Un réalisateur + un réalisateur = un nanar ?
C’est une nouvelle mode et le procédé a tendance à se répandre ces dernières années : deux frères, deux amis, ou tout simplement deux personnes qui s’imaginent avoir des compétences complémentaires, s’attellent à la réalisation d’un film. Pour le meilleur parfois, mais dans la plupart des cas pour le pire !
Au cinéma, les mathématiques ne fonctionnent pas et les talents ne s’ajoutent pas. Deux mauvais réalisateurs ne font pas un réalisateur moyen et deux réalisateurs moyens ne font pas un bon réalisateur. C’est ce qu’il faut retenir des multiples expériences de co-réalisation tentées ces dernières années. En voici quelques illustrations...
Alien vs. Predator de Paul Anderson n’était pas un chef d’oeuvre... mais que dire de Alien vs. Predator : Requiem, signé par Colin et Greg Strause ? Et quelques années après, les deux frères récidiveront avec le divertissant mais quelconque Skyline...
L’association de deux réalisateurs est d’ailleurs souvent formée de frères. C’est le cas de Oxide et Danny Pang (la trilogie The Eye mais aussi Les Messagers, Re-cycle), de Albert et Allen Hugues (From Hell, Le Livre d’Eli), d’Alex et David Pastor (Infectés).
Il étaient deux également, James Mather et Stephen St Leger, pour réaliser l’insipide Lock Out (parfois connu sous le titre MS One).
On pourrait aussi citer l’association entre Mans Marlind et Bjorn Stein, qui a donné un quatrième volet plutôt médiocre à la saga Underworld (mais aussi un film plutôt intéressant, Le Silence Des Ombres).
Et récemment Mark Neveldine et Brian Taylor s’y sont mis à deux pour rater la suite/reboot de Ghost Rider... mais on leur pardonnera en se souvenant qu’ils ont réalisé ensemble l’excellent Ultimate Game.
Le phénomène n’est pas exclusivement américain et touche également la France, puisque David Moreau et Xavier Palud se sont associé pour remplacer Danny Pang dans leur remake de The Eye.
Evidemment, il ne concerne généralement que des réalisateurs débutants et inconnus... Il faut dire qu’on a du mal à imaginer Steven Spielberg, John Carpenter, David Cronenberg ou Sam Raimi (pour ne citer qu’eux) partager la réalisation d’un film avec un autre réalisateur, aussi prestigieux soit-il (Spielberg et Lucas, par exemple, se sont répartis les tâches de manière bien précise sur les films de la saga Indiana Jones).
Ca semble d’ailleurs assez logique. On qualifie souvent le cinéma de "septième art" et on sait bien que l’art est une activité essentiellement individuelle et non pas collective. Alors bien entendu, lorsqu’il s’agit de produire une série B, un film conçu comme un produit, en suivant des recettes éculées, on peut s’y mettre à plusieurs. Deux réalisateurs... et pourquoi pas trois ou quatre ? Ou aucun ? Car finalement, pour "pondre" ce genre de film, le nombre de réalisateur(s) importe peu !
Mais évidemment, meme s’il devait y avoir une règle selon laquelle l’assocation de deux réalisateurs ne peut donner qu’un nanar , il y aurait une exception. C’est même THE exception, puisqu’il s’agit d’un des meilleurs films de SF de l’histoire du cinéma : Matrix, réalisé par les frères Wachowski. Mais n’oublions pas qu’ils ont également "commis" Speed Racer)...
On le voit avec les exemple cités ci-dessus, lorsque deux réalisateurs se partagent la direction d’un meme film, le résultat est parfois affligeant... mais il peut aussi etre tout à fait correct, intéressant, voire génial ! Pour répondre à la question posée par le titre de cet article, il ne s’agit donc pas toujours d’un nanar. Mais... méfiance quand meme !
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