Les Documents interdits sont diffusés durant une soirée spéciale sur Arte vers la fin des années 90, ces documents sont ensuite édités sous la forme d’un DVD par Cinemalta en 2007.

Chacun des douze documents contient environ cinq à dix minutes d’images souvent détériorées, tremblantes, floues, montrant des lieux inconnus et des personnes anodines qui vont être subitement confrontés (et donc filmés par hasard) à un événement mystérieux ou extraordinaire.

Les Documents interdits sont éprouvants à regarder tant la tension est grandissante à mesure que les documents défilent sous nos yeux. Dix ans avant Le Projet Blair Witch, et comme dans le film, aucune explication n’est donnée durant la diffusion en continue des images. La voix-off française, qui traduit et recouvre elle-même le commentaire original du document, ne donne aucune explication. Certains lieux ou noms des personnes montrés sur les images sont censurés, ce qui accentue l’authenticité de ce que l’on nous montre, et ne permet pas au spectateur de s’identifier à ce qu’il voit. Seule la voix-off au ton neutre et impersonnel annonce au spectateur l’événement à venir. Elle demande d’ailleurs régulièrement au spectateur d’être bien attentif à ce qui va se passer.

Tout comme Le Projet Blair Witch, mais aussi dans l’éprouvant Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, les Documents interdits suggèrent, plutôt qu’il ne montre, une atmosphère paranoïaque et instaure une ambiance angoissante. Un climat d’inquiétude et de peur est définitivement installé à la vison de toutes ces images et du commentaire. Le spectateur ne peut s’empêcher de se demander : " Il y a forcément quelque chose dans ces images qui n’est pas normal mais quoi ? » La voix-off l’annonce constamment et le spectateur se surprend alors à chercher, scruter minutieusement chaque image mal cadrée et plus ou moins floue une par une dans l’espoir « fébrile » de découvrir un indice prouvant l’extraordinaire annoncé (promis ?).

Tandis que Le Projet Blair Witch ne cache pas sa fonction principale : celle du film de divertissement, mais dans une nouvelle approche esthétique, les Documents interdits de Jean-Teddy Filippe ont pour but de montrer (dénoncer) l’influence grandissante des images diffusées sur n’importe quel support : Télévision, Internet, téléphone portable, et les différentes réactions et comportements qu’elles peuvent provoquer.