Timecrimes (Los Cronocrimenes)

Un bon film ne passe jamais inaperçu. Sorti uniquement en DVD, Timecrimes a finalement remporté le prix du meilleur inédit vidéo à Fantastic’Arts 2009 ... et une remake est déjà prévu pour 2011, avec comme réalisateur le grand David Cronenberg ! On peut difficilement imaginer un plus bel hommage...
Hector est un homme tout ce qu’il y a de plus banal, qui semble avoir une petite tendance au voyeurisme et ne quitte apparemment jamais sa paire de jumelles... ce qui lui permet un jour d’apercevoir dans des bois près de chez lui une femme en train de se déshabiller. Evidemment, il ne peut s’empêcher de l’approcher et se fait alors agresser par un mystérieux inconnu au visage masqué par des bandages ensanglantés. Sa fuite l’amène par hasard dans un étrange laboratoire, où il va faire un court voyage dans le temps qui va l’amener un jour dans le passé... mais il n’est plus désormais qu’un double de l’autre Hector qui vit dans ce nouveau présent (et qui n’a pas encore effectué le voyage vers le passé). En essayant d’intervenir pour retrouver sa place de seul et unique Hector, il ne fera hélas qu’empirer la situation ...
Ce serait franchement dommage d’en dire plus sur le scénario qui est le principal (pour ne pas dire le seul) atout de ce film remarquable. Car le réalisateur espagnol, pour son premier long-métrage, ne fait aucune concession aux modes actuelles qui auraient pu le conduire à faire de son film un slasher sanguinolent truffé de références à des classiques de la SF. Car Timecrimes n’est résolument pas un slasher (il y a en tout et pour tout dans le film un seul coup de paire de ciseaux dans le bras d’Hector) et il ne contient aucune référence à quelque film que ce soit !
Pourtant, on ne peut s’empêcher de penser à Un Jour Sans Fin, pour le côté répétitif de nombreuses scènes (qui ne sont pas ennuyeuses pour autant), à Retour Vers le Futur pour l’exploitation des paradoxes temporels ou encore à L’Effet Papillon pour l’inexorable spirale qui entraîne le héros dans des situations de plus en plus inextricables ! Mais Timecrimes a pour lui une petite originalité, c’est qu’il constitue pour le spectateur un véritable casse-tête ! Mieux vaut en effet être bien réveillé pour suivre le scénario plutôt subtil et ne pas passer à côté du moindre détail... car les détails sont importants dans ce film tout en finesse.
Un film qui est également, par moments une comédie. Certes, Nacho Vigalondo n’a pas réellement introduits de "gags" dans Timecrimes ... mais il faut avouer que les mésaventures de Hector, à la longue, finissent par faire sourire et parfois rire. Karra Elejalde (déjà vu dans Action Mutante), bedonnant et incapable de courir 10 mètres sans s’écrouler complètement essoufflé, campe avec talent un véritable anti-héros qui perd le contrôle des événements et de sa vie dès les premières minutes du film et accumule ensuite les mauvaises décisions et les gaffes avec un naturel confondant, tel un Mister Bean égaré dans des méandres temporels qui le dépassent ...
Sans jamais céder à la facilité, sans budget, sans effets tapageurs et sans aucune compromission, Nacho Vigalondo réussit avec Timecrimes (dont il est également le scénariste) un véritable exploit : celui de tenir en haleine le spectateur en allant à l’encontre de toutes les recettes hollywoodiennes. Le cinéma hispanique a décidément bien de la chance d’avoir des réalisateurs de ce calibre...
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