Nouvelles, théâtre et essais
Il n’est pas évident de donner un avis sur des textes aussi différents que ceux qui composent ce recueil... qui n’est donc pas un recueil de nouvelles, puisqu’il contient également une (courte) pièce de théâtre en trois actes et un essai sur le thème Ô combien passionnant des séries américaines. Et même dans les nouvelles, qui sont au nombre de dix si j’ai bien compté, on trouve un texte plutôt humoristique, une intrigue policière, une histoire d’amour, deux autres récits inclassables et cinq nouvelles de SF ou d’anticipation ! A peu de choses près, je me contenterai de commenter ce sur quoi j’estime avoir un avis légitime, à savoir ces cinq nouvelles.
Etonnante démarche que celle de François Le Roy avec ce recueil de textes hétéroclites. Etonnante mais intéressante parce qu’elle force le lecteur à une certaine gymnastique intellectuelle. Certains ne lisent que de la SF, d’autres que du théâtre et d’autres encore privilégient les essais. Mais là, finalement, on n’a pas le choix et c’est plutôt une bonne chose de s’ouvrir l’esprit sur des genres qu’on n’a pas nécessairement l’habitude d’aborder.
Mais en dépit de cette diversité, on retrouve tout au long de ces textes un certain nombre de points communs.
L’ensemble est en effet d’une lecture facile et agréable. Les texes sont bien écrits (il faut le souligner car cela devient rare), bien construits, le style particulièrement fluide et l’essai est d’un accès tout aussi aisé que les nouvelles. Et contrairement à ce qu’on imagine généralement, faire court n’est pas ce qu’il y a de plus facile en littérature !
Venons-en maintenant au nouvelles de SF ou d’anticipation. It ain’t necessarily so ! emet l’idée d’une visite extra-terrestre ayant inspiré l’éveil d’un sentiment religieux. Phobos nous raconte un court épisode de la colonisation de mars par les terriens. Rupture de stock évoque un problème très actuel, celui d’une éventuelle pénurie de carburant. Satan est mort nous propose un scénario de fin du monde. Et Les papillons aborde le thème de l’écologie.
Là aussi, on trouve quelques points communs. Ce qui ressort de ces texte, c’est que l’auteur n’est probablement pas un grand fan de SF. Mais jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas un crime ! Bien au contraire, on ne peut que le féliciter de s’attaquer à un genre aussi particulier. Simplement, l’amateur de SF risque de juger certains de ces textes un peu naïfs, ou de leur trouver un petit air de déjà vu. Le premier cité revient sur une hypothèse qui n’est pas neuve, c’est le moins qu’on puisse dire. Phobos rappelle un peu l’ambiance des nouvelles de Ray Bradbury, les fameuses chroniques martiennes. Satan est mort semble sortie tout droit de l’époque déjà lointaine de la guerre froide, avec un zeste du film Wargames. Et Les papillons semble lui aussi arriver un peu après la bataille...
Un autre reproche qu’on pourrait adresser à l’auteur concerne la fin de ses nouvelles. Généralement, sur des textes aussi courts, on attend une fin percutante, qui donne à la nouvelle un éclairage qu’on n’avait pas nécessairement imaginé jusqu’alors. Ce n’est pas le cas ici, ou tout cas pas assez (du moins à mon goût). Du coup, on a parfois du mal à percevoir le message qu’a voulu faire passer l’auteur. OK, polluer c’est pas bien, la guerre c’est pas bien... mais à part ça ? Et le discours de la petite fille, à la fin de Les Papillons, c’est un peu facile...
Et pourtant, il ya de bonnes choses ! L’humour, ou une certaine ironie, qui ne sont jamais très loin, mais aussi de véritables bonnes idées, comme celle de prendre l’exemple des papillons pour illustrer une catastrophe écologique évidente pour tous ceux qui ont plus de 40 ans et qui ont connu cette espèce quasiment disparue aujourd’hui ! Et Rupture de stock (ma préférée) est un véritable petit cauchemar de la vie quotidienne, très réussie.
Que ces quelques critiques ne détournent pas le lecteur, toutefois. il faut le répéter, ce court recueil se lit avec plaisir et intérêt. Et puis, lire un peu autre chose, entre deux nouvelles de SF, ça ne fait pas de mal non plus... d’autant que c’est, en plus, une "bonne action" puisque François Le Roy reverse ses droits d’auteur à l’ONG "Plan France" qui prend en charge 1 300 000 enfants dans les pays en voie de développement !
Quelques mots aussi sur la mini-pièce théâtre, qui est un petit bijou dans le domaine de l’absurde et dont le troisième acte sent le "vécu" avec un graphique hallucinant, comme savent en produire certains consultants payés à prix d’or...
Quant à l’essai sur les séries américaines, il a le mérite d’aborder le sujet sous un angle certes assez partial, mais sans doute aussi assez lucide. Toutefois le fan de Star Trek que je suis ne peut pas laisser passer l’idée que cette série illustre un quelconque impérialisme. C’est tout le contraire, justement ! Mais cela dit, c’est peut être l’exception qui confirme la règle...
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