Miss Peregrine Et Les Enfants Particuliers
Jacob est un adolescent de 16 très attaché à son grand-père Abe, qui lui a raconté des histoires fantastiques pendant toute son enfance, jusqu’au jour où il retrouve le vieil homme agonisant, après que ses yeux aient été arrachés, et aperçoit un monstre qu’il est toutefois le seul à voir. Forcé de suivre des séances avec un psychologue, Jacob reste persuadé que son grand-père a été attaqué par un monstre. Et lorsque sa tante lui offre un livre ayant appartenu à Abe et contenant une carte postale d’une certaine Miss Peregrine, Jacob se souvient de l’histoire que son grand-père lui avait racontée concernant cette femme qui vivait sur une île et s’occupait d’enfants dotés d’étranges capacités. Espérant que cela permettra au jeune garçon de faire son deuil, le père de Jacob accepte de partir en voyage avec lui sur l’île indiquée sur la carte postale, Cairnholm, au Pays de Galles. Dès leur arrivée, Jacob se lance à la recherche de Miss Peregrine. Après l’avoir enfin trouvée, Jacob va se rendre compte que tout ce que son grand-père lui avait raconté était vrai et qu’une terrible menace pèse sur elle et les enfants...
Avec tout le respect qu’on doit au grand réalisateur qu’est Tim Burton, on avait quand même l’impression qu’il tournait en rond ces derniers temps, revisitant ses propres classiques (Frankenweenie utilisant les mêmes techniques que L’Etrange Noël de Monsieur Jack et Les Noces Funèbres) et allant presque jusqu’à la parodie de son propre style avec le très gothique Dark Shadows.
Bonne nouvelle, il semblerait qu’il ait décidé de passer enfin à autre chose avec Miss Peregrine Et les Enfants Particuliers ! La preuve en est que pour la première fois depuis bien longtemps, il n’a pas fait appel à Danny Elfman pour la musique de son film. Et bien lui en a pris, car la musique signée par Mike Higham et Matthew Margeson est aussi superbe qu’envoûtante, et donne au film une tonalité probablement très différente de celle qui lui aurait donné Danny Elfman.
Visuellement, Miss Peregrine Et Les Enfants Particuliers s’avère également très différent des précédents films de Tim Burton. A des années-lumière du foisonnant Alice Au Pays Des Merveilles, le réalisateur joue cette fois la carte d’une certaine sobriété. Mais il n’oublie pas pour autant d’apporter grand soin aux images... et le résultat est tout simplement superbe, proche de la poésie qui se dégageait d’Edward Aux Mains d’Argent.
Le scénario, inspiré du roman pour la jeunesse de Ransom Riggs, se prête parfaitement à l’univers du réalisateur, qui trouve ici le moyen de livrer une sorte de film de super-héros (car Miss Peregrine, sa demeure et ses enfants ne sont pas si éloignés que cela du Professeur Xavier, de son académie et de ses jeunes X-Men), mais à l’opposé des films Marvel !
Enfin débarrassé de Johnny Depp (on l’aime bien, mais lui aussi avait fini par faire partie des mauvaises habitudes prises peu à peu par le réalisateur), Tim Burton a retenu un casting de qualité. Eva Green, déjà vue dans son Dark Shadows et plus récemment dans Sin City 2, a un petit quelque chose de Winona Ryder (une autre de ses actrices fétiches) et s’avère parfaite dans son rôle de gouvernante, avec un petit côté british, à la fois, autoritaire, sexy et rigide. Dans le rôle du jeune héros, on retrouve Asa Butterfield, qui fut le personnage principal de La Stratégie Ender après avoir été Hugo Cabret dans le film éponyme. Dans celui de la jeune Emma, on retrouve Ella Purnell, vie précédemment dans Kick Ass 2 et Maléfique. Et on ne présente plus ni Terence Stamp dans le rôle du grand-père, ni Samuel L. Jackson, méconnaissable dans le rôle du méchant de service.
Au final, on peut se demander si Miss Peregrine Et Les Enfants Particuliers est réellement un film pour la jeunesse. Les plus jeunes risquent en effet d’être effrayés par l’aspect des monstres, et pourraient ne pas comprendre les "boucles" temoprelles sont il est question dans le film. Les ados et les jeunes adultes seront sans doute davantage à leur aise avec les images et le scénario... mais les adultes seront peut-être ceux qui seront les mieux à même d’apprécier le film de Tim Burton, qui retrouve ici l’inspiration de ses débuts, en laissant de côté les facilités auxquelles il avait pris l’habitude de céder.
Il ne reste plus qu’à espérer que cela ne soit que le début du renouveau pour ce génial réalisateur qui a sans doute encore, même si on pouvait en fouter, beaucoup de choses à donner aux spectateurs et à ses nombreux fans.