Norman Spinrad
Lutte entre le pouvoir des média et le pouvoir de l’argent dans Jack Barron et l’Eternité ; lutte entre le pouvoir d’un individu et le pouvoir d’une collectivité dans le Miroir des Esprits ; lutte pour le pouvoir dans le couple, ainsi que lutte entre le pouvoir scientifique et le pouvoir politique dans La Grande Guerre des Bleus et des Roses ... on pourrait multiplier les exemples, tant Norman Spinrad semble obsédé par cette thématique ! Il est même allé, avec Rêve de Fer, jusqu’à écrire un roman uchronique sur un Adolf Hitler qui aurait pris le pouvoir aux Etats Unis ! Une nouvelle preuve de sa fascination pour toutes les formes de pouvoir ?
D’une certaine manière, Norman Spinrad est à la littérature ce que Paul Verhoeven est au cinéma : un provocateur doté d’un formidable talent, avec un goût prononcé pour le sexe et la violence (regardez Starship Troopers et relisez Le Chaos Final de Spinrad, vous verrez qu’il y a un certain nombre de similitudes dans leur conception de la boucherie) ... mais sans oublier pour autant de raconter de bonnes histoires, en faisant passer des message qui ne sont généralement pas tendres pour la société américaine.
A part ça, que dire de Spinrad ? Que son écriture peut être violente, voire gore, qu’il a été un des premiers (avec d’autres auteurs de la "nouvelle vague" à introduire le langage de tous les jours (pour ne pas dire plus ...) dans la SF, en même temps que le sexe et la violence... que ses thèmes sont toujours très proches de notre réalité quotidienne (L’émission TV de Jack Barron ne serait-elle pas le premier exemple de rélé-réalité de l’histoire ?), très polémiques, et très politiques.
Bien sur, Spinrad a écrit de la Science Fiction "classique", mais ce n’est pas la partie la plus intéressante de son oeuvre... même s’il est le scénariste d’un excellent épisode de la série originale de Star Trek, La Machine Infernale.
Et il y un autre aspect intéressant chez Spinrad : il pose des questions, de nombreuses, intéressantes et importantes questions ... mais il ne donne pas les réponses. Du coup, ça oblige le lecteur à réfléchir, ce qui n’est pas si courant ! Et c’est vrai que ces romans sont de superbes prises de tête ! Car rien n’est jamais noir ou blanc chez Spinrad. Quel prix seriez-vous prêt à payer pour l’immortalité ? Quel prix pour la réussite, le succès et la gloire ? Quel prix pour vivre au paradis ? Quel prix pour une vie de couple heureuse ?
Mon rêve de fan : voir les romans de Spinrad portés à l’écran. Et en particulier Jack Barron et l’Eternité, qui contient tous les ingrédients d’un grand film. Quoi que ... les miroirs de l’Esprit pourrait également se révéler un petit bijou (évidemment sans Tom Cruise ni John Travolta, ce roman étant une violente charge contre l’Eglise de la Scientologie) !