Nosferatu, Fantôme de la Nuit

Un Dracula germano-français avec Klaus Kinski et Isabelle Adjani, réalisé par Werner Herzog, c’était une belle affiche. L’idée d’un remake du fameux Nosferatu de Murnau (1922) était intéressante aussi, même si, dans les grandes lignes, on retrouve dans le film d’Herzog l’essentiel du roman de Bram Stoker. Mais cela ne suffit pas pour réussir un film fantastique que les choix du réalisateurs finissent par rendre soporifique.
Jonathan Harker est un jeune clerc de Wismar qui est envoyé dans les carpates négocier une opération immobilière avec un client du nom de Dracula... Il finit par se rendre compte qu’il est un vampire et s’enfuit. Pendant ce temps, Dracula prend le bâteau pour Wismar. Il emporte avec lui des cercueils dans lesquels se trouvent des rats, qui transmettront la peste ...
On a l’impression que Werner Herzog s’est un peu mélangé les pinceaux avec ce Nosferatu, entre hommage à Murnau et emprunts à Bram Stoker. Le choix du titre du film, Nosferatu (ce que Murnau avait fait pour une sombre histoire de droits d’auteurs), en est une bonne illustration, alors que le personnage du vampire est bien le comte Dracula (on retrouve d’ailleurs les noms bien connus du roman de Bram Stoker, de Jonathan Harker au docteur Van Helsing, en passant par Renfield) !
Ensuite, on aurait aimé comprendre les motivations de Dracula pour répandre la peste... On imagine qu’il s’agit pour lui d’une sorte de camouflage, que ses victimes passeront facilement inaperçues au beau milieu d’une épidémie... mais on ne comprend guère plus qu’il ait pris le risque de quitter son château pour venir à Wismar, même si Isabelle Adjani fait une victime très tentante ... Le roman était de ce point de vue là beaucoup plus crédible, Dracula ayant pratiquement planifié une invasion de Londres par les vampires !
Et que dire de la réalisation, de ces scènes inutilement interminables (le "trek" en montagne de Jonathan Harker pour rejoindre Dracula), de ces plans longs et lents (l’arrivée du bateau), de cette bande son insupportable (du groupe Popol Vuh, qu’on retrouve sur la plupart des films de Werner Herzog), de la dimension horrifique totalement absente ?
Que dire aussi de cette fin, qui nous montre un Dracula stupide au point de se faire bêtement piéger par la lumière du jour, rien que pour les beaux yeux d’Adjani ? S’agit-il bien du fameux Vlad l’Empaleur, âgé de plusieurs siècles ? Décidément, c’est moche de vieillir...
Que reste-t-il de ce film aujourd’hui ? L’interprétation géniale de Kinski, la beauté d’Adjani (qui elle, en revanche, n’est guère inspirée et surjoue en permanence comme si elle était dans un muet), une ou deux scènes assez glauques illustrant l’épidémie de peste, les décors assez charmants de cette ville de Wismar, quelques beaux paysages et un apport intéressant au mythe du vampire, qui apparaît ici comme une créature solitaire et parfois pathétique ...
Malheureusement, tout ceci ne représente que quelques minutes du film, tout le reste étirant inutilement en longueur un film qui pourtant, ne dure que 107 minutes et s’arrête bien avant la fin du roman ! On attend plus et mieux d’un réalisateur comme qu’Herzog, lorsqu’il s’attaque à un mythe et un classique tel que Dracula. Coppola avait su faire preuve d’humilité dans son Dracula en restant presque parfaitement fidèle au roman. Herzog, lui, n’a été fidèle ni au roman, ni au film de Murnau et nous livre un film insipide et prétentieux.
A voir, peut être, par curiosité, pour les passionnés de vampires ...
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