Animatrix (Mangas/Animés)
Andy et Larry Wachowski se sont grandement inspirés des animés japonais, le reconnaissant eux même, tant au niveau visuel que scénaristique (par exemple on cite souvent l’univers cyberpunk de Ghost in the shell -au passage lui même inspiré de Blade Runner-...) ; Pourtant, passé le coté tape à l’oeil de l’effet "bullet time" devenu depuis célèbre (et usé jusqu’à la corde du même coup...), force est de constater que l’univers qu’ils ont créé et adapté, aussi riche et réussi soit il par moment, est au final plutôt fade et répétitif, souvent sous exploité à tous les niveaux, voir caricatural parfois (notamment Matrix 2 Reloaded...) et avec le recul sur la trilogie complète, cet univers n’est malheureusement pas si original et bien fait que ça... que manquerait il alors à Matrix ? si on commençait par des développements scénaristiques et des visuels un peu plus audacieux ? bingo : voilà les Animatrix !
Dans l’idée de faire des animés les frères Wachowski sont allés au Japon avec leur projet "Matrix - Animatrix" sous le bras (ils ont écrit les scénarios de 2 courts) et ont eu l’intelligence de faire confiance à des grands noms du manga (réalisateurs, animateurs, designers...) pour leur soumettre ce projet original et leur confier des réalisations :
— Mahiro Maeda (Nausicaä de la vallée du vent, Le Chateau dans le ciel, Porco Rosso, Blue submarine n°6, l’animé de Kill Bill, Vision d’Escaflowne...),
— Shinichiro Watanabe (Cowboy Bebop, Macross Plus, Samurai champloo),
— Yoshiaki Kawajiri (Ninja Scroll, Vampire Hunter D : Bloodlust, Cyber City Oedo 808, Demon City Shinjuku, Highlander : The Search for Vengeance),
— Koji Morimoto (Kiki la petite sorcière, Akira, Macross Plus, Blue submarine n°6),
— Peter Chung (The Transformers, Aeon Flux, The Chronicles of Riddick : Dark Fury)...
Si vous n’avez pas vécu dans une grotte ces 30 dernières années vous avez surement vu leur travail à un moment ou un autre...
Tantôt passionnant, souvent surprenant, chaque court métrage apporte une richesse supplémentaire à l’univers cinématographique Matrix "wachowskien" à travers la touche artistique et le talent de chaque réalisateur... de véritables "essais animés" en quelque sorte, doublés d’une "adaptation inversée" (partant d’un film avec de vrais acteurs allant vers le dessin -pas si courant que ça-), pari gagnant en tous cas !
Il est bon malgré tout de préciser, pour les âmes sensibles, qu’il s’agit d’animés pour adultes, certaines scènes de la plupart des courts métrages ci-dessous peuvent être choquantes.
+"Dernier vol de l’Osiris" de Andy Jones écrit par les frères Wachowski (9min)
Histoire croisée avec la trilogie des frères Wachowski, les faits se déroulent chronologiquement juste avant ou pendant Matrix 3 Révolutions lorsque les machines préparent le siège de Zion. Un équipage de vaisseau découvre les milliers de sentinelles et les foreuses qui s’organisent 4km au dessus de la ville... Pour prévenir Zion, ils n’ont d’autre choix que d’entrer dans la Matrice.
Court métrage rythmé, très tourné action ! "Dernier vol de l’Osiris" est le seul court métrage des Animatrix réalisé par une équipe américaine (mais de la compagnie japonaise Square) et j’ai envie de dire, ça se voit un peu, ça se ressent en tous cas (peut être un peu moins de finesse et plus de tape à l’oeil mais ça a son charme aussi...).
Tout est en 3D et la qualité des effets 3D est là, tout comme une utilisation importante de motion capture, il se rapproche beaucoup visuellement de "Final Fantasy, les créatures de l’esprit". C’est peut être aussi le court métrage le plus proche de la trilogie cinéma autant dans le scénario que niveau visuel.
+"La Seconde Renaissance" de Mahiro Maeda : voilà à mon sens le poids lourd des Animatrix (en réalité 2 courts métrages à la suite), de la bonne SF passionnante ! (18min)
A partir des éléments distillés dans la trilogie des frères Wachowski sur les origines de la guerre avec les machines, Mahiro Maeda a fait un véritable travail d’écriture pour combler les trous et inventer toute l’Histoire ! (avec un grand H)
Dans Matrix 1, la guerre, la matrice, la surface... tout ceci n’est qu’effleuré par Morphéus lors de la première connexion de Néo, ce qui à mon sens est une très grosse erreur scénaristique pour toute la trilogie, le passage concernant la découverte de la réalité et l’existence de la matrice étant sûrement le moment le plus passionnant de la trilogie !
Les explications concernant le passé et le présent sont ici développées ! et quel plaisir vraiment ;
Archive historique de Zion, fichier historique n°12-1 ; "Au commencement il y avait l’homme... et pendant un temps tout se passa bien..."
Le ton est donné crescendo : La sensation de supériorité de l’homme envers ses machines subordonnées, sa vanité, le feu aux poudres du premier meurtre commis par un robot nommé B1-66-ER, la loi évoquant le droit du propriétaire à disposer de sa chose et le cyborg déclarant simplement lors de sa condamnation à la destruction "je ne veux pas mourir", la grande manifestation dite du "million de machines", des exécutions sommaires d’androïdes, un génocide de robots commis par les hommes... puis l’émergence d’une nouvelle nation indépendante intégralement robotisée nommée "01", d’une nouvelle race même, celle des machines !
Tout est décortiqué en accéléré, la genèse de tous les phénomènes sociaux, politiques et idéologiques que tout cela implique... jusqu’à ce que les machines dépassent économiquement leurs créateurs ! là on ne rigole plus... sans aucun pourparlers une guerre totale est déclarée avec l’opération "Dark Storm" ; puis finalement la création de la Matrice, les premières expérimentations et les premières "récoltes"...
Si la trilogie des frères Wachowski donne clairement le sentiment que les humains sont de "pauvres victimes", ce court métrage vient largement pondérer ces propos... on peut même se demander si au final la matrice n’est pas au lieu d’un "générateur d’énergie" plutôt un outil de "préservation de la race humaine" qui aurait été créé par le "bon coté" des machines, car après tout la race humaine était au bord de l’éradication totale (enfin tout ceci est ouvert à spéculations).
Avènement d’une intelligence artificielle qui s’améliore par elle même au point de se retourner contre son créateur, des cyborgs au look très "I-Robot", nous sommes proches de Isaac Asimov... mais il y a beaucoup de thèmes sous-jacent : la peur des machines et de l’avenir de l’industrialisation, la place de la robotique par rapport à la main d’oeuvre humaine, les conditions de travail et l’esclavagisme -même s’agissant de robots à partir du moment où il y a une intelligence autonome -même artificielle-, peut on encore parler d’un "simple outil" ?-, le tout pour démonter au fond des "mécanismes guerriers" profondément humains (dans tous les sens possible du terme...) que l’on ne connait que trop bien... ce court métrage serait une merveille d’inspiration pour un long métrage pour peu qu’on le développe un minimum.
Esthétiquement il se situe dans un style entre dessin classique et 3D, attention tout de même à certaines scènes notamment la 2ème partie.
+"Histoire d’un enfant" (L’histoire du Kid) de Shinichiro Watanabe écrit par les frères Wachowski (9min)
Ce court métrage s’attache à l’histoire du Kid jeune ado maladroit qu’on retrouve dans