Chroniques Martiennes
C’est décidé : l’humanité va coloniser Mars. Cela commence avec des expéditions d’exploration qui vont rencontrer quelques difficultés. Car Mars n’est pas tout à fait déserte et il reste quelques martiens, aux coutumes et aux pouvoirs étonnants. Accidentellement, l’arrivée des terriens va précipiter leur disparition et les colons vont pouvoir débarquer. Une chance pour eux, car sur terre tout va mal et une guerre est sur le point d’éclater... une guerre qui va laisser les colons terriens livrés à eux-mêmes, face à une planète qu’ils comprennent toujours aussi mal...
Ecrit à la fin des années 40 et au début des années 50, les nouvelles qui composent le recueil - qui se lit comme un roman - de Ray Bradbury sont évidemment très éloignées des connaissances qu’on a aujourd’hui de la planète Mars. Mais quand bien même ... Bradbury a toujours affiché le plus grand mépris pour la science et il ne fait aucun doute que la planète Mars qu’il a imaginée, avec ses cours d’eau et son atmosphère respirable, est bien plus passionnante que celle que nous connaissons aujourd’hui !
Michael Anderson, qui avait réalisé deux avant L’Âge De Cristal, assume ce choix de l’auteur et nous ici une adaptation cinématographique particulièrement fidèle dans l’esprit, même s’il a pris quelques libertés sur la forme, en y ajoutant une sorte de fil conducteur en la personne du personnage du Colonel Wilder, qui apparaît dans de nombreux "segments" du film. De la même manière, il n’a pas repris dans le film l’intégralité des 28 nouvelles du recueil (certaines ne comptaient qu’une ou deux pages), se concentrant sur une douzaine d’entre elles.
Pour une production télévisée, il réunit un casting de luxe, avec comme têtes d’affiche le grand Rock Hudson et Gayle Hunnicut, mais aussi Roddy McDowall (inoubliable Cornelius de la saga de La Planète des Singes), Fritz Weaver, Barry Morse (le fameux professeur Bergman dans la série Cosmos 1999). Et il n’hésite pas à aller tourner en extérieurs à Malte et à Lanzarote, ce qui donne des décors naturels et une lumière parfois superbes. Tout ce qui est "martien" est d’ailleurs très réussi dans les trois films, qu’il s’agisse des villes (ou ce qu’il en reste), des maquillages, des costumes ou du design des objets et machines martiennes. On ne peut en dire autant des éléments "terriens" du film... mais c’était peut être voulu. Et après tout, le look très fifties des fusées contribue aussi au charme un peu suranné qui se dégage des films.
Evidemment, tout ceux qui espéreraient voir de l’action seront déçus. Le réalisateur, comme Bradbury avant lui, ne s’intéresse absolument pas à un éventuel antagonisme entre terriens et martiens, encore moins aux combats qui pourraient les opposer. La conquête de Mars est pacifique, les martiens étant décimés par un de nos virus... et les trois films se concentrent sur les aventures humaines de quelques individus, quelques familles ayant choisi de tenter l’aventure martienne. Les Chroniques Martiennes, c’est un peu un space opera vu par le petit bout de la lorgnette... et on se retrouve ainsi à s’intéresser à un prêtre charchant à rencontrer Dieu, à un couple qui a investi dans un bar sur Mars, à un couple qui retrouve leurs fils disparu 6 ans avant, à un homme cherchant désespérément un autre humain sur Mars après que la planète ait été désertée...
Car le message de Bradbury est au fond assez simple : finalement, aussi loin qu’il aille, l’homme reste l’homme et il emmène avec lui ses problèmes, commet les mêmes erreurs, cherche à reproduire le mode de vie qu’il avait avant... Heureusement toutefois, la série (comme le recueil de nouvelles) se termine sur une note un peu plus optimiste. Mais pour arriver à cette happy end, il aura fallu que martiens et terriens paient le prix fort...
Comme le roman, la minisérie est une oeuvre forte, unique en son genre et ne laisse pas indifférent. On adore ou on s’endort... et on peut même détester une ambiance par moments très années 70. Mais ça vaut la peine d’y jeter un oeil, à condition bien sur d’arriver à mettre la main sur une VHS qui aujourd’hui est devenue une vraie rareté !
Commentaires (fermé)