Jeu d’Enfant (Child’s Play)
Au même titre que le Jason des Vendredi 13, que le Michael Myers des Halloween de Carpenter, que le Freddy de Wes Craven... Chucky est un des personnages incontournables du cinéma fantastique / horreur de la fin du XXème siècle. Mais il n’est ni un psychopathe, ni un être à moitié démoniaque, ni une créature de cauchemar. Chucky, c’est juste une poupée... Chucky, pour un enfant, c’est son "ami pour la vie" ...
Ce film est un des rares à l’époque, avec L’Emprise des Ténèbres en 1987 de Wes Craven, à exploiter le thème pourtant riche du vaudou. Car c’est bien connu, le vaudou utilise des poupées ...
Ici, toutefois, la situation est un peu différente : car le prêtre vaudou et tueur Charles Lee Ray (amalgame de divers noms de serial killers américains), abattu dans un magasin de jouets, transfère son esprit dans un poupée "Brave Gars".
Pas de chance, c’est le gentil garçon d’un gentille maman qui va acheter la poupée ... et là c’est l’horreur qui commence pour la petite famille... mais c’est aussi le début du bonheur pour les amateurs de films d’épouvante / horreur !
Car Chucky, ce n’est pas seulement une poupée malfaisante... c’est l’incarnation même de l’impolitiquement correct. Tom Holland nous met déjà dans l’ambiance avec des décors et des scènes qui sont loins, très loins, du rêve américain auquel certains voudraient nous faire croire. Travailler plus pour gagner plus certes, mais au détriment de son fils, tel est le choix de la mère d’Andy, et c’était en 1988 ...
Mais Chucky va mettre les choses au point. Le gentil doudou parlant va se transformer en monstre tueur proférant les pires insultes ... et dans un premier temps, le spectateur ne peut s’empêcher d’y prendre un certain plaisir, tant cette critique de cette absurde société de consommation qui en arrive à idolâtrer des poupées de plastique (il a perdu son doudou, il faut absolument retrouver son doudou !) semble salutaire.
Mais Chucky, c’est aussi le mal à l’état pur. Et une fois passée la jubilation, il faut supprimer la menace. Hélas ...
Toutefois Chucky reviendra ! Le Fils de Chucky ... La Fiancée de Chucky ... Le filon est loin d’être épuisé ! On remplacerait "Chucky" par "Frankenstein", on ne verrait pas la différence avec les titres de certains vieux films . Ce qui montre bien que ce Chucky, l’air de rien, est peut être à notre époque ce que Frankenstein était aux années 50 et 60 ... une sorte de légende urbaine, un mythe représentatif de nos angoisses les plus profondes.
Et si nos jouets n’étaient finalement, d’une certaine façon, que des monstres ... ?
Commentaires (fermé)