Outresables
Sur une terre post-apocalyptique recouverte d’un couche très épaisse de sable, les rares humains restants tentent de survivre tant bien que mal. L’eau est devenue une denrée rare, la technologie est en voie de disparition et la lutte contre l’envahissement du sable est de tous les instants. La seule caste qui parvient à tirer son épingle du jeu est celle des "plongeurs". Seuls détenteurs de la dernière technologie de pointe, les plongeurs peuvent descendre à plusieurs centaines de mètres sous la surface, afin de ramener des objets de la période pré-apocalyptique, très recherchés. Palmer, l’un des meilleurs d’entre eux, découvre par hasard un trésor d’une valeur inestimable : l’ancienne cité de Danvar...
Ceux qui ont lu Une Colonie, de Hugh Howey, après avoir lu Silo et ses suites, ont sans doute été déçus par ce roman très ordinaire.
Mais avec Outresables, l’auteur démontre que le succès de Silo ne devait rien au hasard, avec un roman qui tient en haleine (et c’est le cas de le dire !) le lecteur du début jusqu’à la fin, avec une nouvelle fois de nombreuses questions qui restent sans réponse.
Le temps - et les romans - passant, on finit par saisir ce qui caractérise l’auteur, ce qui le différencie des autres, et ce qui fait son succès : un sens du suspense inégalé. S’il fallait comparer Hugh Howey à un réalisateur, il faudrait sans doute citer Alfred Hitchcock, pour la minutie avec laquelle l’auteur structure ses romans, ne nous divulguant que le strict nécessaire pour faire avancer l’intrigue tout en éveillant notre curiosité. Silo fonctionnait ainsi, et on retrouve cette même mécanique dans Outresables.
Mais alors que Silo tournait presque exclusivement autour du personnage de Juliette, Outresables s’intéresse à différents membres d’une même famille : les trois frères, la soeur, la mère... et même un membre inattendu de la famille, plusieurs années après le départ du père pour d’autres horizons, départ qui a eu de nombreuses conséquences sur la vie de sa famille. Le lecteur suit donc l’intrigue du roman selon divers points de vue, qui finissent par donner une vue d’ensemble de la vie sur ce monde complètement recouvert par un énorme épaisseur de sable.
Comme dans Silo, pas un mot dans ce roman sur l’origine de la situation, sur l’apocalypse qui a recouvert la terre (ou du moins la partie du monde dans laquelle l’action se déroule), de plusieurs centaines de mètres de sable, à tel point que le haut d’anciens gratte-ciels de grandes villes américaines se retrouve parfois à 300 ou 400 mètres sous le sable !
La technologie a pratiquement disparu, à l’exception d’une seule : celle qui permet de se déplacer dans le sable à l’aide de combinaisons spéciales dont les vibrations ont la capacité de fluidifier, ou à l’inverse de solidifier, le sable. Mais seuls quelques élus, appelés les plongeurs, sont en capacité de les utiliser, après une longue et difficile formation.
Sur cette base, High Howey nous propose une intrigue d’une efficacité redoutable tout en parvenant à nous faire vivre des aventures sous le sable que personne avant lui n’avait pu imaginer, ce qui n’est pas une mince affaire en matière de SF ! De plus, il s’intéresse réellement à ses différents personnages et à leurs états d’âme, ce qui contribue à les rendre à la fois plus réels mais aussi plus attachants et émouvants pour le lecteur.
Le seul point négatif, c’est qu’aux environs de la moitié du roman, on se demande un peu où il veut en venir (même si le roman reste passionnant et prenant de bout en bout)... ce qu’on saisit mieux dans les tout derniers chapitres, lorsqu’on comprend qu’il ne compte pas en rester là et qu’il y aura une suite (Outredunes, publiée chez Actes Sud). Heureusement car, comme à la fin de Silo, le lecteur veut une réponse aux questions qu’il se pose !