Ghosts of Mars
Mars est en voie d’être terraformée. Mais d’étranges événements se produisent : les colons terriens se font massacrer et son retrouvés atrocement mutilés, comme va le découvrir la lieutenante Ballard, venue transférer James "Desolation" Williams, un dangereux criminel retenu prisonnier dans la cité minière de Shining Canyon...
Ce n’est pas la première fois que John Carpenter réalisé un film à petit budget, loin de de là ... Invasion Los Angeles, avec des acteurs inconnus et insignifiants, fut même un de ses plus subversifs et réussis ! Dans Ghosts of Mars, au moins, il est parvenu à embaucher Natasha Henstridge ( célèbre pour son rôle d’Eve dans la saga de La Mutante) ; la rappeur / acteur Ice Cube et même Jason Statham (encore à ses débuts) ainsi que Pam Grier (que le réalisateur avait déjà dirigée dans Los Angeles 2013), Johanna Cassidy (Zhora dans Blade Runner) et Clea DuVall (déjà vue à l’époque dans The Faculty et Intrusion) !
Tout ce beau monde pour pas grand chose, hélas ...
On aimerait pouvoir dire que Carpenter a tenté de faire un remake extra-terrestre de son célèbre Assaut, qui était lui-même un remake du fameux Rio Bravo d’Howard Hawks. Car c’est vrai que le scénario du film, nous montrant une petite poignée d’individus, regroupés autour d’un dangereux criminel et assiégés dans une prison est quasiment celui du célèbre western avec John Wayne et Dean Martin, dont le personnage était alcoolique, alors qu’ici c’est la lieutenante Ballard qui est droguée. Et le look vaguement indien des "martiens" va également dans le sens de cette idée d’un remake.
En tant qu’amateurs de cinéma "fauché", on aurait même pu considérer avec bienveillance les décors en carton-pâte, les effets pyrotechniques à deux balles et les cascades et combats pitoyables... si le scénario et la réalisation avaient été à la hauteur.
Mais la très mauvaise surprise de ce film tient malheureusement à cette vérité terriblement décevante : même un réalisateur génial comme Carpenter peut pondre un film médiocre lorsqu’il se retrouve en panne d’inspiration !
Et c’est bien le cas avec ce film, dans lequel Carpenter se tire une première balle dans le pied en cassant en permanence le rythme et de l’action, qui ne se déroule que sous forme de flash-backs (et même parfois de flash-backs à l’intérieur de flash-backs !). Un choix aberrant ... mais qui permet toutefois de se remettre de ces scènes d’action pénibles, horriblement répétitives, accompagnées d’une musique (pourtant signée Carpenter, mais là aussi il a visiblement manqué d’inspiration) à base de guitares heavy metal assourdissantes, sans aucun intérêt. Une scène d’action hard rock... puis retour au présent ... puis nouveau flash-back et on retrouve la même scène d’action (ou à peu près) avec la même musique (ou à peu près)... puis retour au présent ... puis les guitares reprennent ainsi que la baston... et ça dure comme ça pendant 98 minutes !
En plus, on ,ne peut pas dire que ces scènes d’action soient réussies ! Des combats maladroits, des corps qui volent en tous sens (on imagine les nombreux trampolines cachés derrière les décors !), des explosions minables... Ce n’est plus de la série B, mais de la série Z.
On pourrait sourire s’il s’agissait de second degré. Carpenter nous a déjà montré qu’il était tout à fait capable de s’autoparodier avec Los Angeles 2013, dans lequel il reprenait en les caricaturant les éléments qui avaient fait le succès de New York 1997 et parvenait néanmoins à faire passer quelques messages bien sentis. On pourrait apprécier ces têtes qui volent et ces membres qui tombent si cela avait le moindre sens. Mais on a beau chercher, on a beau essayer de trouver une quelconque signification à cette société ayant adopté le matriarcat, à cette ressemblance des martiens avec les indiens d’amérique ... on n’en trouve aucune.
Que reste-t-il du réalisateur qu’on aime dans ce film ? Pas grand chose... une phrase très "carpentérienne", peut être, prononcée par l’héroïne du film : "je coucherais peut être avec vous si vous étiez le dernier homme sur terre ... mais on n’est pas sur terre !". Mais à part ça, il n’y a hélas rien qui puisse sauver Ghosts of Mars. C’est peut être pour cela que Carpenter est ensuite resté absent de nos écrans pendant près de 10 ans...
Et le pire, le pire ... c’est que, contrairement aux aparences, il ne s’agit pas d’un film à petit budget : il a coûté 28 millions de dollars !
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