Dracula 3000
Il est des jours où le cinéphile déviant se repait lamentablement d’un vulgaire et facile petit mauvais film sympathique, alléché il est vrai par un casting des plus navr... appétissants. Doit-on lui jeter la première pierre quand ce pauvre bougre découvre non sans une certaine malice, quoique cachant difficilement une appréhension légitime (1), la présence d’un rappeur has been, d’une ancienne playmate, d’un abonné aux featurings prestigieux (dans des productions qui sont, elles, toutes sauf prestigieuses), et de... et de... Casper Van Dien.
Passé "l’agréable" surprise de l’affiche (2) où l’on dénote que l’œuvre du suisse Giger n’a pas fini d’être pompée jusqu’à la dernière goutte, Dracula 3000 s’inscrit très rapidement et sans surprise dans la catégorie des crossovers ultra cheap ou comme nous laisse deviner de façon implicite l’accroche et la jaquette de cette série Z : un croisement (ô combien réussi...) entre Alien (3) et le roman de Bram Stocker, Dracula .
En l’an 3000, Abraham Van Helsing (Casper Van Dien), capitaine du vaisseau de sauvetage inter-galactique Mother III, et son équipage prennent la direction de la galaxie des Carpates (...) pour arraisonner un vaisseau cargo abandonné depuis des décennies, le Demeter. Une fois à bord, rien ne se passe comme prévu, et ce cargo semblent cacher bien des mystères... (comme celui de ressembler plus à usine désaffectée qu’à un vaisseau du 30ème siècle). Ainsi après avoir laissé la jeune stagiaire sans solde, Mina, errer dans des couloirs mal éclairés à la recherche d’un danger potentiel qui n’arrivera jamais, l’équipage prend possession du Demeter.
Pire, l’équipage découvre la momie en plastique de l’ancien capitaine du cargo (Udo Kier, enfin ce qu’il en reste) attaché à son siège portant un crucifix. Et comble de déveine, Mother III se sépare du Demeter, l’équipage est désormais prisonnier de cette épave... l’action du film se déroulera désormais entièrement dans cette usine désaffectée qui fait office de cargo spatial. Un autre malheur n’arrivant jamais seul, le dénommé 187 (Coolio) se fait mystérieusement mordre par des dents très longues, des canines [...] mais je ne vous dis pas que les dents sont humaines ajoute avec inquiétude Arthur Holmwood, dit le professeur. Il faut dire qu’il y a de quoi d’être désarçonné, 187 cherchait pénard du shit dans les cercueils trouvés avec son pote Humvee (Tommy Lister), et le voilà mordu à la jugulaire, 187 qui non content d’avoir désormais les yeux rouges, veut bouffer ses anciens petits camarades... en particulier la blonde à gros seins (Erika Eleniak). Alors en apprenant que cette andouille aux dents longues est maintenant aux ordres d’un certain comte Orlock, doit-on s’étonner qu’une grande lassitude s’installe... (4)
Avouons-le, le croisement hybride entre un Alien tout de broc et un Dracula édenté risque de mettre à rude épreuve même les plus résistants tant Dracula 3000 s’enfonce lentement vers le néant auquel il n’aurait jamais dû en sortir. Pourtant, le chroniqueur déviant mentirait en avouant qu’il n’y a pas matière à satisfaire sa soif : un budget anémique (non mais ces décors...) une réalisation médiocre (non mais c’est mou...) et une histoire d’une rare stupidité (non mais ce que c’est con...) où l’hommage au film de Ridley Scott cache avant tout un copier-coller aussi ridicule que les références à Dracula sont mal ficelées (et inversement), et... Casper Van Dien of course.
Le long-métrage de Darrell Roodt en plus de cumuler un humour d’une vacuité insondable (5) a le mérite de nous rappeler qu’un nanar même de faible calibre, comme celui présent, se doit d’offrir un casting du même niveau que le talent du cinéaste. Udo Kier joue très concerné son rôle de l’ancien capitaine du Demeter, lit son texte sur l’écran de son PC, filmé sur sa webcam en attendant son chèque dument rempli par l’agent comptable. Coolio cabotine, on en attendait pas moins de lui, et Grant Swanby (le professeur) réussit à faire passer l’andouille précité pour un symbole de sobriété... quant à Erika Eleniak, il est bien loin le temps où elle faisait illusion en montrant sa poitrine... et puis Casper Van Dien évidemment.
Dracula 3000 , un film où l’on apprend que la meilleure arme contre les vampires au charisme atrophié... est la queue de billard.
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(1) Un casting même à fort potentiel déviant reste il faut l’admettre la mort dans l’âme une condition nécessaire mais pas suffisante pour mériter la dénomination de nanar.
(2) Enfin jaquette, croyez quand même pas qu’un truc pareil a eu droit à une sortie dans les salles obscures ?!
(3) D’où la copie éhontée du style gigerien...
(4) On n’attendra pas 30 minutes avant de se demander ce qu’on fout devant un truc pareil... mais étrangement (ou non), c’est quand le récit "s’accélère" qu’on a encore plus envie de lâcher l’affaire...
(5) L’ironie c’est bien, encore faut-il avoir un minimum de talent... et des acteurs, ça va de soit.
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