It Follows
Jay est un adolescente des plus ordinaires... jusqu’au jour où elle fait la mauvaise rencontre. Après avoir fait l’amour avec un son nouvau petit ami Hugh, elle se retrouve ligotée sur chaise. High lui raconte alors une incroyable histoire. Il serait victime d’une étrange malédiction, poursuivi par une entité capable de prendre n’importe quelle forme, qui cherche à le tuer. Selon lui, cette malédiction serait sexuellement transmissible et après avoir fait l’amour avec Jay, c’est qui serait désormais visée. Désormais, Jay doit à son tour transmettre la malédiction avant d’être victime de l’entiré... mais attention, car si le porteur suivant vennait à se faire tuer, la malédiction reviendrait sur elle...
Le principe de la menace qui se transmet d’une personne à une autre, d’un corps à un autre, n’est pas nouvelle... qu’il s’agisse d’un parasite extra-terrestre dans The Hidden, de l’esprit d’un tueur en série dans Shocker ou d’un démon dans Témoin Du Mal. Ici toutefois, l’originalité vient de la nature sexuellement transmissible de la menace... On pourrait trouver ça un peu léger, mais l’intérêt du film de David Robert Mitchell* ne se situe non pas dans son scénario, qui est finalement plutôt quelconque, mais plutôt dans sa réalisation parfaitement maîtrisée et redoutablement efficace.
Car si on compare It Follows aux trois autres films précédemment cités, pourtant des références du genre ( grand prix du festival d’Avoriaz 1988 pour Hidden, réalisation signée Wes Craven pour Shocker), il s’avère qu’il est indéniablement le plus angoissant, le plus flippant, le plus effrayant !
It Follows, c’est un cauchemar... le genre de cauchemar qu’on peut faire après une très mauvaise journée, alors que le vent souffle et qu’il pleut dehors, et qu’on a mélangé alcool et nourriture trop riche ! D’ailleurs, le réalisateur (et scénariste) du film l’a révélé : le film est inspiré d’un cauchemar récurrent de son enfance. Le genre de cauchemar qu’on a tous fait, dans lequel on est poursuivi par quelque chose ou quelqu’un qui, quoi qu’on fasse, ne cesse de se rapprocher.
La créature (ou la chose, ou l’entité) du film n’est pourtant pas rapide... elle avance à la vitesse d’un zombie mais comme dans nos pires cauchemars, son avancée est inéluctable, irresistible. Et pour ajouter une dose de suspense supplémentaire, elle est capable de prendre n’importe quelle apparence, y compris (et surtout) celle des personnes les plus proches de ses cibles et ne peut être vue que par la personne qu’elle poursuit.
On comprend donc très vite que la victime de la malédiction peut dans un premier temps facilement échapper à la menace... mais on comprend aussi très vite que sa vie deviendra rapidement un enfer, condamnée à fuir en permanence et à passer pour folle, et que tôt ou tard elle finira par être rattrapée...
Pour cela, le réalisateur joue sur une ambiance qu’il tente de rendre la plus réaliste possible. Sans aller jusqu’au "found footage" (ouf !), David Robert Mitchell nous propose des images brutes, peu travaillées, avec des éclairages naturels (ou qui semblent l’être), à l’opposé des images léchées et des décors sophistiqués qu’on trouve parfois dans certains films d’horreur.
Et il prend son temps pour faire avancer l’histoire, introduisant volontairement dans son film une certaine lenteur, comme celle que l’on peut ressortir dans un cauchemar lorsqu’on tente de s’enfuir alors même qu’on a l’impression de courir au ralenti... Cela lui permet aussi de s’intéresser à ses personnages, interprétés par des acteurs inconnus, mais auxquels on finit par s’attacher, sur fond d’une petite histoire d’amour, insignifiante et néanmoins touchante.
Résultat, on se retrouve rapidement englué dans cette histoire de malédiction dont on ne connaîtra jamais ni l’origine ni les raisons... et dont la fin reste elle aussi sujette à interprétation. C’est souvent la marque des meilleurs films fantastiques et celui-ci en fait partie. Ce n’est pas un hasard s’il a reçu un accueil critique quasi-unanime et a remporté le Grand Prix et le Prix de la critique au Festival de Gerardmer 2015. Les films d’horreur qui méritent cette appellation sont rares et celui-ci en fait partie !
* Si on en croit la "théorie des 3 prénoms", le réalisateur est un tueur en série en puissance !