Et L’Homme Créa la Femme (The Stepford Wives)
Joanna Eberhart est une célèbre animatrice de télévision qui ne vit que pour son travail. Et le jour où elle le perd, elle s’aperçoit que son mari est sur le point de la quitter. Pour tenter de sauver les meubles, ils décident de quitter New York et de s’installer à Stepford, une banlieue résidentielle haut de gamme. Ils vont tenter de s’intégrer aux habitants, qui ont un style de vie qui rappelle étrangement les années 50 ...
A Stepford, les femmes font la cuisine, le ménage, les courses. Elles élèvent les enfants, sortent le chien et tondent le gazon. Et les hommes ? Ils se réunissent entre eux dans un club qui leur est réservé. Et lorsqu’ils rentrent à la maison, ils n’ont qu’à claquer des doigts pour que leur charmante épouse leur apportent un verre de whisky !
Et c’est vrai qu’elles sont charmantes, leurs femmes. Il faut dire qu’elles ne pensent qu’à cela. Leurs principaux sujets de conversation, leurs loisirs, ce sont les soins de beauté et les meilleures manières de satisfaire leurs maris... à tous les niveaux.
Evidemment, Joanna a un petit de mal à s’y faire. En revanche Walter, son mari, semble s’adapter beaucoup plus facilement, jusqu’au moment où ils vont décourvrir l’incroyable vérité...
A l’origine, il y a eu un excellent roman d’Ira Levin, Les Femmes de Stepford, véritable thriller versant dans la SF dans les toutes dernières pages. Ensuite, il y a eu en 1975 le film de Bryan Forbes, Les Femmes de Stepford. Fidèle au roman, il maintenait le mystère et un certain suspense jusqu’à la fin.
Frank Oz, lui, a choisi d’orienter ce remake vers la comédie et de révéler très rapidement au spectateur ce que cache Stepford. Il n’y a pas donc pas de raison de ne pas le dire : les femmes de Stepford, ces parfaites ménagères, épouses et amantes, sont en réalité des robots ! Ou presque ...
Pourquoi pas ? Surtout qu’avec le casting de luxe réuni pour ce film, il y avait de quoi réaliser une grande comédie. Rendez-vous compte : Nicole Kidman, Matthew Broderick, Bette Midler, Christopher Walken, Glenn Close et Jon Lovitz ! Quant aux décors de cette étonnante banlieue, aussi léchés que ceux des fameuses Desperate Housewives, ils donnent aux films une ambiance assez particulière.
Malheureusement ... Nicole Kidman grimace dans le vide, Matthew Broderick semble un peu perdu et Christopher Walker n’effraie personne. Bette Midler et Jon Lovitz s’en sortent un peu mieux, mais à peine. La seule qui sort du lot et éclabousse tous les autres de son talent, c’est Glenn Close. Mais ça ne suffit pas à sauver le film du naufrage.
On a connu Fran Oz mieux inspiré. Le réalisateur de Dark Crystal, La Petite Boutique des Horreurs et L’Indien du Placard (également célèbre aux états unis pour avoir été la voix de certains des plus célèbres Muppets, ainsi que celle de Yoda !) s’égare ici dans un comique qui vire malheureusement trop souvent au grotesque, dans des scènes beaucoup trop exagérées, trop caricaturales.
C’est d’autant plus dommage que le sujet aurait pu se prêter à la comédie, avec en outre une réflexion sur les rôles et les places respectifs des femmes et des hommes dans la société et la cellule familiale américaine... mais il n’y a pas pire que l’humour qui tombe à plat pour désamorcer les meilleures intentions. Résultat, le film ne fait ni rire, ni même sourire, ni réfléchir, pas plus qu’il ne fait peur ou intrigue le spectateur, Frank Oz ayant choisi de presque tout nous révéler dès le début !
Et comble du ridicule, histoire sans doute de se mettre au goût (plutôt douteux) du jour, dans un mélange (lui aussi douteux) de politiquement correct et de respect de quotas issus du marketing, il a jugé utile de rajouter au scénario l’histoire d’un couple gay, dont la "femme" va elle aussi se retrouver "robotisée". Pitoyable ...