Nécroscope
Sur fond de guerre froide dans les années 70 (Leonid Brejnev est encore au pouvoir et Andropov montre le bout de son nez ...), deux agences plus que secrètes se livrent une lutte sans merci : le Réseau E britannique et son adversaire soviétique. Leurs agents : des personnes dotées de pouvoirs ESP. Télépathes, télékinésistes, voyants, guetteurs (capables de repérer d’autres personnées dotées de pouvoirs ESP)... Mais l’affrontement est indirect, les russes ignorant tout de l’existence du réseau E. Jusqu’au jour où apparaissent deux jeunes homes au talent particulièrement rare et puissant, un dans chaque camp : un nécromancien et un nécroscope.
Quelle différence existe-t-il entre un nécromancien et un nécroscope ? Tous deux sont capables de dialoguer, d’une certaine façon, avec les morts. Le nécroscope de façon très simple, en se rendant au cimetière où se trouve le mort avec lequel il veut dialoguer. Il peut alors lui parler, lui poser des questions, entendre ses réponses . Pour le nécromanciens, c’est un plus plus…bizarre. Il peut extraire des morts leurs plus profonds secrets… mais pour cela il doit littéralement les disséquer !
Nous faisons connaissance avec Harry Keogh, le nécroscope, alors qu’il n’est encore qu’un collégien qui va se rendre compte qu’il possède d’étranges capacités, suceptibles de l’aider à apprendre et à progresser très vite dans différentes matières. Quant à Dragosani, le nécromancien, il ignore tout de ses pouvoirs et de la manière assez écoeurante de les utiliser lorsqu’il découvre l’existence d’un … vampire ! Un vampire affaibli, presque mort, enchaîné sous terre depuis des dizaines d’années à une époque où de telles créatures n’étaient pas seulement un mythe. D’origine Valache, Dragosani comprend très vite ce qu’il vient de découvrir. Capable de dialoguer avec l’esprit du vampire (ou du Whampyri, comme lui-même se nomme), il veut tout découvrir de ses secrets. C’est d’ailleurs lui qui lui révèle ses pouvoirs de nécromancien. En échange, il lui amène des animaux, qu’il égorge pour le nourrir après que le sang aie été absorbé par la terre. Mais il se méfie de lui. Agé de plusieurs siècles, ce whampyri semble en effet un redoutable manipulateur…
Déjà original par son sujet, le roman de Brian Lumley atteint des sommets en la matière avec l’introduction du vampirisme et d’une explication scientifique de celui-ci, elle aussi novatrice... mais il serait vraiment dommage d’en dire plus sur l’intrigue, qui prend à partir de la moitié du roman une direction totalement inattendue, mais franchement passionnante.
A tel point d’ailleurs que Brian Lumley, surtout connu (tout est relatif…) en France pour ses œuvres « lovecraftiennes » prolongeant le mythe de Cthulhu, est devenu en angleterre un écrivain à succès avec ce Nécroscope, qui deviendra finalement une saga en 13 volumes !
Il faut dire que le thème en lui-même du dialogue avec les morts, la diversité des pouvoirs psychiques, la rivalité est – ouest et la reprise de thèmes classiques (mais revisités de manière moderne) du fantastique, constituent un mélange particulièrement détonnant !
Les personnages de Brian Lumley n’ont cependant rien à voir avec des super-héros. Ce sont des êtres humains ordinaires, avec leurs forces mais aussi de nombreuses faiblesses, attachants ou antipathiques. Et l’action est loin d’être trépidante, sauf peut être dans les 20 dernières pages du roman. Mais l’écriture de Brian Lumley est parfaitement maîtrisée, son roman remarquablement bien construit et il s’avère capable de distiller l’horreur au travers de simples détails. On pourrait en prendre comme exemple le prologue, dans lequel l’écrivain nous donne les définitions du microscope, du téléscope et du nécroscope, en précisant que si une amibe ou d’une planète ne savent pas qu’ils sont observés et ne peuvent regarder dans l’appareil celui qui les observe, il en va différemment avec les morts et le nécroscope …
Nécroscope est donc un roman incontournable, un des meilleurs du genre, qui fait de Brian Lumley l’égal d’un Koontz, d’un Masterton ou d’un King. Et on n’a qu’une seule envie en le refermant : lire sa suite « Vamphyrie », en espérant qu’elle soit de la même qualité !
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