La Peau sur les Os (Thinner)

Billy Halleck est avocat dans une petite ville américaine. Il est également obèse et ne fait pas grand chose pour perdre du poids. Mais sa vie bascule lorsque, rentrant d’une soirée un peu arrosée et distrait par sa femme qui lui fait une petite gâterie alors qu’il est au volant, il renverse et tue une vieille gitane qui traversait la route. Etant un notable de la ville, il est blanchi de toute responsabilité dans cet accident et les gitans ne tardent pas être expulsés de la ville. Mais leur chef Tadzu Lempke, le père de la gitane, n’entend pas en rester là. Il lance une malédication à Billy, qui commence à perdre du poids, au rythme effrené d’un kilo par jour...
Publié en 1984 sous le pseudo de Richard Bachman, le roman La Peau Sur les Os n’est pas le meilleur Stephen King même s’il est, comme toujours ou presque avec cet auteur, plutôt prenant et distrayant. Mais il méritait bien d’être adapté au cinéma, ne serait-ce que pour son scénario assez original, simple mais efficace, qui aurait eu sa place dans une série comme Les Contes de la Crypte ou Les Maîtres de l’Horreur, mais qui supporte néanmoins sans problème la durée de 92 minutes.
A une époque où chacun ne songe qu’a perdre ses kilos en trop, Stephen King a imaginé, en prenant cette tendance à contre-pied, un cauchemar personnel dans lequel le héros perd kilo après kilo, sans raison, sans explication, même lorsqu’il essaie de reprendre du poids... Enfin, héros, c’est peut être un bien grand mot. Car ce Billy Halleck n’est pas si sympathique que ça. C’est un bon avocat, un bon père de famille... mais il est également assez arrogant, n’hésite pas à défendre et à faire libérer un malfrat notoire et n’éprouve guère de culpabilité à l’idée d’avoir tuée une vieille femme ! Et la malédiction qui s’abat sur lui ne fera qu’acentuer ses mauvais côtés, jusqu’à ce qu’il finisse par appeler à l’aide la malfrat en question...
Il n’y a pas de héros non plus du côté des gitans qui, il faut bien l’avouer, ne sont guère sympathiques. Entre le vieux chef qui se fait justice lui-même à coups de malédictions (puisqu’il élimine également les "complices" de Billy) et la jeune et séduisante - mais horripilante - gitane qui ne cesse de harceler tous ceux qui lui déplaisent avec son lance-pierre, on croirait davantage voir un clip de l’UMP justifiant la politique gouvernementale à l’égard des Roms qu’un hymne à la gloire d’un peuple libre et un peu sauvage...
Mais finalement, c’est tout l’intérêt du film de Tom Holland, également réalisateur du réjouissant Vampire, Vous Avez Dit Vampire ? et du fameux Jeu d’Enfant (le premier Chucky) de nous présenter une galerie de portraits finalement assez peu flatteurs de l’amérique profonde ! Une amérique qui se goinfre dans la joie, maigrit dans l’angoisse du cancer, dont le système judiciaire punit les faibles et fait preuve de mansuétude à l’égard des puissants (un thème d’actualité ...), tolère voire encourage l’auto-défense jusqu’à l’excès et règle ses comptes en douce, façon "Desperate Housewives" avec une tourte empoisonnée.
Evidemment, un tel film ne pouvait pas bien finir et on retrouve ici le pessimisme (plutôt rare chez Stephen King) de Simetierre, avec un personnage principal qui finit par "péter les plombs" (même si la fin du roman diffère un peu de celle du film). Et même si La Peau Sur Les OS n’atteint jamais l’intentisité dramatique de Misery ou de La Ligne Verte, il faut bien avouer que Tom Holland n’a pas eu les mêmes moyens, avec un casting d’acteurs très mineurs, et qu’il s’en est néanmoins bien sorti avec ce film qui nous change un peu des vampires et des loups-garous qui ont envahi les écrans ces dernières années !
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