Peur Bleue (Deep Blue Sea)
C’est bien connu : les requins peuvent vivre très, très longtemps. Et comme on n’a encore jamais vu un requin gâteux, on en déduit que ces bestioles ont peut-être un mécanisme inné de défense contre la maladie d’Alzheimer ! C’est en tout cas la théorie d’une scientifique, qui a identifié une protéine dans le cerveau des requins, susceptible de constituer un traitement à cette terrible maladie. Mais elle a besoin pour ses recherches d’augmenter la masse cérébrale des requins. A force de manipulations génétiques, elle finit par obtenir ce qu’elle veut ... mais les requins génétiquement modifiés sont plus forts et surtout beaucoup plus malins qu’elle pouvait l’imaginer ...
Renny Harlin, en vieux routier des films d’action, ne fait pas dans la dentelle. Là où Spielberg jouait la carte de la subtilité, de la peur de ce qui se situe en dessous de notre champ de vision lorsque nous sommes dans l’eau, d’une lente montée du suspense, Renny Harlin préfère jouer sur une situation d’isolement total d’une poignée de personnages qui se retrouvent piégés dans une base flottante (et sous-marine) par des requins diaboliquement intelligents.
Car ce qui aurait pu n’être qu’un incident de parcours (un chercheur au bras arraché par une des bestioles) tourne à la catastrophe, l’hélicoptère venu le rapatrier en pleine tempête finissant par s’écraser sur la base !
A partir de là, nos héros doivent alors tenter d’échapper à la noyade, aux incendies et explosions qui se déclenchent les unes après les autres ... et aux requins, qui sont évidemment très gros, très rapides et très agressifs ! C’est Abyss et Les Dents de la Mer réunis ...
Si on met de côté l’idée de départ assez farfelue, le scénario est remarquablement bien construit et les personnages particulièrement attachants, même s’ils sont un peu "stéréotypés" : la chercheuse obsédée, l’homme à tout faire aventurier, ex-taulard mais au grand coeur, le scientifique timide et farfelu, le milliardaire meneur d’hommes au passé pas si clair que ça ... mais ça fonctionne plutôt bien, il faut l’avouer !
Il faut dire que le film ne manque pas d’humour et même de second degré, ce qui est assez inhabituel dans ce genre de production. Et de ce point de vue là, la meilleure scène du film est sans aucun doute la mort totalement inattendue du personnage interprèté par Samuel. L. Jackson (je n’en dirai pas plus) ! Le faire mourir en plein cliché, comme ça, c’’était vraiment bien vu !
Mais dans le genre second degré, le personnage de ce cuisinier surprenant et plein de ressources (non, rien à voir avec Steven Seagal) n’est pas mal non plus. Il faut dire que LL Cool J (oui, c’est aussi un rappeur, comme son nom l’indique !) est remarquable dans ce rôle, la véritable révélation du film !
Quant aux scènes d’action... là, on est dans le domaine préféré de Renny Harlin et ça se sent : elles sont impecables et efficaces. Ca coupe, ça tranche, ça machouille et ça démembre à tour d’aileron. Certaines scènes sont peu crédibles, même si on accepte l’idée que ces requins ont une intelligence supérieure (comme celle dans laquelle un requin projette un homme ataché sur une civière pour briser une paroi vitrée)... mais bon, si on veut voir des requins crédibles, les documentaires de la BBC sont là pour ça, non ?
En fait, la seule ombre au tableau, ce sont ces effets spéciaux moyennement réussis, en particulier ces requins parfois très approximatifs... Mais ce n’est finalement qu’un détail et si les requins avaient été plus réalistes, le film n’en aurait pas été bien meilleur.
Que les choses soient claires : même si Renny Harlin s’amuse à rendre hommage de manière assez discrète au film de Steven Spielberg (avec la plaque d’immatriculation, notamment), Peur Bleue n’est en aucun cas un remake ou un dérivé des Dents de la Mer. Et le film n’a rien à voir non plus avec des séries B telles que la saga des Shark Attack. Peur Bleue n’est pas un chef d’oeuvre du cinéma, mais c’est un excellent film d’action horrifique, teinté d’un soupçon de SF (et de beaucôup d’hémoglobine) et de pas mal d’humour. De quoi passer un bon moment sans se prendre la tête !
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Aux fans de SF qui se poseraient la question : oui, on a déjà vu Saffron Burrows (la scientifique obsédée) : c’était dans Wing Commander, dans lequel elle était "Angel" Devereaux !