Devil
Quelques instants après qu’un homme se soit défenestré d’une haute tour, 3 hommes et 2 femmes prennent un ascenseur, qui se retrouve bloqué. Les 5 personnes se retrouvent isolées, leurs téléphones portables ne captant aucun signal et ne pouvant communiquer avec les agents de sécurité de l’immeuble. Pour ne rien arranger, le système électrique semble défaillant et les 5 personnes se retrouvent parfois plongées dans le noir. Lorsque la lumière revient, la première fois, l’une des deux femmes est blessée. La seconde fois, un des hommes est retrouvé mort. L’inspecteur de police Bowden, venu enquêter sur le suicide, déclare l’ascenseur « scène de crime » et ordonne que l’ascenseur soit réparé dans les plus brefs délais. Mais pour Ramirez, un des agents de sécurité, il s’agit de l’œuvre de Satan en personne, venu chercher quelques pêcheurs. Et selon lui, mieux vaut ne pas se mettre en travers du chemin du diable…
Un jour, paraît-il, M. Night Shyamalan en a eu marre d’entendre dire qu’il était meilleur réalisateur que scénariste (ce qui est pourtant une insulte toute relative) et il a eu envie de tenter une expérience : confier à de jeunes réalisateurs 3 scénarios*, pour une trilogie très justement nommée The Night Chronicles**, dont voilà donc le premier opus.
Et force est de constater que le scénario - sous réserve d’accepter le postulat de départ posé par la voix off de Ramirez, puisque c’est de lui qu’il s’agit - fonctionne bien. Se retrouver coincé dans un ascenseur n’a rien de particulièrement agréable. Se retrouver coincé dans un ascenseur et dans le noir, c’est encore pire. Mais se retrouver coincé dans un ascenseur, dans le noir, en compagnie d’un tueur, difficile de trouver plus stressant… A moins que ce tueur soit le diable en personne, auquel cas c’est encore pire !
Mais ça, aucun des personnages ne le sait… et chacun se garde bien de révéler ses petits secrets. Le vendeur de matelas ne dira à personne qu’il est un escroc. Le vigile récemment recruté n’avouera à aucun moment qu’il est une brute qui a failli tuer quelqu’un. Personne ne saura non plus que la vieille dame est une voleuse et la jeune femme une menteuse invétérée qui a prévu de quitter son riche mari en le soulageant d’une bonne partie de sa fortune. Des secrets que la rapide enquête de l’inspecteur Bowden révèle aux spectateurs… sans que l’on sache, toutefois, qui est le cinquième passager de l’ascenseur et quel est son secret (on le saura qu’à la fin)… ni lequel d’entre eux est le diable !
Ce qu’on comprend en revanche très vite, c’est qu’à chaque nouvelle panne de courant, l’un d’entre eux se fait tuer ! C’est d’ailleurs à la fois terriblement efficace pour le suspense mais aussi diablement (c‘est le cas de le dire…) frustrant pour le spectateur. Cela vaut aussi, d’ailleurs, pour les autres « accidents » qui surviennent dans les environs… notamment à ceux qui tentent de remettre l’ascenseur en marche ! Là où d’autres jouent à fond la carte du gore et du spectaculaire, Devil mise sur l’imaginaire du spectateur, en ne montrant strictement rien !
Certains trouveront sans doute ça décevant et mettront en cause le côté « cheap » du film, qui n’a coûté « que » 10 millions de dollars et ne compte aucun acteur connu. D’autres (dont je fais partie) trouveront cela singulièrement rafraîchissant et apprécieront ce parti-pris privilégiant le scénario plutôt que les images. C’est un bel exercice parfaitement maîtrisé et réussi par les réalisateurs, dont John Erick Dowdle, qui avait déjà à son actif The Poughkeepsie Tapes ainsi que Quarantine, le remake américain de Rec.
Et la fin, me demanderez-vousn sachant que M. Night Shyamalan est le champion toutes catégories du "twist" final ? Disons qu’elle n’est pas tout à fait inattendue, pour ce qui est de l’identité du diable. En revanche, le dénouement du film est plutôt étonnant et intelligent, bien qu’un peu trop moralisateur, sans doute...
* Pour Devil, il a été aidé par Brian Nelson, auquel on doit quand même le redoutable scénario de Hard Candy...
** Le second volet, intitulé Twelve Strangers, devrait sortir en 2012
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