L’abîme des morts-vivants -- Votre note ?


L’abîme des morts-vivants

A.M. Frank (aka Jess Franco)
vendredi 18 novembre 2011
par dr frankNfurter
popularité : 11%

L’histoire nous avait appris que pour une querelle (d’argent ?) avec Eurociné, le réalisateur espagnol Jesús Franco n’avait pas mis en scène le désormais culte et fameux Lac des morts-vivants . Cédant le temps d’un film sa place à un dénommé et mystérieux J.A Lazer (aka notre Jean Rollin national), l’amateur de friandises miteuses sur pelloches fut néanmoins à l’époque (et encore aujourd’hui) rassuré d’apprendre les réconciliations entre le cinéaste ibérique et ses mécènes français, la famille Lesoeur. Leur nouvelle production au titre flirtant bon l’effroi dans sa version francophone : L’abîme des morts-vivants , aura néanmoins marqué davantage l’inconscient collectif international avec un titre anglophone avant-gardiste osant mêler génialement l’horreur et l’exotisme le plus échevelé : Oasis of the zombies (ou Living-Dead au choix... (1)).

1943, en pleine seconde Guerre Mondiale, un commando allemand transportant un chargement de 6 milliards or en plein désert saharien est intercepté par les alliés dans une oasis. De cette bataille d’une rare violence, un seul homme survit, le capitaine Blabert (Javier Maiza). Cet officier de la couronne britannique est très rapidement recueilli par l’une de ses anciennes connaissances, le cheikh local (Antonio Mayans) régnant sur cette contrée aussi belle qu’hostile. Soigné, Blabert profite comme il se doit de l’hospitalité des hommes du désert en tombant amoureux (et plus si affinités) d’Aisha, la fille du cheikh. Puis la guerre enfin terminée, Blalbert rejoint finalement celle qui lui a donné son coeur et par extension sa vie... car Aisha est morte en couche, laissant seul et désemparé son père, le cheikh et désormais captain Blabert.

Abime des morts vivants IMG/flv/LAbimeDesMortsVivants.flv

Les années passent, et le capitaine rencontre Kurt (Henri Lambert), ancien chef du commando nazi : "c’était les meilleurs de mes hommes, des tueurs parfaits". Il lui propose de retrouver ce trésor de guerre à jamais perdu, Blabert étant le seul à connaitre l’emplacement de cette oasis. Mais une fois révélé le lieu, prêtant peu d’attention à la légende "qui veut que les morts défendent sauvagement le trésor que vous leur avez confié", Kurt tue Blabert, bien décidé à ne pas partager les 6 milliards qui se cachent en plein désert.

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A Londres, Robert Blabert (Manuel Gélin), le fils du capitaine, apprend par lettre : la mort de son père, le secret entourant ses origines et l’existence du dit trésor. Plus intéressé par l’or qu’à faire la rencontre de son aïeul, celui-ci décide avec ses amis de rejoindre le Sahara et cette oasis synonyme de richesse... ignorant les dangers et l’horreur qui règnent en ce lieu maudiiiiit car comme l’évoquera plus tard papy cheikh : "il se peut que cette oasis soit ton destin, Robert !" (2).

Réalisé une année après le maudit Lac (3), Eurociné continue donc de surfer sur la très ciblée mode de la "zombie nazixpoitation" (4) avec cette fois-ci une pointe d’exotisme en quittant premièrement notre franchouillarde campagne ("Promizoulin !!!!") pour l’Afrique du Nord, puis en remettant donc le couvert de la malédiction (cette fois-ci) en milieu aride. L’amateur aura ainsi le plaisir de constater que le cahier des charges, s’il diffère quelque peu du fait des impératifs géographiques, reprend globalement le même prétexte, des soldats vert de gris massacrés revenus d’entre les morts semant la terreur et la mort... avec un détail néanmoins, le même prétexte mais également les mêmes moyens financiers que le précédent long-métrage !

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Passé une introduction où la science de l’effroi du cinéaste espagnol glacera le sang de l’imprudent espérant débusquer naïvement en préambule une scène lesbienne, une analyse pointue de la situation indiquera malheureusement que ce simili spin-off offre peu d’érotisme, et un quota de poitrine dénudée bien inférieur à la moyenne contrairement à son cousin promizoulinien. Choix qui surprend d’autant plus tant le réalisateur et ses producteurs étaient loin d’être réputés pour être des prudes. Doit-on dès lors nourrir une certaine frustration si vous ajoutez à cet abîme la présence et le talent sous-exploité de l’actrice France Lomay, connue pour ses rôles mémorables (?) dans Body-body à Bangkok (5), Pénétrez-moi par le petit trou et autre Grande mouille (pouf pouf...). En d’autres mots, ne pas s’attendre à une pelletée de donzelles venues se faire boulotter par une poignée de zombies desséchés... cela dit le contraire aurait été finalement étonnant l’action se situant en plein désert.

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Le scénario débridé (?) signé Franco, pardon A.L. Mariaux, est scindé en deux parties de 40 minutes chacune, la première autour des exploits sentimentalo-guerrier et de la chute de Blabert senior, puis la suivante autour du rejeton, interprété faut-il le rappeler par le charismatico-anémié Manuel Gélin, et de ses vacances au Maghreb. Autre détail amusant à propos des points communs entre les lac et oasis maudits, la propension qu’à Eurociné à se déjouer des éléments temporels, la seconde partie devrait en effet se dérouler durant les 60’s, or rien n’est fait pour dissuader le spectateur que l’action se passe bien dans les 80’s ! Plus ce talent pour dégoter des bruitages incongrus... tout droit sortis du Lac des morts-vivants (on n’en sort pas décidément...).

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A l’heure du bilan, cet Abîme des morts-vivants est loin d’atteindre les objectifs que le spectateur déviant s’était plus ou moins fixé avant de s’engager dans cette aventure sableuse, alléché il est vrai par la présence du duo prometteur Franco/Eurociné. Certes, les éléments nanarophiles tels que les maquillages cheapo-roots, l’interprétation et le casting, les faux raccords (6) et la lenteur cache misère pourront combler les admirateurs du genre, mais la frustration est de mise tant le potentiel zombie est faiblement exploité, les morts-vivants se comportant plus comme des cannibales que des zombies au passage (7)... en attendant à l’occasion pour le préposé docteur de tomber sur la version espagnole La tumba de los muertos vivientes avec Lina Romay et Jesus Franco dans le rôle d’un mort-vivant !

Et pour clore cette chronique, laissons le sage cheikh et son petit-fils Robert conclure cette quête initiatique : - As-tu trouvé ce que tu cherchais ? - J’me suis retrouvé moi-même...

RIDEAU !

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(1) Film connu également sous d’autres patronymes tous plus évocateurs les uns que les autres : The Treasure of the Living Dead , Le trésor des morts-vivants et the last but not the least : Bloodsucking Nazi Zombies  !!!

(2) Car l’autochtone aime user de phrases énigmatiques tel que : "Il a rencontré la mort qui marche, [...], il faut brûler les corps des hommes maudits, ils avaient rencontré les sentinelles du grand secret, il le garde après la mort".

(3) Deux versions du film existent, celle-ci de 1981 puis une version longue espagnole de 1983 avec Lina Romay !!! (si on en croit IMDb)

(4) Sous-sous genre qui a l’avantage d’être tout de même plus ringard et bon enfant que la dite nazixploitation...

(5) Les deux films se partageant au passage le même directeur de la photographie... Max Monteillet qu’on retrouve également dans le Lac des morts-vivants , la boucle est bouclée !

(6) Dans le Lac , il s’agissait en particulier des saisons hiver/été qui cohabitaient le temps deux plans successifs ; cette fois-ci la frontière entre le jour et la nuit laisse de nouveau perplexe... un hommage au génie d’Ed Wood et à ses montages à l’arrache ?

(7) Une des raisons étant que Franco était ouvertement peu réceptif à ce genre... une fois qu’on a goûté à la thématique vampiro-lesbienne, difficile de se passionner pour autre chose, foi de docteur !



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