Cronos
Bon nombre de grands réalisateurs "spécialisés" dans la Science Fiction ou le fantastique ont démarré leur carrière avec des films un peu déjantés, des sortes de délires cinématographiques d’adolescents, provocateurs, extrémistes et parfois drôles On pense aux Evil Dead de Sam Raimi, à La Dernière Maison sur la Gauche de Wes Craven, à Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper, à Bad Taste de Peter Jackson et même, dans un autre registre, au Dark Star de John Carpenter. Loin de cet esprit de provocation, le premier film de Guillermo Del Toro est certes un film d’horreur, mais tout en finesse et en subtilité...
Un vieil antiquaire découvre par hasard un objet soigneusement dissimulé dans le socle d’une statue : un scarabée en or. En le manipulant, il déclenche un étrange et redoutable mécanisme d’horlogerie ... et le scarabée le pique, lui injectant une mystérieuse substance. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il vient de découvrir un objet dans lequel un alchimiste du 14ème siècle a enfermé le secret de l’immortalité, un secret très convoité, notamment par un milliardaire vieillissant et malade. L’antiquaire constate rapidement que son état de santé s’améliore ... une seconde piqure du scarabée confirme ses impressions : il rajeunit à vue d’oeil ! Mais à la différence du milliardaire, il ne sait pas qu’il y a un prix à payer ...
Peu d’effets spéciaux spectaculaires dans ce premier long-métrage de Guillermo Del Toro, mais un scénario en béton armé, brillant, original et très riche, dans lequel on retrouve bon nombre des thèmes chers au réalisateur : les insectes (Mimic) avec le scarabée, la religion (l’Echine du Diable) avec un antiquaire du nom de Jesus Gris, les monstres en tous genres et une fascination pour le temps et les mécanismes d’horlogerie. On trouve également dans Cronos une petite fille omniprésente (les héros de l’Echine du Diable et du Labyrinthe de Pan sont eux aussi des enfants) qui assiste avec une apparente indifférence (elle ne prononce qu’un seul mot dans tout le film) à la descente aux enfers de son grand-père. Et on y découvre un Ron Perlman débutant, de nombreuses années avant Hellboy.
Au passage, Guillermo Del Toro revisite le thème du vampire et nous livre quelques scènes assez malsaines et dérangeantes qui font de Cronos un véritable film d’horreur, sans avoir toutefois recours aux artifices et clichés habituels. Certes, le rythme est sans doute un peu trop lent ... mais on ne s’ennuie pas une seule minute et on a le sentiment à la fin d’avoir vu quelque chose de rare et d’unique. C’est peut être grâce à des films comme Cronos qu’on appelle parfois certains réalisteurs des artistes ...
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