Wall-E
Réaliser aujourd’hui un film sur le thème de l’écologie n’a vraiment rien d’extra-ordinaire … sauf peut être quand ce film vient des Etats-Unis, le pays qui a pendant si longtemps refusé de signer les fameux accords de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et dont la prise de conscience écologique est encore très récente (notamment avec le film d’Al gore, Une vérité Qui Dérange). Wall-E s’inscrit dans la continuité de cette prise de conscience : cela n’a donc rien de révolutionnaire ni de visionnaire, mais c’est courageux de la part d’Andrew Stanton, qu’on n’attendait pas sur un terrain si engagé (après 1001 Pattes et Le Monde de Nemo) et avec des images aussi fortes (notamment celles, un peu subliminales, de l’écroulement des tours jumelles à la fin du film).
Le choix du thème écologique n’est pas le seul risque pris par le réalisateur. Wall E demande au spectateur un réel effort de compréhension et d’interprétation : il y a en effet très peu de dialogues (la première parole est prononcée aux environs de la 18èe minute), ce qui peut poser problème à un public qui ne serait guère familier avec la SF.
Car Wall E est tout sauf une comédie. Certes, il y a de nombreux « gags » destinés aux plus jeunes, et une histoire d’amour gentillette entre ce robot démodé et usé et l’hyper-sophistiquée Eve. Mais le reste est loin d’être enfantin… voyez plutôt :
A la fin du 3ème millénaire, le dernier « être » présent sur Terre est Wall-E (Waste Allocation Load Lifter Earth-Class), un robot, le dernier de son genre. Les humains ont en effet quitté la Terre depuis 700 ans, car elle était trop polluée et couverte de déchets. Une seule solution : partir dans l’espace, dans de gigantesques vaisseaux, en ne laissant sur Terre que des robots programmés pour la nettoyer, dans l’espoir d’y revenir un jour, peut être. Wall-E, comme de très nombreux robots avant lui, passe donc son temps à compacter des déchets qui, empilés, forment de véritables tours rappelant les anciens bâtiments humains.
Wall-E survit péniblement, empruntant ici et là des pièces détachées aux autres robots désormais hors-service. Il a aussi développé une mentalité de collectionneur, faisant une sorte de « tri sélectif » en conservant de vieux objets au lieu de les compacter.
Lorsque le vaisseau Axiom envoie Eve (Extra-terrestrail Vegatation Evaluator) en reconnaissance, l’état de la terre n’est guère brillant. Le travail est loin d’être fini. Et Eve est sur le point de rendre un rapport négatif à l’Axiom : la Terre n’est toujours pas habitable. Sauf que … Eve finit par découvrir chez Wall-E une petite plante verte, la preuve que la vie est à nouveau possible sur notre planète.
Mais rien n’est gagné pour les humains … car non contents d’avoir pollué à outrance leur planète d’origine, ils sont en outre devenus, à bord leurs vaisseaux hypersophistiqués et confortables, obèses et indolents, ne pouvant plus se déplacer qu’a l’aide d’appareils. Et sans le savoir, ils ont abandonné le contrôle de leurs vaisseaux aux robots censés les servir …
On est donc ici très loin d’une comédie comme Shreck ou l’Age de Glace ! Wall-E est beaucoup plus proche d’un conte philosophique.
Certes, ce petit robot ressemble beaucoup au Numéro 5 de Short Circuit, de John Badham. Mais pour le reste, le film évoque davantage l’ambiance du Silent Running de Douglas Trumbull, voire du 2001 l’Odyssée de l’Espace de Kubrick (auquel Andrew Stanton fait d’ailleurs clairement référence sur la fin) ou plus récemment du A.I. de Spielberg, par la richesse et l’ampleur de son scénario.
Ce Wall-E est donc une nouvelle confirmation du fait que l’animation est sans nul doute une des voies d’avenir du cinéma. Nous n’en somme encore qu’aux balbutiements, mais film après film, le constat s’impose : le genre évolue peu à peu vers des films des plus en plus adultes. Et c’est plutôt une bonne nouvelle puisque ce genre ne connaît aucune limite, mis à part celle de l’imagination.
Commander le DVD ou le Blu-Ray sur Amazon et soutenir les Mondes Etranges !
Commentaires (fermé)