REC
On peut détester le parti-pris de la "caméra subjective" façon Blair Witch ou Cloverfield et le mal de mer que ce genre de réalisation peut engendrer ... il faut toutefois bien reconnaître que ce procédé n’a pas son pareil pour donner une touche de réalisme. Pour peu que le réalisateur aie un peu de talent - ce qui est le cas ici - cela peut donner des résultats redoutables !
L’espagne n’échappe pas à la téléréalité ... l’émission "Pendant que vous dormez" ressemble à bon nombre d’autres du même genre : reportages en "direct live", caméra à l’épaule, à la recherche de sensations fortes.
Cette fois Angela (Manuela Velasco, une actrice qui est également dans la "vraie vie" animatrice de télévision) et Pablo (qu’on ne fait qu’apercevoir puisque c’est lui qui tient la caméra) ont choisi de passer la nuit dans une caserne de pompiers de Barcelone (les amateurs de foot auront reconnu le maillot blaugrana d’un jeune garçon). Lorsque les pompiers sont appelés par des gens ayant entendu des hurlements dans un immeuble, ils les accompagnent et découvrent que la police est déjà sur place. Uee femme, apparemment devenue folle, mord l’un d’entre eux. Et la police boucle l’immeuble dont les habitants, les pompiers et nos deux héros deviennent alors prisonniers...
Difficile de ne pas penser à Resident Evil (le jeu) pendant la majeure partie du film... avec une ambiance vraiment glauque, la mise en quarantaine de l’immeuble par des forces de police en tenues NBC et des individus atteints par un étrange virus qui les rend agressif au point de mordre tout ce qui passe à leur portée... et qui semblent également très difficiles à tuer !
Balaguero ne sombre pas dans la facilité. Il privilégie la suggestion et l’image choc aux clichés et à la répétition de scènes gore qui sont généralement les caractéristiques des films de la catégorie "morts-vivants". Certaines scènes en sont d’autant plus efficaces, telles que la chute inattendue d’un pompier du haut de l’escalier de l’immeuble, ou encore l’apparition de la petite fille atteinte du virus, au visage subtilement modifié ...
Côté scénario, là aussi le film nous réserve une surprise de taille (vous n’êtes pas obligé de lire ce qui suit si vous comptez prochainement voir REC pour la première fois...). Pour une fois, il ne s’agit ni d’une expérience de l’armée américaine ayant mal tourné, ni de la chute d’un météore venu de l’espace ... L’idée suggérée par le scénario est que ce virus (très rare) serait responsable des cas de possession recensés par l’Eglise depuis quelques siècles. Malheureusement, un cinglé (habitant le fameux immeuble) aurait réussi avec quelques éprouvettes à l’isoler et à le rendre beaucoup plus contagieux ...
Et l’horreur dans tout ça ? On ne voit pas grand chose, en fait ! Balaguero est plus dans la suggestion que dans la démonstration et on ne fait que deviner la plupart du temps... on aperçoit parfois des silhouettes des morts-vivants et lorsqu’ils apparaissent en pleine lumière, les mouvements incontrôlés de la caméra ne permettent de les voir qu’une demi-seconde au plus. Et ça ne s’arrange pas au fur et à mesure qu’on approche de la fin du film, lorsque les deux héros sont plongés dans le noir, la caméra passant alors en mode infra-rouge...
Frustrant ? Pas forcément... mais efficace, oui ! Et suffisant pour renouveler intelligemment un genre dont on pensait avoir fait le tour ces derniers temps.
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