Le lendemain de la machine
Un concours de circonstances hautement improbable va projeter le major Mantley Rawson 50 ans dans l’avenir. Blessé alors même que la guerre n’a pas encore commencé, soigné avec un nouvel anesthésique, il ne sortira de son état d’animation suspendue que beaucoup plus tard, pour découvrir que son nom est désormais devenu une insulte, synonyme à la fois de traître, de lâche, de criminel contre l’humanité... Ce qui est très largement exagéré, mais pas tout à fait faux non plus ... Il s’efforcera de survivre dans un premier temps, puis ensuite de racheter sa faute ...
Au delà du scénario de fin du monde tout à fait caractéristique d’un roman des années cinquante, il y a dans ce livre un je-ne-sais-quoi qui lui donne, en tout cas aujourd’hui, beaucoup de charme et un intérêt indéniable.
Ecrit par un anglais, on y retrouve l’ambiance des grands classiques tels que les Coucous de Midwich (qui a donné le célèbre film Le Village des Damnés) ou encore la Révolte des Triffides. Le livre débute d’ailleurs de manière tout à fait semblable au chef d’œuvre de John Wyndham, le héros se réveillant dans un hôpital, pour découvrir que pendant qu’il est resté inconscient, le monde a définitivement changé. Le point de vue, celui de l’homme à l’origine (aussi involontaire soit-elle) de la guerre, est indéniablement une trouvaille.
On notera aussi la fameuse machine ayant donné son titre au roman (du moins dans sa version française), la Mens Magna, une intelligence artificielle avant la lettre, sans aucun doute le personnage le plus fascinant du livre. Les dialogues entre le héros et celle-ci sont autant de grands moments et s‘avèrent particulièrement bien écrits et redoutablement efficaces.
Bref, l’air de rien, et plus de 50 ans après, Francis G. Rayer réussit l’exploit de nous décrire un avenir certes pessimiste, qui heureusement nous a été épargné ... mais qui est loin d’être ridicule. Et si on prend la peine d’y réfléchir deux minutes, on se dit que rien n’est gagné et que finalement, cela pourrait encore se produire...
Prudence, donc... N’oublions que certains auteurs de science-fiction ont du attendre près d’un siècle avant que leurs visions se réalisent !
Un roman dont le thème est assez proche de Je Suis Une Légende, de Richard Matheson, qui a donné le film Le Survivant, avec Charlton Heston.