Perdus Dans L’ESpace (Lost in Space)

En 2058, la terre est sur le point de devenir invivable... Une seule solution : coloniser d’autres planètes, ce qui est sur le point de commencer avec la famille Robinson, dont le père est le plus grand génie scientifique de l’époque, qui s’apprête à quitter notre planète à bord du Jupiter 2 pour un voyage de 10 ans en direction d’Alpha Prime, afin de préparer la colonisation de la planète. Malheureusement, une organisation terroriste va tenter de saboter la mission. Sortie d’hibernation bien avant le terme prévu de leur voyage, puis obligée de sauter en urgence dans l’hyperespace, la famille Robinson va se retrouver ... perdue dans l’espace. Et dans le temps !
Très gros budget et effets spéciaux dignes d’un Star Wars pour ce remake d’une série culte des années 60, signé Irwin Allen (également créateur de l’excellente série Voyage au Fond des Mers et de bon nombre de films catastrophe, dont les fameux L’aventure du Poséidon et La Tour Infernale). Ca démarre en effet sur les chapeaux de roues, avec une scène de combat spatial de toute beauté et ça continue sur la même lancée pendant quasiment tout le film. De ce point de vue là, il était difficile de faire mieux.
Du côté du scénario, c’est fidèle à la série et c’est peut être là que le film pêche le plus. Ce qui pouvait passer sur petit écran dans les années 60, avec cette série de SF très grand public (à la différence par exemple de Star Trek, plus élitiste), passe beaucoup moins bien de nos jour. L’idée que l’avenir de notre planète puisse dépendre d’une famille (et notamment d’un gamin, aussi génial soit-il) tient la route environ une demi-seconde... puis on a ensuite l’impression d’assister à un spectacle tout droit sorti des studios Disney d’ il y a 20 ans, façon Le Trou Noir ! Et en dépit de la présence de William Hurt et de Gary Oldman, le fait que le pilote du vaisseau ne soit autre que le célèbre Joey de Friends n’ajoute pas vraiment au sérieux et à la crédibilité de l’ensemble... on s’attends à tout instant à le voir se ruer sur le frigo du vaisseau pour s’empiffrer et on se demande quand Chandler va surgir pour lui faire une de ces blagues stupides dont il a le secret !
Il est vrai qu’il n’est jamais facile de passer d’un format de série à celui d’un film, en particulier lorsque celui-ci dure plus de 2 heures. Et il faut avouer qu’on davantage l’impression d’assister à trois épisodes enchainés qu’à un véritable film :
1er épisode : le départ
2ème : l’attaque des araignées
3ème épisode : les retrouvailles
Oui, car il ya des araignées ... mais des araignées extra-terrestres au look métallique, on vous rassure ! Et aussi, comme par hasard, un de ces personnages dont les peluches ou les figurines se vendent si bien, quelques semaines ou quelques mois après la sortie du film ...
Heureusement, le film reprend un peu de hauteur dans sa dernière partie, avec un peu plus d’intensité dramatique et un peu plus de sérieux pour ce qui est du contenu SF du scénario. On apprécie aussi de voir un peu moins le robot (qui a bien du se vendre lui aussi dans les magasins de jouets...), pour se concentrer un peu plus sur les personnages principaux et sur un de ces paradoxes temporels dont la SF a le secret. Ouf ...
Au delà des aspects purement objectifs et rationnels, il faut cependant reconnaître que Perdus Dans l’Espace a été un gros succès aux Etats Unis. Cela ne démontre rien, si ce n’est que l’aspect "culte" a sans doute fait la différence. En France, non seulement le côté "nostalgie" n’a pas joué, mais le public est en plus totalement passé à côté des références à la série d’origine, totalement inconnue dans l’hexagone (en dépit de la diffusion de quelques épisodes au début des années 90). Et comme en l’a vu ci-dessus, le film en lui-même n’avait pas de quoi soulever l’enthousiasme des fans de SF...
C’est là qu’on voit la différence entre un réalisateur correct mais sans plus (Stephen Hopkins, auquel on doit Freddy 5 et Predator 2) et quelqu’un comme J.J. Abrams, qui a réussi un véritable miracle avec son Star Trek, parvenant à séduire aussi bien les fans de la première heure que le grand public qui était jusqu’alors resté indifférent à la série !