Warm Bodies Renaissance
Quelques années après une mystérieuse épidémie, le monde est envahi de zombies. Les survivants sont regroupés dans un quartier d’une ville, entouré d’immenses murs fortifiés et n’en sortent que pour se procurer de la nourriture ou des médicaments. Lors d’une de ces sorties, un groupe de survivants est attaqué par les morts-vivants. Seule Julie, la fille du Général Grigio qui dirige la ville, échappe au massacre, sauvée par ... un des zombies. Entre eux, peu à peu, une forme de communication va s’établir. Car R, qui ne se souvient que de l’initiale de son prénom, n’est pas tout à fait un zombie comme les autres. Il se pourrait même qu’il représente un espoir de renaissance pour l’humanité. A condition qu’avec Julie, ils parviennent à échapper aux "ossies", ces zombies arrivés en phase terminale de leur évolution, ainsi qu’aux préjugés des survivants, en particulier ceux du père de Julie...
On imagine déjà les mauvais esprits comparant Warm Bodies à Twilight, qualifiant Nicholas Hoult de "sous Robert Pattinson" et son scénario d’invraisemblable...
Mais si on veut bien admettre que des êtres vivants pourraient mourir et néanmoins continuer à errer à la surface de notre planète, pourquoi le chemin inverse serait-il impossible ?
C’est l"idée de départ du roman pour jeunes adultes* d’Isaac Marion, dont le film est tiré. Une idée pas si idiote que ça et qui a surtout le mérite ne nous sortir enfin, après plusieurs dizaines de films qui n’en finissaient plus de se ressembler, de la routine habituelle et de l’impasse dans lequel se trouvaient les zombies et les spectateurs. Il était temps !
Oui, il y a bien une vie après la vie après la mort ! A condition quand même de ne pas avoir été contaminé trop longtemps... et c’est une autre trouvaille** du film et du roman de nous proposer des morts-vivants ayant évolué vers une forme ultime de "zombitude" (?) dont on ne revient pas, des créatures quasi-squelettiques auxquels les autres zombies vont finir par s’opposer, venant ainsi en aide aux humains !
Ca, c’est le côté guerrier et vaguement effrayant, pour les garçons qui iront voir le film. Les filles, elles, s’intéresseront davantage à l’histoire d’amour entre Julie et R, une histoire a priori impossible, comme celle de Twilight, mais aussi comme celle de Romeo et Juliette car les plus perspicaces d’entre vous n’auront pas manqué de remarquer la similitude des prénoms... et les problème que R va rencontrer avec la père de sa dulcinée !
La ressemblance avec Twilight s’arrête à cela et au maquillage de Nicholas Hoult, qui lui donne un vague air ténébreux "pattisonsonien". Mais autant on a du mal à comprendre qu’un vampire, avec tous ses pouvoirs, son immortalité et sa capacité à faire tomber les filles, puisse déprimer... autant on peut comprend qu’un zombie n’ait guère envie de rigoler ! Et la différence entre Twilight et Warm Bodies est celle qui existe entre une saga à l’eau de rose s’éternisant inutilement et frôlant par moments dangereusement le ridicule et une comédie romantique efficace, originale et même assez subtile.
On a d’ailleurs du mal à savoir si Warm Bodies est plus drôle qu’émouvant, ou l’inverse (ne pas se fier à la bande annonce, donc, qui met surtout en avant le côté humoristique). Mais dans les deux domaines, le film s’avère efficace. Sans jamais avoir recours à des effets comiques lourdingues, sans jamais tomber dans le mélo, bien au contraire. L’humour du film est même assez original et repose bien souvent sur le jeu des acteurs, sur des regards, des silences, des situations incongrues, voire complètement décalées... Et ça, pour un amateur de films de zombies, c’est un plaisir absolu !
Les amatrices de belles histoires d’amour y trouveront donc leur compte, avec deux acteurs (Nicholas Hoult, vu dans X-Men : Le Commencement et dans Le Choc Des Titans, et Teresa Palmer, vue dans l’Apprenti Sorcier) au physique un peu moins caricatural que ceux de la nunuche et du suceur de sang sus-mentionnés... et donc un peu plus sympathiques et crédibles. Quant à John Malkovich, il n’est là que pour apporter sa caution de grand acteur et quelques apparitions, mais c’est évidemment toujours un plaisir de le voir.
Le seul perdant dans ce film, finalement, c’est le suspense. Car comme pour toute bonne comédie romantique, on sait comment tout cela va finir... Et comme pour toute bonne comédie romantique, les amateurs de musique se régaleront avec une bande originale plutôt bien fournie. Autant de raisons de se précipiter sur Warm Bodies, qui ne marquera pas l’histoire du cinéma, mais qui amène une bonne bouffée d’air frais dans le triste univers du film de zombies !
* c’est le terme désormais consacré par les génies marketing de l’édition. C’est vrai que ça sonne mieux que "roman pour ados boutonneux"...
** il ya une 3ème trouvaille : l’idée qu’en mangeant le cerveau de leurs victimes, les zombies puissent s’approprier leurs souvenirs. Il y aurait sans doute de quoi faire un film, rien qu’avec ça...
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