Quand la télé-réalité dépasse la Science Fiction ...
Déjà, au mois de mai, un candidat à la version bulgare de Survivor avait trouvé la mort, victime d’une crise cardiaque (et de la connerie humaine, accessoirement)... et voilà qu’un participant à une émission de télé-réalité pakistanaise se noie devant les caméras en tentant de traverser le lac de Bangkok avec un sac à dos de 7 kg (c’est tellement plus drôle ainsi...). Mais ne vous inquiétez pas : vous verrez qu’à la longue, on finira par s’y habituer.
Ca ne date pas d’aujourd’hui que la SF tente de nous prévenir des dérives du sport-spectacle et de la télé-réalité. Rappelez-vous Rollerball en 1975 (il y a eu un remake en 2002), ce sport extrême dans lequel tous les coups étaient permis entre deux équipes de joueur montés sur rollers, sous les "yeux" des caméras... Et la même année, c’était dans le cadre d’un jeu de télé-réalité que se déroulait la fameuse Course à la Mort de l’An 2000, dans laquelle les pilotes pouvaient améliorer leurs scores en renversant des piétons !
Rappelez-vous Le Prix du Danger d’Yves Boisset en 1983, inspiré d’une nouvelle de Robert Sheckley (qui, pour une fois, avait oublié son humour) dans lequel Gérard Lanvin devait, l’espace d’une émission durant 24 heures, échapper à une équipe de tueurs lancés à ses trousses...
Copie à peine déguisée, Running Man, l’adaptation d’un roman de Stephen King (pas le meilleur qu’il aie écrit...) reprenait en 1987 exactement la même idée avec Schwarzenegger à la place de Gérard Lanvin.
En 1998, Peter Weir imaginait même que l’on pourrait aller jusqu’à manipuler un homme depuis sa naissance pour faire de sa vie, à son insu, un spectacle télévisuel dans The Truman Show.
En 2000, le fameux Battle Royale dénonçait lui aussi (même si ce n’était pas nécessairement le thème de ce film beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît) les dangers de la télé-réalité au travers d’un "jeu" dans lequel les 44 élèves d’une classe d’école devaient s’entre-tuer.
En 2002, le méconnu My Little Eye montrait à quelles extrémités pourraient arriver 5 jeunes enfermés 6 mois dans une maison truffée de caméras et de micros pour les besoins d’une émission de télé-réalité ...
Et en 2008, c’était à nouveau pour la télévision que des détenus s’affrontaient dans une course automobile particulièrement violente, dans Deathrace de Paul Anderson (le remake de la Course à la Mort de l’An 2000).
J’en oublie certainement ... mais on ne pourra pas dire qu’on n’était pas prévenus ! La mort, c’est l’enjeu ultime, bien plus excitant encore que des millions d’euros... Bien entendu, on se disait que ce n’était "que" de la SF, que cela ne se produirait jamais, qu’on n’irait jamais jusqu’à de tels excès. Et pourtant, ça y est, c’est en train de se produire, ici et maintenant. Sous les yeux complaisants de la ménagère de moins de 50 ans, sous les miens, sous les votres...
Faut-il attendre qu’un participant en assassine un autre en direct ? Qu’un ancien candidat déprimé de ne plus être sous les feux de la rampe se suicide ? Qu’on apprenne un jour qu’un "accident" mortel, tel que celui annoncé aujourd’hui en Thaïlande, était en fait programmé par la production pour doper l’audimat ?
Alors plutôt que de cautionner ces émissions abrutissantes, avilissantes et désormais meurtrières, utilisons donc nos zapettes intelligemment, pour changer !
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