Vivarium
Deux jeunes amoureux, Gemma et Tom, sont à la recherche de leur première maison. Après avoir fait la connaissance de Martin, agent immobilier, ils en visitent une située dans un étrange lotissement, immense et constituée d’habitations toutes identiques... jusqu’au moment où Martin disparaît, les abandonnant dans ce lieu dont ils ne parviennent pas à trouver la sortie. En panne sèche, ils passent leur première nuit dans la maison, puis une autre et encore une autre, découvrant chaque matin un carton contenant de quoi s’alimenter. Mais un jour, le carton contient un bébé et un message. Pour être libérés, Gemma et Tom vont devoir l’élever...
On va commencer par la fin et définitivement spoiler celles et ceux qui considèrent que l’intérêt d’un film réside dans sa fin (alors que 99,9% d’entre eux sont éminemment prévisibles) : le secret de Vivarium réside dans ses toutes premières images, celles du générique de début. L’un des oiseaux que l’on peut voir est en effet un coucou, un animal que l’on peut considérer comme sympathique eu égard à son cri amusant, que certains horlogers ont cru bon d’utiliser pour sonner les heures... Mais la vie du coucou, en particulier son cycle de reproduction, est loin d’être aussi sympathique. Il a en effet pour habitude de pondre subrepticement son oeuf dans le nid d’autres oiseaux. Et l’instinct du bébé coucou, dès sa naissance, le pousse à éliminer tous les autres oeufs ou oisillons du nid, afin d’être le seul que les parents (adoptifs) vont nourrir et élever.
C’est très précisément ce qui arrive aux deux personnages principaux du film, qui vont devoir élever un enfant qui n’est pas le leur... et dont on comprend assez vite qu’en dépit des apparences, il n’est pas de leur espèce.
Visuellement, le film s’avère subtilement glaçant. Tout d’abord avec cet univers restreint à des rangées sans fin de maisons vertes toute identiques et à un ciel constellé de nuages immobiles, comme sortis de l’imagination d’un peintre naïf... puis avec cet enfant implacable, aux cheveux impeccablement coiffés, à la voix et à la diction improbable, qui tyrannise ses "parents" à coups de hurlements, jusqu’à les rendre fous ! Une sorte de "Young Sheldon" en version cauchemardesque, pour celles et ceux qui connaissent cette série dérivée de Big Bang Theory.
Dans ce film irlando-belgo-danois, on se serait attendu à découvrir des acteurs inconnus... mais ce sont deux figures bien connues des amateurs d’étrange qu’on retrouve, avec Imogen Poots (28 semaines Plus Tard, Fright Night, Green Room, Black Christmas) et Jesse Eisenberg (célèbre notamment pour Bienvenue à Zombieland et sa suite Retour à Zombieland, mais aussi pour son rôle de Lex Luthor dans Batman V. Superman). Et il faut bien reconnaître que les deux sont excellents dans ce premier film au scénario écrit par le réalisateur Lorcan Finnegan, dont il s’agit ici du premier long métrage qui rencontra un véritable succès critique, avec des participations au Festival de Cannes, de Gérardmer et de Neufchâtel, ainsi qu’un prix à l’Etrange Festival et un autre au Festival de Catalogne. Inutile de dire que ce réalisateur sera à suivre...
Car avec ce scénario qui laisse la place à l’imaginaire du spectateur et à son interprétation (ce qui en agacera certains, qui auraient préféré qu’on leur explique clairement d’où vient cet enfant, qui il est et où se trouve cet étrange lotissement, autant de questions qui resteront sans réponse), Lorcan Finnegan évolue dans le domaine d’une horreur assez inhabituelle. Une horreur quasiment sans effets spéciaux et qui ne tient qu’aux situations, aux événements vécus par les deux personnages auxquels on s’identifie inévitablement, et qui se termine sur une forme d’ironie et de cruauté mentale rarement vues à un tel niveau, lorsqu’on comprend que le trou creusé de manière obsessionnelle par Tom, qui pensait trouver ainsi un moyen de s’échapper de cette maison, n’était en fait qu’une idée implantée dans son esprit, destiné à devenir sa future tombe...
Ce n’est pas la première fois que cette référence à l’étonnante méthode de reproduction des coucous est utilisée. On se souvient notamment des Coucous de Midwich, le roman de John Wyndham adapté au cinéma en 1960 sous le titre ’français" Le Village Des Damnés", avec un remake signé John Carpenter en 1995, dans lesquels des femmes tombaient mystérieusement enceintes d’enfants extra-terrestres. Mais celle de Lorcan Finnegan s’avère aussi brillante que sombre... car vous l’aurez compris, à la différence des deux films cités précédemment, Vivarium ne se termine pas en "happy end" !
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