie de sa jeunesse, située dans une zone de montagne, en espérant pouvoir enfin se poser et élever sa fille en toute tranquillité...
Après Frank Herbert et sa Mort Blanche, après Stephen King et son Sleeping Beauties, voilà Casey Affleck avec Light Of My Life. C’est à croire qu’il y a aujourd’hui (en tout cas aux Etats Unis) une sorte de fantasme masculin pour un monde sans femmes. Il y aurait de quoi mener une réflexion philosophique ou sociologique sur la question ! D’autant qu’on n’ a pas eu l’équivalent, imaginant un monde de femmes sans hommes (sans doute parce qu’il n’y aurait pas grand chose à en dire, sans la violence des hommes)...
Sur un scénario de Casey Affleck, réalisé par Casey Affleck et avec dans le rôle principal... Casey Affleck, Light Of My Life est donc le film très personnel d’une personnalité hollywoodienne, à la fois acteur, réalisateur, scénariste, producteur, monteur, qui " a la carte"... peut-être même plus que son frère Ben, qu’on a sans doute retrouvé dans des blockbusters un peu trop souvent au goût des élites intellectuelles du cinéma américain.
Cela explique peut-être l’accueil plutôt favorable qui a été fait à ce film par la critique, aux Etats Unis comme en France (où on n’est jamais les derniers à privilégier une forme de cinéma intimiste par rapport à des productions plus "mainstream"...).
Quoi qu’il en soit, le film de Casey Affleck n’est pas désagréable à suivre. La (très) longue discussion entre le père et sa fille allongés sur un lit, qui ouvre le film, donne le ton : pas question ici de se presser, de céder au formatage des blockbusters de SF post apocalyptique. Et la suite est du même tonneau. Le principal fait d’armes du "héros" du film consiste à voler une voiture à son jeune propriétaire un peu trop sympathique et presque consentant. Et le reste du temps, il le passe à fuir...
Cela dit, il faut le comprendre et le film est très clair, et sans doute très réaliste là dessus : le père est aussi angoissé à l’idée de disparaître et de laisser sa fille livrée à elle-même , que sa fille à l’idée de perdre son père et de se retrouver seule, dans ce monde en voie d’effondrement. De ce point de vue-là, le film de Casey Affleck est sans doute hyper-réaliste. Car dans le monde sans femmes qu’il a imaginé, la vie semble continuer. Il y a toujours des villes, des voitures, des gens qui travaillent, mais on devine que cette vie en apparence paisible pourrait vite basculer dans une violence insensée à la moindre vue d’une femme... d’où l’extrême prudence du père (et on le comprend), qui tente désespérément de protéger sa fille, qui est sur le point de devenir une femme, de la menace d’hommes privés de toute présence féminine depuis plus de 10 ans.
De ce point de vue là, le scénario s’avère assez pertinent. Mais pour en arriver où ? A défaut de nous proposer de l’action, le film devrait nous proposer un message, donner un sens aux deux heures que dure ... Mais avec sa fin qui n’en est pas une, le film ne nous aura offert qu’une tranche de vie dans un monde post-apocalyptique. Et qu’on ne vienne pas nous dire qu’il est question d’aborder des questions contemporaines, qu’il s’agisse de pandémie ou de féminisme (cf. Wikipédia, citant un critique)... Il n’y a rien, absolument rien dans le film, pas une seule seconde, qui aborde d’une manière ou d’une autre l’une ou l’autre de ces questions. Il y a eu un virus qui a fait disparaître les femmes, c’est l’idée de base du scénario... et ensuite, plus rien, pas plus sur le virus que sur les femmes, pas l’ombre d’une réflexion ! Bien au contraire, voire un homme un père) veiller sur une femme (sa fille), sans tenir compte de son avis en plus (car en tant que pré-adolescente, elle tente évidemment de se rebeller contre l’autorité parentale, mais sans succès), cela pourrait être considéré comme une apologie du paternalisme...
Quant au jeu des acteurs, il n’y a rien à redire sur la performance de Casey Affleck et la jeune Anna Pniowsky, tous deux très investis dans leurs rôles respectifs. On regrette en revanche que les flashbacks ne mettent pas davantage en valeur l’excellente Elisabeth Moss (devenue célèbre avec la série La Servante Ecarlate), qui ne fait que de très brèves apparitions qui n’apportent rien au film, si ce n’est un peu de mélodrame sans aucune originalité.
Au final, Light Of My Life est donc à classer dans la catégorie des films rapidement oubliables et oubliés. On ne saura jamais si Casey Affleck avait une autre ambition que de mettre en images un scénario qui aurait pu être imaginé par un gamin de 15 ans... Si c’est le cas, alors on ne peut que regretter qu’il soit passé complètement à côté de son sujet.