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Cyberpunk

samedi 18 juin 2011
par giraud
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On lit souvent que le "mouvement" cyberpunk est né avec le roman Neuromancien" de William Gibson et il est vrai que celui ci est un modèle du genre, puisqu’il reprend tous les éléments ou presque de cette nouvelle tendance de la SF, née avec les années 80. Mais à part ce roman... quoi d’autre ?

Revenons un peu en arrière... le début des années 80, c’est déjà la capitalisme triomphant. Le mur de Berlin ne va pas tarder à tomber, on ne parle pas encore de mondialisation mais Bernard Tapie est en passe de devenir une star, le japon commence à menacer sérieusement la suprématie économique des Etats Unis et on verra bientôt Michael Douglas dans Wall Street, un film à la gloire de la finance ! C’est aussi le début de la généralisation des micro-ordinateurs, d’abord dans les entreprises avant d’entrer dans les foyers. Les chocs pétroliers et la crise qui en a découlé sont terminés et on pourrait croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais c’est quand même la fin des "30 glorieuses" et on se souvient du cri poussé par les punks à la fin des années 70 : no future ...

Dans ce contexte, il n’est finalement pas étonnant que William Gibson, puis d’autres après lui, aient imaginé un monde dominé par des multinationales dont le siège est souvent situé en asie, des hommes aux capacités améliorées (quoi que ...) par des implants informatiques et électroniques, une société où le virtuel, le cyberspace et les IA constituent sont entrés dans notre vie quotidienne et où, finalement, les seuls qui parviennent à garder leur liberté sont les "hackers" qui évoluent en marge du système en essayant de le tourner à leur profit.

Mis à part Gibson, il ne sont pas légion, ceux qui peuvent être considérés comme des auteurs cyberpunk ! Il y a Bruce Sterling , notamment pour son roman Les Mailles du Réseau. Il y a Neal Stephenson, en particulier pour La Samouraï Virtuel et pour son formidable Cryptonomicon (publié en france sous forme de trilogie, avec Le Code Enigma, Le Réseau Kinakuta et Golgotha). En France, Maurice G. Dantec et surtout Jean-Michel Truong peuvent être eux aussi considérés comme cyberpunks.

Mais qu’est ce qui fait qu’un roman, ou un film, est ou n’est pas cyberpunk ? Autant, on comprend assez facilement que le space opera se déroule dans l’espace, que la SF "hard science" est scientifique à l’extrème, que le genre post-apocalyptique se situe après une catastrophe planétaire majeure... mais le cyberpunk ? Selon moi, ce qui caractérise le genre, c’est sa dimension économique qui est très peu, voire pas du tout présente dans les autres genres de la SF et qui est en revanche central dans le cyberpunk.

De ce point de vue là, on voit bien que Matrix n’a rien à voir avec le cyberpunk (et est beaucoup plus à ranger dans la catégorie "postapo"). Pas plus que Passé Virtuel, Dark City, I Robot, Intelligence Artificielle, eXistenZ ou la plupart des films généralement considérés comme appartenant au genre. L’exploitation, l’aliénation économique des individus, l’addiction au virtuel ou à des implants informatiques, l’utilisation des nanotechnogies sont des thèmes récurrents du mouvement cyberpunk. Par extension, on peut parfois considérer que le thème des manipulations génétiques ou des drogues peuvent entrer dans le champ cyberpunk, avec ce qu’on appelle parfois le biopunk, qui pourrait être représenté par un film tel que Bienvenue à Gattaca, ou plus récemment Limitless.

En revanche, un film tel que Johnny Mnemonic (avec le même Keanu Reeves et tiré - comme c’est suprenant ! - d’une nouvelle de William Gibson) est sans doute le plus représentatif du genre, puisqu’on y retrouve l’exploitation par des multinationales (japonaises principalement) d’individus qui sacrifient une partie de leurs souvenirs pour les remplacer par de dangereux implants mémoriels destinés à faire d’eux des messagers très discrets... Stange Days, lui aussi, est bien cyberpunk, de même que Gamer ou Aeon Flux, ou encore, parmi les plus anciens, Blade Runner.

Le problème du cyberpunk - et la raison pour laquelle le "mouvement s’avère difficile à cerner et n’est guère finalement guère représenté - c’est sans doute qu’il est beaucoup trop ciblé, restreint. La lutte d’un hacker contre une multinationale, ou de manière plus générale d’un individu contre un système, c’est un thème dont on a finalement assez rapidement fait le tour. C’est aussi un genre à géométrie variable, dans la mesure où il traite de notre présent plus que de notre avenir... et évolue donc en même temps que nos moeurs et notre technologie.

C’est également, il ne faut pas l’oublier, un genre subversif presque par définition... car le héros cyberpunk n’est pas du tout politiquement correct : c’est un individualiste forcené, un "geek" qui boit et/ou fume et/ou se drogue et/ou carbure aux implants bioniques, vit en marge de la société, veut profiter du système sans en faire partie, cherche à échapper à toute autorité et à tout contrôle (même à Hadopi !)... c’est sans doute ce qui explique qu’il ne soit pas plus représenté, surtout au cinéma !



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