La Saga Des Sept Soleils - Mondes En Cendres
De plus en plus isolé, le Président Wenceslas ne se maintient au pouvoir que par la terreur et la manipulation, retenant en otages les familles de ses amiraux pour garantir leur obéissance et utilisant une police politique pour éliminer tous ceux suspectés d’être des opposants. Mais il n’a pas renoncé à prendre sa revanche sur le roi Peter et pense toujours pouvoir rétablir le pouvoir de la Hanse. Pour cela, il va jusqu’à négocier des alliances avec les robots Klikiss... ainsi qu’avec les klikiss eux-mêmes ! Et il retient toujours le Mage Imperator alors que les Ildirans sont toujours menacés par Rusa’h et les faeros. Mais les verdanis et les les wentals sont bien décidés à se débarrasser de la menace faeros, après avoir vaincu les hydrogues...
Voici donc venue l’heure du bilan, après sept volumes et environ 5000 pages d’un space opéra comme il en existe peu.
Pour cette saga qui lui est personnelle (Kevin J. Anderson est surtout connu pour son travail dans l’univers Star Wars ainsi que sa collaboration avec Brian Herbert sur l’univers de Dune), Kevin J. Anderson a voulu mettre beaucoup de choses, trop peut-être, diront certains. Des créatures élémentales représentant l’ordre et le chaos, des conflits galactiques s’étirant sur des millions d’années, des aliens insectoïdes, des robots, de la télépathie... et bien entendu (et heureusement !) des histoires d’amour et des complots politiques !
Au rayon des regrets, on notera le recours un peu trop fréquent, voire systématique, à la "fusion" entre les humains (les ildirans aussi) et les créatures élémentales, et même les Klikiss ! Une fois, c’était une bonne idée... mais ensuite, on a un peu l’impression que l’auteur cède à la facilité pour multiplier les péripéties et prolonger sa saga de manière un peu artificielle...
On retiendra quand même, surtout, les nombreuses qualités de cette saga particulièrement passionnante et dont on peut recommander la lecture à tous les amateurs de space opéra, presque sans restrictions.
Car l’auteur ne s’est pas contenté d’imaginer un univers original (qui ne doit rien ni à Star Wars ni à Star Trek ni à Dune) et cohérent, ainsi qu’une histoire galactique d’une ampleur rarement égalée. Il a également su nous proposer des personnages attachants et passionnants. Et le plus passionnant de tous est peut être celui de Basil Wenceslas, le Président de la Hanse, pourtant animé des meilleures intentions qui va peu sombrer dans la paranoïa et devenir un dictateur sanguinaire. On n’a peut jamais vu dans la SF un personnage basculer ainsi, peu à peu, dans la folie* et il faut bien avouer que c’est un des aspects les plus réalistes, les plus crédibles et les plus fascinants de cette saga.
On retiendra aussi une caractéristique fondamentalement originale de ces romans : l’absence d’un véritable héros. Il n’y a dans la Saga Des Sept Soleils aucune Luke Skywalker, aucun James T. Kirk, aucun Paul Atréides. Pas de sauveur sans peur et sans reproches, pas de héros providentiel, pas d’élu annoncé par une prophétie. Le roi¨Peter est peut-être celui qui y ressemble le plus... mais son rôle n’est pas plus important que celui de Davlin Lotze, qui va à lui seul éliminer la menace Klikiss, ou que celui de Jess Tamblyn, qui va mener les Wentals à la victoire face aux Hydrogues, puis face aux Faéros !
On notera aussi la place importante accordée aux femmes, au travers de nombreux personnages, de Margaret Colicos à l’amiral Willis en passant par Nira et sa fille Osira’h, sans oublier Cesca Peroni ni l’ancienne présidente de la Hanse Maureeen Fitzpatrick.
Mais la Saga des Sept Soleils, c’est aussi l’histoire des Ildirans, cette race extra-terrestre à la fois très proche et très différente des humains. Une race arrivée à l’apogée de sa civilisation et à un certain point de stagnation, mais qui se révèle finalement peut-être plus digne que les humains de régner sur la galaxie... et si c’étaient eux, les véritables héros de ce space opéra ?
*On pourrait penser à Annakin / Dark Vador... mais les mécanismes décortiqués dans les romans de la saga vont bien au delà de la psychologie un peu simpliste des Star Wars, avec tout le respect qu’on leur doit !