Conjuring : Les Dossiers Warren (The Conjuring)
En 1971, Carolyn et Roger Perron emménagent dans une nouvelle maison avec leurs cinq filles. Mais peu à peu, l’heureux événement va tourner au cauchemar. Le chien de la famille meurt, une des filles est atteinte de crises de somnambulisme, des bruits de coups se font entendre chaque nuit et les Perron découvrent un accès à une cave qui avait été muré par les précédents propriétaires. Alors que les phénomènes vont en s’agravant et semblent se concentrer sur la plus fragile de leurs filles, les Perron décident de faire appel à Lorraine et Ed Warren, un célèbre couple de parapsychologues pour les uns, de chasseurs de fantômes pour les autres... Mais même eux vont se sentir dépassés par l’ampleur et la violence des phénomènes, au point de demander l’aide de l’Eglise, pour un exorcisme. Malheureusement, celle-ci refusant de les aider avant d’avoir mené une longue enquête, les Warren et les Perron vont devoir affronteer seuls le démon qui les menace...
Inspiré d’une histoire vraie*, le film se déroule dans les années 70... comme l’Exorciste, avec lequel il partage un certain nombre de points communs, à commencer par le thème de la possession démoniaque. Et il est clair que James Wan a voulu avec se film rendre hommage à sa façon à celui de William Friedkin, toujours considéré comme la référence du genre près de 40 ans après sa sortie. Mais il est étonnnant de constater à quel point Conjuring est semblable à l’Exorciste, tout en étant très différent.
Semblable parce que James Wan a choisi de rester dans le plus grand classicisme en matière de réalisation et d’effets spéciaux. Le film ne cède pas à la mode actuelle du montage frénétique de plans de quelques secondes. James Wan ne cherche pas non plus à nous immerger dans l’action au moyen d’une vue subjective filmée caméra à l’épaule. Bien au conteraire, James Wan prend son temps, accompagne ses personnages avec des plans serrés qui ne montrent pas grand chose et laissent l’imagination prendre le relais, utilise de longs zooms... juste avant que l’horreur se déchaîne ! Même chose avec la bande son, qui ne cherche pas à nous saoûler de bruitages ou de musique inutiles et se fait parfois très discrète pour mieux revenir en force au meilleur (ou plutôt au pire) moment.
Différent parce que James Wan ne reprend aucune des scènes de l’Exorciste, qui sont depuis devenues de véritables clichés. La possédée ne profère aucune injure, ne parle aucune langue étrangère, ne subit aucune contorsion impossible, ne vomit sur personne et ne lévite pas au dessus de son lit.
De manière plus générale, James Wan ne cède pas non plus aux effets faciles dont sont généralement truffés les films de genre, entre portes qui grincent et mauvaises blagues, destinés à nous faire sursauter à peu de frais sans pour autant faire progresseer le scénario. Dans Conjuring, en revanche, quans une porte grince ou claque, ce n’est pas pour rien ! Car James Wan ne laisse rien au hasard dans ce film, maîtrisé d’un bout à l’autre. Pas un mouvement de caméra (ils sont pourtant très variés !), pas un plan qui soit inutile ou superflu.
Et on fait le même constat dans la direction des acteurs, tous remarquables. Là encore, James Wan préfère jouer la sobriété, sans cris stridents inutiles... A tel point qu’on finit même par se dire en tant que spectateur qu’à la place des personnages, on serait bien plus terrifiés ! Mais cela n’empêche pas les acteurs (dont Patrick Wilson, vu récemment dans Insidious et Prometheus) d’être excellents, visiblement très impliqués dans le film. Le fait que les différentes scènes aient été tournées dans l’ordre chronologique les y sans doute aidés, de même que les conseils de la véritable Lorraine Warren !
Conjuring a été classé "R" aux Etats Unis et donc interdit aux moins de 17 ans non accompagnés... et cela alors qu’il y a très peu de sang dans le film, aucune scène "gore", aucune scène de nudité et pas de grossièretés ! Si le film a obtenu ce classement, c’est qu’il est tout simplement effrayant et la réalisation de James Wan terriblement efficace. Et si Conjuring est un hommage à l’Exorciste, l’élève James Wan, qui progresse à chacun de ses films (Saw, Dead Silence, Insidious) n’est plus très loin de dépasser le maître William Friedkin...
* Les Warren ont travaillé sur de nombreux cas, dont celui d’ Amityville.
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