Contagion
Alors qu’un nouveau virus particulièrement redoutable se répand comme une trainée de poudre partout dans le monde, nous suivons le parcours d’un homme dont la femme et le breau-fils sont parmi les premières victimes de la maladie, d’un haut fonctionnaire et d’une chercheuse d’une agence gouvernementale chargée de la lutte contre les épidémies, d’un blogger adepte de la théorie du complot, d’une épidémiologiste de l’OMS...
A la base, l’idée d’une épidémie provoquée par un nouveau virus, provoquant une maladie particulièrement contagieuse avec un fort taux de mortalité et une courte période d’incubation (la pire des combinaisons possibles), n’a pas grand chose de nouveau. On n’ est d’ailleurs peut être pas passés loin d’un scénario de ce type avec le SRAS et la grippe A H1N1... Mais au cinéma, c’est surtout l’excellent Alerte ! de Wolfgang Petersen qui, déjà, nous avait donné quelques frissons avec sa fièvre hémorragique.
Mais là où le film de Wolfgang Petersen nous proposait une épidémie rapidement circonscrite à une ville américaine et s’intéressait à une poignée de personnages qui étaient les "héros" menant une course contre la montre avec l’armée américaine sur le point de raser la ville de la carte pour éradiquer le virus, celui de Steven Soderbergh s’intéresse davantage aux conséquences sociales de l’épidémie.
Ne cherchez pas le moindre "héros", ni même un personnage principal dans Contagion : il n’y en a pas. Le personnage principal, c’est le virus ! Et le fil conducteur du film, c’est la recherche de l’origine de l’épidémie... que vous ne connaîtrez qu’à la fin ! Mais cela n’a pas empêché Soderbergh de constituer un casting comme on en a rarement vu ces dernières années : Matt Damon, Gwyneth, Jude Law, Kate Winslet, Laurence Fishburne, Marion Cotillard... des stars vu(e)s récemment dans (liste loin d’être exhaustive) L’Agence, Iron Man, Sherlock Holmes, Matrix et Inception !
Il n’ y a même pas de bons ou de méchants, tout au plus certains personnages plus sympathiques ou plus antipathiques que d’autres... Car Soderbergh, réalisateur volontiers engagé, s’intéresse davantage aux causes et aux conséquences de l’épidémie. Les causes (sans entrer dans le détail pour ne pas trop révéler) ne sont pas le fait d’invidus, mais plutôt d’un système. Quant aux conséquences, ce sont elles qui, dans le film, donnent véritablement froid dans le dos. Cela va du couple de jeunes amoureux qui ne peuvent plus se toucher jusqu’à une prise d’otage par un groupe de villageois du fin fond de l’Asie qui ont peur d’être "oubliés" le jour où on aura trouvé un traitement, en passant par les inévitables pillages et mouvements d’hystérie face aux différentes pénuries, l’arnaque assez lamentable d’un individu qui profite de l’épidémie pour faire fortune en lassant une rumeur sur un faux traitement, sans oublier les courses au supermarché, qui deviennent une véritable aventure !
Mais est-ce qu’on y croit ? S’attache-t-on à ces personnages ? La réponse est oui, sans aucun doute et on peut en profiter pour tirer un coup de chapeau au scénariste du film, qui fait preuve d’un brio impressionnant* ! Le seul point faible du film est peut être une fin un peu trop longue. En même temps, c’est assez logique : une fois l’épidémie enrayée (ah zut, je l’ai dit !), il faut prendre congés avec chacun des personnages du film et ils sont nombreux... Mais les dernières images valent largement la peine de faire preuve d’un peu de patience !
* Pour les amateurs de technique scénaristique, Contagion est un film choral (qui n’est pas le genre le plus facile quand il s’agit de réaliser un thriller), qui offre en outre un superbe exemple d’épanadiplose (je vous laisse chercher la signification de ce terme sur wiki..) !