Byzantium
En fuite pour une raison inconnue, Clara et Eleanor arrivent dans une petite ville côtière des Etats Unis. Là, les deux soeurs font la connaissance de Noel, un jeune homme un peu paumé, alcoolique, qui a hérité d’un vieil hôtel qu’il a laissé à l’abandon. Profitant de la situation pour se refaire une santé financière, Clara tranforme l’hôtel en bordel. Pendant ce temps, Eleanor reprend ses études et tombe amoureuse de Frank, auquel elle va révéler la vérité : elle est en réalité la fille de Clara, toutes deux sont âgées de plus de 200 ans et se nourissent de sang humain...
Près de 20 ans après Entretien Avec Un Vampire, revoilà Neil Jordan avec des vampires, mais d’un genre très différent de ceux qu’interprétaient Tom Cruise, Brad Pitt, Antonio Banderas et Kirsten Dunst. Le mot "vampire" n’est d’ailleurs jamais prononcé dans le film, qui ne tient d’ailleurs aucun compte des clichés habituels. Les vampires de Byzantium ne craignent en effet ni la lumière* ni les croix , ne cherchent pas à diriger le monde en contaminant leurs victimes avec leur morsure et n’ont même pas de canines particulièrement développées ! Mais bon, on continuera à les appeler ainsi par commodité...
En outre, le film s’intéresse principalement à deux femmes vampires, ce qui n’avait encore jamais été fait à ma connaissance. Et ce n’est pas gratuit. Car Byzantium est peut-être davantage un film féministe qu’un film de vampires, avec deux personnages de femmes fortes et indépendantes, chacune à sa façon, persécutées par des hommes (on y reviendra). Elles sont restées des femmes, avec leur sensibilité. Et le fait d’être des vampires ne les a pas rendues plus violentes ni plus cruelles. Chacune a d’ailleurs trouvé sa propre réponse au problème moral que pose la nécessité de se nourrir de sang humain. Eleanor aide des personnes en fin de vie à partir, alors que Clara a choisi de s’en prendre aux hommes qui maltraitent des femmes. Il faut dire qu’elle en connaît un rayon, après plus de 200 ans à exercer le plus vieux métier du monde... Mais un mère reste une mère, même prostituée et même vampire !
Malheureusement, même quand on est une vampire, on peut être victime des hommes ! Alors que Clara et Eleanor ne demandent rien d’autre que de mener une vie tranquille, elles sont pourchassées par la Confrérie, une organisation de vampires masculins (qui, eux, rappellent un peu les dandys aristocratiques d’Entretien Avec Un Vampire) qui a décrété, sans qu’on sache pourquoi, que les femmes vampires n’ont pas le droit d’exister (et encore moins d’avoir des enfants).
Ce sont d’ailleurs eux, les "méchants" du film, qu’on voit au début et à la fin dans les deux seules scènes d’action. Entre les deux... c’est bien là que se trouve le problème. Car d’une part il ne se passe pas grand chose et d ’autre part ce qui se passe se passe lentement ! C’est un choix du réalisateur, bien entendu et il faut bien reconnaître que l’ambiance ainsi produite va parfaitement avec le propos du film ainsi qu’avec les images. Nostalgie, parfois poésie, sentiment d’un temps qui passe lentement... mais c’est un peu long, néanmoins, d’autant que la scène du début nous en révèle trop sur les deux femmes et que le scénario se déroule ensuite sans surprise et de manière beaucoup trop prévisible.
Un peu d’ennui, un peu d’action, une histoire plutôt originale avec des personnages intéressants campés par deux actrices excellentes, Saoirse Ronan ( La Cité de l’Ombre, Lovely Bones, Les Âmes Vagabondes) et Gemma Arterton (Le Choc Des Titans, Prince Of Persia, Hansel et Gretel)... Byzantium est, curieusement, un film qui ne soulève pas l’enthousiasme, mais qu’on n’oublie quand même pas de sitôt après l’avoir vu.
* et ils ne scintillent pas non plus, n’en déplaise aux fans de Twilight !
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