Umbrella Academy
En 1989, un peu partout dans le monde, 43 femmes qui n’étaient pas enceintes accouchent d’enfants dotés d’incroyables capacités. Un milliardaire excentrique, Reginald Hargreeves, en adopte sept et décide de les élever et de les former pour constituer une équipe de super-héros. Dix sept ans après, l’équipe, devenue célèbre pour ses exploits, s’est éparpillée. Mais la mort mystérieuse du milliardaire fait revenir cinq d’entre eux dans le manoir où ils ont grandi... et même un sixième, qui avait disparu lorsqu’ils étaient enfants et fait son retour, apparemment sans avoir vieilli, pour leur annoncer qu’il leur reste huit jours avant l’apocalypse !
Tiré d’un comics de chez Dark Horse, de Gerard Way et Gabriel Ba, produite et diffusée par Netflix, la série est une très bonne surprise.
Originale à tous les niveaux, elle innove avec un générique qui est sans doute le plus court de tous les génériques jamais vus, tout en changeant à chaque épisode (on n’en dira pas plus) !
Elle innove aussi par son scénario, qui mêle habilement des éléments de différents domaines de la SF : super-pouvoirs, fin du monde et ambiance post-apocalyptique, animaux améliorés dotés d’intelligence et de la parole, androïdes, mais aussi voyage dans le temps, avec des agents temporels qui empruntent autant à la fameuse Patrouille du Temps de Poul Anderson qu’à ceux (plus récents) de L’Agence, le film inspiré de la nouvelle Adjustment Team de Philip K. Dick.
Et là où d’autres se seraient pris très au sérieux, les créateurs d’Umbrella Academy ont choisi de faire de ces agents des personnages à la fois redoutables (ce sont des assassins hyper-entraînés qui n’hésitent pas à recourir à la torture) et parfois drôles, par une forme de maladresse, par les masques qu’ils portent et par un comportement totalement décalé (l’un d’eux ne cesse de râler sur leurs conditions de travaillent et tombe amoureux d’une vieille vendeuse de donuts... De manière plus générale, l’humour, souvent assez grinçant, est très présent dans la série, notamment au travers des dialogues entre les différents personnages, aux personnalités radicalement différentes.
Si tout cela tient la route, c’est parce que la série bénéficie d’un casting exceptionnel. Il fallait bien ça pour interpréter, entre autres, un personnage d’une cinquantaine d’années coincé dans le corps d’un gamin de treize ans, un autre dont la tête est normale mais dont le corps est celui d’un gorille, et un autre encore qui est drogué, homosexuel et capable de dialoguer avec les morts (Robert Sheehan, déjà vu dans The Mortal Instruments) ! Et pour les autres personnages, on retrouve Ellen Page (la Kitty Pride des X-Men, vue également dans Inception et le remake récent de l’Expérience Interdite), Mary J. Blige, célèbre chanteuse de RnB couverte de Grammy Awards et excellente dans le rôle de la teigneuse cha-cha, ou encore Colm Feore (Paycheck, Les Chroniques de Riddick, L’exorcisme d’Emily Rose, Wargames : The Dead Code, The Amazing Spider-Man 2). Pas mal, pour une petite série... Et, ce qui est sans doute le plus important, tout ce petit monde fonctionne à la perfection ensemble, ce qui rend les personnages encore plus attachants ! A cet égard, les personnages et acteurs d’Umbrella Academy présentent la même alchimie que ceux de séries cultissimes telles que Star Trek (la série originale) ou Firefly.
Et au delà de la SF... quoi de mieux pour donner de l’intérêt à une série qu’une intrigue à base de secrets de famille ? A ce niveau-là, les amateurs du genre ne seront pas déçus, les scénaristes n’ayant pas lésiné. Un père psycho-rigide hyper exigeant et affectivement inexistant, qui ne s’est même pas donné la peine de choisir un prénom pour ses enfants adoptifs, se contentant de les numéroter, une fille mise à l’écart de ses frères et sœurs car dénuée de pouvoirs, un fils méprisé pour son inaptitude à développer son potentiel, un autre écrasé par la responsabilité pesant sur ses épaules (très larges, cela dit...) de leader, une mère adoptive androïde à l’image de la femme idéale des années 50 (bonjour les clichés sexistes), un chimpanzé parlant en guise de grand-père, sans oublier un étrange individu qui semble avoir une revanche à prendre sur la famille, un frère adoptif amoureux de sa sœur adoptive... et tout ce petit monde cache bien son jeu et ses rancoeurs, du moins jusqu’à l’approche de l’apocalypse, événement qui va révéler bon nombre de secrets qui ont été ou seront autant de traumatismes pour les héros de la série !
Si on ajoute à cela une bande originale souvent excellente (et souvent décalée), des effets spéciaux et des scènes d’action réussies, on comprend que Netflix ait passé commande d’une saison 2. Pour le plus grand bonheur des fans !