La Flotte Perdue T1 - L’Indomptable
Le capitaine John Geary a été une des premières victimes de la guerre interplanétaire entre l’Alliance et les Syndics. Récupéré dans sa capsule d’hibernation, il découvre à son réveil que 100 ans se sont écoulés, que la guerre continue à faire rage et que son camp est au bord de la défaite. La flotte censée porter un coup fatal aux syndics est en fait tombée dans un piège et se trouve sur le point d’être anéantie. Mais Jack Geary découvre aussi qu’il est devenu une légende, un symbole. A tel point qu’avant de mourir, l’amiral de la flotte lui en donne le commandement. A la tête de 336 vaisseaux dont la plupart sont lourdement endommagés, isolés en plein territoire ennemi, Jack Geary va devoir se montrer à la hauteur de sa légende. Mais est-ce possible... ?
Beaucoup de space-operas comportent une part importante de guerres et de batailles, c’est la loi du genre. Mais la SF militaire, c’est le cran au-dessus : ce n’est QUE de la guerre et de la bataille !
Le plus célèbre roman du genre est sans doute l’excellent Etoiles, Garde à Vous de Robert Heinlein, adapté au cinéma avec le non moins excellent Starship Troopers de Paul Verhoeven. Mais pour un roman de cette qualité, combien de dizaines, de centaines de romans sans aucun intérêt, combien de Perry Rhodan (même si certains peuvent parfois sortir un p ;eu du lot) ? Les Editions L’Atalante sont en France les spécialistes du genre, avec notamment la publication de la saga Honor Harrington de David Weber (une quinzaines de volumes, sans compter ceux écrits par d’autres auteurs). La saga de la Flotte Perdue en compte également une quinzaine à ce jour... Donc attention : si jamais vous devenez accro, c’est parti pour un très long voyage ! Et le risque est bien réel car autant je n’avais pas été franchement convaincu par Mission Basilic, premier roman de la saga Honor Harrington, autant j’ai été captivé par Indomptable*.
Comme dans tous les romans de SF militaire, le héros est un Héros avec un "H"... et ce d’autant plus qu’il s’en défend avec la plus grande humilité ! Jack Geary, c’est le type même du meneur d’hommes, à la fois exemplaire, exigeant mais juste, décideur mais pas étranger au doute, grand stratège et grand tacticien mais sachant déléguer et mettre en valeur ses subordonnés, doté d’une autorité naturelle mais acceptant et même encourageant la contradiction, pour peu qu’elle soit fondée, ne supportant pas les pertes humaines, même chez l’ennemi... bref, c’est la patron idéal si on ramène ça à l’univers plus terre-à-terre de l’entreprise ! Et si on cherche un peu une référence dans l’univers de la SF, on ne peut pas s’empêcher de penser à un certain capitaine Kirk...
Mais s’il n’avait que cela, on se lasserait sans doute très vite à la lecture de ces aventures guerrières. Et heureusement, il y a plus que de simples affrontements dans Indomptable. Il y a une composante de SF pure avec les aspects relativistes, remarquablement bien développés et utilisés, liés aux déplacements des vaisseaux à des vitesses proches de celle de la lumière, qui évidemment changent la donne d’un point de vue tactique. Il y a également une véritable réflexion sur la guerre elle-même, sur les conséquences d’un état de guerre durable, sur l’utilité ou non d’un certain code d’honneur et du respect de certaines règles. Et on trouve même dans Indomptable une forme de religion assez originale.
La seule déception que l’on peut éprouver à la lecture de ce roman tient à la nature même de l’ennemi, qui est humain. C’est presque trop banal pour être digne d’intérêt... mais la fin d’Indomptable laisse penser que l’irruption d’un ennemi extra-terrestre ne saurait tarder ! Alors ne boudons pas notre plaisir : ce début de La Flotte Perdue est une totale réussite.
Oui, les titres des romans de Jack Campbell ressemblent à des noms de sous-marins nucléaires français : Indomptable, Téméraire, Courageux, Vaillant, Acharné et Victorieux pour ne citer que les 6 premiers qui constituent le cycle de La Flotte Perdue.