THX 1138
Mais comment un même homme - George Lucas - peut-il à 6 années d’intervalle réaliser deux films aussi différents l’un de l’autre que Star Wars et THX 1138 ? Ce dernier est en effet tout sauf commercial, tout sauf familial : c’est un film difficile, sérieux, engagé (avec un message politique,voire philosophique), pessimiste, parfois hermétique, sans concessions.
THX 1138 (Robert Duvall) habite avec LUH 3147. Ils ne sont que de simples colocataires, placés ensemble au hasard, car les rapports sexuels sont interdits, comme les émotions. Les différents sédatifs que chaque citoyen de la cité doit prendre quotidiennement sont censés maintenir leur équilibre chimique. Mais LUH va priver THX de ses sédatifs, à son insu. Peu à peu, son comportement change. Il éprouve des difficultés à se concentrer sur son travail, et comme à ressentir des émotions qui lui sont inconnues, jusqu’à ressentir de l’attirance et de l’amour pour LUH.
Il finit par se retrouver en prise avec SEN 5241 (Donald Pleasence), le chef de LUH, pour un reconditionnement. Mais il parvient à s’enfuir avec l’aide d’un hologramme et part à la recherche de LUH ...
Concernant le scénario, deux références littéraires s’imposent : 1984 de George Orwell et Un Bonheur Insoutenable de Ira Levin, publié 2 ans avant. 1984 pour son univers totalitaire, et Un Bonheur Insoutenable pour l’utilisation de médicaments dans le but de contrôler le comportement des individus (un thème qu’on retrouve également dans Equilibrium), ainsi que pour leur numérotation. Sur le plan cinématographique, la référence la plus évidente est 2001 l’Odyssée de l’Espace, pour ses décors dépouillés, ses espaces vides et blancs.
Toutefois, on ne sait rien de l’histoire de cette cité où vivent THX, LUH et SEN. Pourquoi est-elle enterrée ? Pourquoi est-il interdit d’en sortir ? Même la fin du film n’apporte aucune réponse. On ne saura pas non plus pourquoi le sexe et les émotions sont interdits. Et on ne sait rien du pouvoir en place, ni pourquoi les forces de l’ordre sont d’inquiétants robots.
Ce qu’on sait en revanche, c’est que la cité est organisée pour produire (quoi, on le sait pas) de la manière la plus efficace possible sur le plan économique. Que chacun est surveillé, observé à tout moment, qu’il s’agisse de sa vie privée ou de son travail. Qu’il existe des procès, que les accusés peuvent être défendus, et que la société consent à faire des efforts (dans une certaine limite budgétaire ...) pour réhabiliter et réinsérer les condamnés au moyen d’un étrange reconditionnement.
Sur le plan visuel, le film est unique. On n’était jamais allé aussi loin (et c’est encore vrai aujourd’hui) dans la description d’une société totalement déshumanisée, en même temps hyper-rationnelle et absurde. La vision de ces femmes et hommes, tous rasés et habillés de blanc, dans des décors blancs, encadrés par des policiers au visage métallique, fait froid dans le dos.
Il n’est pas pour autant ennuyeux ... même si on peut s’agacer par moments de ne pas comprendre le pourquoi et le comment de certaines scènes. Et les effets spéciaux sont étonnamment réussis, avec notamment une scène de poursuite à la fin du film particulièrement spéctaculaire, plus proche des standards du cinéma actuel que de deux des années 70 !
En résumé, même s’il n’est pas toujours enthousiasmant, THX 1138 fait partie de ces films "incontournables" qui ont fait l’histoire du cinéma de Science Fiction... et qu’un passionné du genre se doit d’avoir vu !
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