Tron : L’Héritage (Tron : Legacy)
Revenu du monde virtuel dans lequel il avait été envoyé à l’insu de son plein gré dans le premier Tron, Kevin Flynn a repris le contrôle d’Encom et en a fait une multinationale du jeu vidéo. Mais pour un programmeur de génie tel que lui, l’attrait de ce monde virtuel est irrésistible et pendant des années, il va régulièrement y retourner, en cachette de ses associés et même de sa famille. Jusqu’au jour où il disparaît... Mais une vingtaine d’années après, son plus fidèle associé Alan Bradley, reçoit un étrange message en provenance de la vieille salle de jeu "Flynn’s Arcade". Il le transmet au fils de Kevin, Sam, désormais âgé de 27 ans et qui ne s’est jamais vraiment remis de la disparition de son père...
En reprenant Jeff Bridges dans son propre rôle, Bruce Boxleitner dans celui d’Alan Bradley (il était Tron dans le film de 1982, avant d’apparaître dans la série Babylon 5) et avec Steven Lisberger, réalisateur du premier Tron, à la production, Tron Legacy établit une sorte de record. Il n’y a sans doute pas d’équivalent au cinéma d’une suite jouant à ce point la continuité, aussi longtemps après la sortie du premier film ! Et il faut féliciter les producteurs et le réalisateur pour ce choix, qui est à la fois un bel hommage et un véritable plaisir pour les fans du film de 1982.
Tron Legacy est également une première sur la plan technologique, puisque le film utilise pour la première fois un vrai-faux acteur numérique, en l’occurence Jeff Bridges lui-même rajeuni de 30 ans ! Certes, on avait eu droit une apparition d’un avatar d’Arnold Schwarzenegger dans Terminator Renaissance, mais cela n’avait duré que quelques secondes, alors que la version rajeunie de Jeff Bridges est un personnage essentiel du film. On n’ose pas imaginer les perspectives que cela ouvre ... Pourquoi pas un nouveau Star Wars avec une version numérique de Mark Hamill, ou des Star Trek avec un William Shatner et un Leonard Nimoy trentenaires ?
Quant à la 3D, on ne peut que féliciter Disney des progrès accomplis dans ce domaine depuis Alice au Pays des Merveilles... La 3D de Tron Legacy se rapproche davantage de celle d’Avatar et est surtout utilisée pour jouer sur la profondeur de champ que pour des effets faciles en direction des spectateurs (sauf à un moment du film, avec un effet très réussi d’ailleurs).
Du point de vue du scénario, c’est plutôt bien vu dans la mesure où il permet de conserver un rôle important à Jeff Bridges tout en rajeunissant le film avec le personnage de son fils, qui en est le héros. Cela dit, ce n’était pas le point fort du premier Tron et ce n’est pas plus le point fort du second ! Mais l’essentiel n’est pas là ...
L’essentiel, dans le Tron de 1982, c’était les images. Des images jamais vues auparavant et, il faut bien le dire, jamais revues par la suite non plus, avec une combinaison de techniques et des choix esthétiques ayant donné un résultat hallucinant, parfaitement en adéquation avec le thème du film.
Cela dit, on en était en 1982 aux balbutiements de la micro-informatique et des jeux vidéo. Et l’esthétique du film était calée sur les graphismes de l’époque, en "fil de fer" (ou graphismes vectoriels pour ceux qui sont férus de technique). Aujourd’hui, les jeux vidéo reproduisent la réalité avec infiniment plus de réalisme, et Tron Legacy reflète logiquement cette évolution. Paradoxalement, donc, l’univers de Tron Legacy a un aspect beaucoup plus "physique" (les spécialistes des effets spéciaux ont d’ailleurs eu recours à bon nombre de véritables décors) que son prédecesseur de 1982, dont l’aspect virtuel était beaucoup plus prononcé ! Mais que les fans de Tron se rassurent : Tron Legacy a conservé l’essentiel de ce qui avait fait l’originalité de Tron, à savoir une utilisation très particulière de la lumière et des formes géométriques assez épurées.
Quant aux scènes d’action, elles sont évidemment incomparables. Et là aussi, on reprend ce qui avait été les deux grands moments de Tron : la course de motos et les combats de disque, mais avec le savoir-faire acquis ces 3 dernières décennies en matière de cinéma d’action. Le résultat est assez impressionant...
Toutefois, le véritable "plus" de Tron Legacy par rapport à Tron se situe davantage du côté de la bande son ! Le choix de Daft Punk est une réussite totale et ne peut que nous faire regretter, a posteriori, que Disney n’ait pas fait appel à un groupe comme Kraftwerk pour le premier Tron. Sans jamais tomber dans la musique un peu facile du type "dancefloor", Daft Punk démontrer une vraie capacité à créer une ambiance parfaitement "raccord" avec les images (une vraie musique de film, quoi !) avec des sons électroniques, boostés par des basses impressionnantes (qui rappellent parfois les sensations du procédé Sensurround, pour ceux qui s’en souviennent), parfaitement adaptés à un film aussi "high tech".
S’il fallait vraiment trouver un défaut à Tron Legacy... on pourrait évoquer les acteurs, assez quelconques. On a connu Jeff Bridges plus brillant que dans ce rôle de vieux sage qui ne lui convient guère. Quant à Garrett Hedlund (déjà vu dans Eragon) et Olivia Wilde (la fameuse "numéro 13" du Docteur House), on se souviendra sans doute davantage de leurs capacités acrobatiques que de leur performance d’acteurs.
On pourrait également regretter certaines scènes où à la fois les dialogues, les poses prises par les acteurs et la musique se font un peu trop emphatiques et grandiloquentes. Un peu plus de légèreté aurait été bienvenue ! Mais cela reste un défaut mineur pour un film qui, de toute façon, n’a d’autre ambition que de nous divertir et pour lequel je réitère le conseil, pour ceux qui iront le voir au cinéma, de choisir une salle de qualité, dotée de la 3D et d’une bonne sono !
J’ai découvert en voyant ce film en V.O. que le terme utilisé pour désigner les humains est "user", alors que la VF du Tron de 1982 utilisait le terme "concepteur". C’est une nuance, mais elle est importante pour l’interprétation des 2 films, dans la mesure où on aurait pu croire que le terme "concepteur" faisait référence à la programmation, alors que "user" est beaucoup moins restrictif...
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