I Origins

Ian Gray est depuis son enfance fasciné par les yeux humains, qu’il ne cesse de prendre en photos. Devenu chercheur en biologie moléculaire, il travaille sur un projet portant sur l’évolution de l’oeil. Matérialiste convaincu, il pense que des avancées dans ce domaine seraient de nature à réfuter la religion, qui considère l’oeil comme une manifestation suprême de la création Divine... jusqu’au jour où il fait la connaissance de Sofi, une jeune mystérieuse. Alors que tout les oppose, ils tombent éperdument amoureux l’un de l’autre, mais leur histoire va se terminer de manière dramatique, Sofi étant victime d’un terrible accident. Quelques années après, Ian a repris ses recherches et va faire par hasard une incroyable découverte : certaines personnes auraient des iris identiques à ceux de personnes mortes, alors qu’on pensait jusque là que chaque oeil humain était unique, de même que ses empreintes digitales. En poursuivant ses investigations, il découvre alors qu’une enfant née en Inde possède un iris identique à celui de Sofi...
Décidément, Mike Cahill semblent avoir une certaine fascination pour la mort. Elle était déjà au coeur de l’intrigue de son étonnant premier film Another Earth et on la retrouve, également très présente, dans I Origins.
On ne manquera pas de se souvenir de Contact, de Robert Zemeckis, et du face à face entre la scientifique (Jodie Foster) et le fervent chrétien (Matthew McConaughey. Ici, c’est plutôt d’une philosophie de la vie et de réincarnation qu’il est question, plus que de religion... mais l’opposition entre les convictions de Ian et celles de Sofi est de la même nature et tout aussi passionnante. Et ce n’est pas tout à fait un hasard, Mike Cahill étant un fan de Carl Sagan, l’auteur du roman dont a été tiiré Contact !
Même si son premier film, Another Earth, présentait d’indéniables qualité, son scénario pourtant original souffrait de quelques petits défauts... Ce n’est pas le cas cette fois, avec un scénario fondé sur des théories scientifiques bien réelles, même si la thèse de la "complexite irréductible" (principe selon lequel certains systèmes biologiques, dont l’oeil, sont trop complexes pour résulter de la seule évolution) est loin de faire l’unanimité.
Cela dit, c’est bien de science-fiction - voire de fantastique - qu’il s’agit dès lors qu’on constate des similitudes entre les iris de personnes décédées et ceux de personnes vivantes. Il est d’ailleurs recommandé de voir le film jusqu’au bout du générique pour comprendre l’idée de Mark Cahill... une idée qui pourrait donner lieu à une suite, si le réalisateur décidait de donner un tournant "hollywoodien" à sa carrière, marquée jusqu’à présent par des films indépendants à petit budget.
Cela semble toutefois peu probable, tant les deux premiers films de Mike Cahill sont à l’opposé des productions habituelles américaines. Il n’est pas question ici d’effets spéciaux, de scènes d’action, de rythme. Comme dans Another Earth, le réalisateur prend son temps, multiplie les longues plages musicales sans dialogues, instaure une ambiance qu’il infléchit ensuite, passant subtilement du romantisme à la nostalgie, avec des acteurs parfaitement dirigés (dont Brit Marling, déjà vue dans Another Earth). Et ce n’est sans doute pas un hasard, compte tenu du thème du film, si les regards jouent un rôle important et sont pour beaucoup dans la performance des acteurs.
Avec I Origins, le réalisateur / scénariste / producteur signe donc un nouveau film très personnel et une nouvelle fois bien accueilli par la critique, récompensé au Festival du film de Sundance ainsi qu’à celui de Catalogne. On suivra avec attention et intérêt la suite de sa carrière !