Les Fils de l’Homme (Children of Men)
Il n’existe pas dans la SF actuelle de film comparable aux Fils de l’Homme. Il faut remonter à Soleil Vert de Richard Fleischer en 1974 pour retrouver une vision aussi pessimiste, apocalyptique, mais également réaliste et donc effrayante, de notre futur proche. C’est d’ailleurs amusant de constater que ces 2 films partent de postulats opposées : la surpopulation pour Soleil Vert, et la stérilité pour Les Fils de l’Homme.
D’entrée de jeu, le décor est planté : la personne la plus jeune de l’humanité vient de s’éteindre. Il avait 18 ans ... 18 ans, donc, que pas un seul bébé n’est né sur notre planète. Le film ne s’appesantit pas sur les causes de cette stérilité massive : pollution, rayons cosmiques, OGM ... au spectateur de décider.
Les conséquences de cette stérilité sont ravageuses : face à cette forme inédite de fin du monde, le chaos s’empare de la planète. Le seul ilôt de civilisation se situe en Angleterre, qui doit du coup faire face à des tentatives désespérées et massives d’immigration. Mais tout est relatif ... et entre attentats, tentatives d’insurrection, rafles massives et répression armée, on sent bien que ce dernier bastion de notre civilisation est sur le fil du rasoir, prêt à basculer. Le héros, comme tous les autres dans le film, est cynique et désabusé. Un paquet de clopes dans la poche droite de sa veste, une fiole de whisky dans la poche gauche, il va tout droit à sa perte, à l’image de l’humanité toute entière. Et il ne retrouvera un sens à sa vie que lorsqu’il sera chargé, par hasard, d’escorter et de protéger une jeune femme enceinte, la première sur terre depuis 18 ans...
Il est très étonnant de constater que ce film remarquable est l’oeuvre de non-spécialistes de la SF. Il est tiré d’un roman de P.D. James, qui est réputée pour écrire de très bons polars ... Il est réalisé par Alfonso Cuaron, dont le seul fait d’armes en SF / fantastique est d’avoir réalisé le 3ème volet d’Harry Potter (le Prisonnier d’Azkaban), et il est interprèté par Clive Owen (qu’on a vu seulement, pour ce qui est de la SF, dans Sin City) et Julianne Moore, seulement vue dans ce genre de cinéma dans Darkside, Les Contes de la Nuit en 1990, puis dans Evolution avec David Duchovny.
Pour autant, ce film mériterait de figurer dans le "Best Of", tant le scénario, la réalisation, et les acteurs sont excellents. Visuellement, le fait que le film ait été tourné de façon quasi-systématique au premières lueurs de l’aube ou au coucher du soleil, dans des lumières crues et blafardes, donne une ambiance très particulière ...
C’est presque le seul reproche que l’on pourrait lui adresser : ce pessimisme extrême, du début du film jusqu’à la fin, fait qu’on finit par se demander si même les dernières images sont porteuses d’espoir ! Un peu déprimant, donc ... trop, peut être.
Mais cela dit, cela change des blockbusters hollywoodiens, c’est intelligent, intéressant, bien fait, bien interprèté, avec un bon suspense ... et c’est donc à voir absolument !
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