The Creator
Dans un futur proche, les IA et les androïdes, les "simulants", se sont développés et répandus au sein de l’humanité... jusqu’au jour où une IA fait exploser une bombe nucléaire sur Los Angeles. La riposte des humains est à la hauteur de l’agression : un vaisseau énorme, extrêmement coûteux et particulièrement redoutable, nomme Nomad, est chargé d’exterminer la menace que représentent les simulants et les IA. Son objectif est sur le point d’être atteint, sauf en Asie où les simulants se sont mêlés à la population, qui les a accueillis. Mais il semblerait que l’IA qu’on appelle Nirmata (le créateur, en népalais) ait mis au point une arme capable de vaincre Nomad. Joshua, soldat des forces spéciales, est chargé de trouver cette arme. Mais lorsqu’il découvre qu’il s’agit d’une fillette de 8 ans, Joshua hésite à la supprimer, même s’il s’agit d’un simulant... Et si les IA et leurs créations avaient le droit de vivre ?
Sorti sans grand battage médiatique, il est probable que The Creator ne battra pas de record aux box-office, en tout cas en France (avant, sans doute, de faire une brillante carrière en VOD et en Blu-ray / DVD). Et pourtant...
Le film ne manque pas d’atouts. En fait, il a tout d’un blockbuster : de l’action non stop, des effets spéciaux spectaculaires, des décors grandioses, un casting excellent, un scénario apparemment simple sur un thème (l’IA) qui est dans l’air du temps. Mais il est un peu plus que cela.
Avec un budget de 80 millions de dollars, confortable mais qui ne permet pas de folies, Gareth Edwards réalise un film ambitieux qui tente de nous faire comprendre que les méchants ne sont pas toujours ceux qui semblent l’être et que l’IA ne sera peut être pas dans l’avenir l’ennemi mortel de l’humanité qu’était Skynet dans la saga Terminator, ou les machines ayant créé la Matrice dans la saga des frères / soeurs Wachowski.
Il faut dire que Gareth Edwards n’est pas n’importe qui. Scénariste et réalisateur (entre autres fonctions...) de l’étonnant Monsters, réalisé en 2010 avec un budget de 500 000 dollars (!), il est également le réalisateur du Godzilla de 2014, reboot de la saga et premier film du "Monsterverse", ainsi que de Rogue One en 2016, qui est peut-être le meilleur film de la saga Srae Wars depuis L’Empire Contre-Attaque.
Le film démarre sur des rails on ne peut plus classiques, après quelques mots destinés à poser le contexte. Puis le scénario déroule une histoire qui semble réserver peu de surprises... Et le fait est qu’il n’y a dans The Creator aucun rebondissement, pas plus que de "twist" final. Mais peu à peu, sans qu’on puisse dire exactement quand, on finit par se dire que la réalité n’est pas tout à fait, voire pas du tout, celle qui nous a été présentée au début. Et tout cela sans grosse ficelle, mais au contraire de manière assez subtile, alors qu’on ne s’y attend pas, pris dans la succession des scènes d’action !
Sur la forme aussi, le film parvient à se démarquer. On ne manquer de penser, en le regardant, à des films aussi divers que Blade Runner (pour certains décors et pour les robots appelés "simulants), Terminator et Matrix (pour la guerre entre humains et machines), I Robot (pour le côté mystique de Nirmata) , AI (pour son personnage d’enfant innocent) et même certains films consacrés à la guerre du Vietnam ! Mais The Creator ne ressemble à aucun d’entre eux, et ne cherche pas davantage à leur faire référence.
Quant aux acteurs, on retrouve John David Washington, découvert par le grand public avec Tenet et qui confirme ici son talent, ainsi que Gemma Chan (Les Animaux Fantastiques, Les Eternels, Captain Marvel, la série Humans) et Ken Watanabe (L’Assistant du Vampire, Inception, Godzilla et Godzilla 2, Pokemon : Detective Pikachu). Et on découvre une épatante jeune actrice, Madeleine Yuna Voyles, dans un rôle pas évident pour un enfant de son âge !
Il y a parfois de bonnes surprises, avec des films qu’on n’attendait pas. A la fois divertissement bourré d’action et réflexion sur ce que pourrait être une IA dans un avenir relativement proche (pourquoi devrait-elle être nécessairement malveillante, après tout ?), The Creator est un bon exemple de ce que la SF devrait être plus souvent...