Le Maître des Rêves
Le Maître des Rêves, c’est presque un univers à la Philip K. Dick, avec des autoroutes planétaires et des voitures pilotées automatiquement, des chiens mutants chrirugicalement modifiés et une réalité manipulée qui se retourne parfois contre ses manipulateurs... un univers en apparence plutôt agréable, mais qui se révèle peu à peu inquiétant, et finalement assez proche du notre !
Charles Render est un psychiatre du futur : il est un des très rares neuroparticipants, habilité à se brancher directement sur le cerveau de ses patients pour prendre le contrôle de leur rêves, afin de les guérir de leurs névroses.
Mais être Façonneur n’est pas sans danger, car cela peut fonctionner dans l’autre sens ...
Surtout quand la patiente, Eileen Shallot, est elle-même une psychiatre qui souhaite devenir Façonneur et qui est ... aveugle de naissance.
Comment façonner les rêves des autres quand on n’a jamais vu ? Réticent au début, Render finit par se laisses convaincre par sa jeune collègue. Il entreprend donc de lui montrer, en rêves, tout ce qu’elle n’a jamais pu voir. Ensuite, elle pourra à son tour devenir Façoneur. Mais EIleen, pour réussir à devenir psychiatre en dépit de son handicap, s’est forgé une volonté de fer. Et l’expérience de la vue la déstabilise. Render parviendra-t-il à la maîtriser et à garder le contrôle des rêves qu’il lui façonne ? Et dans le cas contraire ... ?
Comme souvent, avec Zelazny, le héros de son roman possède un pouvoir singulier. En rêve, il est un quasi-dieu. D’ailleurs, on retrouve (mais à la fin du roman seulement) les thèmes mythologiques qui lui sont chers, cette fois au travers de figures issues du judaïsme.
On trouve aussi dans ce Maître des Rêves des prémisses des Neuf Princes d’Ambre, tant la manière de construire les rêves s’avère semblable au voyage entre les mondes (ou les dimensions) dont Corwin et ses frêres sont capables.
Le Maître des Rêves est donc un court roman (il s’agissait d’ailleurs initialement d’une nouvelle qui a été ultérieurement développée par Zelazny), facile et agréable à lire, plein d’idées et tout à fait fidèle à l’oeuvre de l’écrivain.
Cela ferait sans doute un bon film ...
Petit détail assez effrayant : Render (Zelazny) ne se fait aucune illusion quant à l’utilisation de son appareil de neuroparticipation qui, il le sait, finira par être récupéré par les industries du divertissement et du sexe ... Belle lucidite !