Crimson Peak

A la fin du 19ème siècle, la fille d’un riche entrepreneur américain termine d’écrire son premier roman, un histoire de fantômes. Il faut dire qu’elle posséder la capacité de communiquer avec les esprits depuis la mort de sa mère dont le fantôme était revenu la voir pour la mettre en garde contre Crimson Peak... Mais alors que son père voudrait la marier à un médecin, elle tombe amoureuse d’un jeune noble anglais désargenté, Thomas Sharpe, venu avec sa soeur Lucile emprunter de l’argent à son père. Ce dernier ne fait pas confiance à Thomas et demande à un détective d’enquêter discrètement sur les Sharpe.
Après un détour par un Blockbuster de SF, Pacific Rim, Guillermo Del Toro revient à ce qu’il sait faire de mieux, le film fantastique et d’horreur, avec un scénario qu’il a lui-même imaginé.
L’hommage aux vieux films de la Hammer est évident, avec le choix d’une intrigue se déroulant dans un vieux manoir isolé à la fin du XIXème siècle et avec une héroïne nommée Edith Cushing, comme le fameux Peter Cushing, pilier de la Hammer célèbre pour son personnnage de Van Helsing dans les innombrables Dracula produits par les studios, dans lesquels il donnait la réplique à Christopher Lee...
Et il est vrai qu’il est plaisant de retrouver cette ambiance un peu désuète, ces décors qui nous replongent dans une autre époque, une façon de s’exprimer avec un vocabulaire choisi, ces personnages qui évoluent avec une certaine élégance... ce qui nous change un peu de tous ces films au scénarios à base de "found footage’ !
Une fois de plus, Tom Hiddleston (devenu célèbre pour son rôle de Loki dans Thor puis dans Avengers) s’avère remarquable, dans un rôle ambigü qui lui va comme un gant, à moitié séducteur, à moitié manipulateur diabolique, au point d’éclipser Jessica Chastain (vue récemment dans Interstellar et Seul Sur Mars) qui interprète sa soeur Lucille et encore plus Mia Wasikowska (la Alice au Pays Des Merveilles de Tim Burton), plutôt quelconque dans le rôle d’Edith Cushing.
Visuellement, le film dégage un charme indéniable, avec des couleurs (notamment le vert et le jaune / orange) saturées créant de superbes contrastes dans des scènes où l’obscurité domine le plus souvent. Les décors sont souvent magnifiques, notamment le manoir des Sharpe avec son toit en ruines dans la partie centrale, laissant passer aussi bien les rayons du soleil que des feuilles mortes ou de la neige. Mais il faut dire que Guillermo Del Toro a bénéficié d’un budget de 55 millions de dollars, ce qui est considérable pour un film de ce genre...
Curieusement, c’est par sa réalisation que le film pêche un peu. Alors que le scénario s’avère plutôt bien construit et aurait pu surprendre et offrir quelques rebondissements aux spectateurs, on a l’impression que Guillermo Del Toro s’ingénie à s’auto-spoiler, insistant beaucoup trop lourdement sur des détails qui sont autant d’indices pour que le spectateur devine ce qui va arriver ! L’empoisonnement d’Edith par exemple, ou encore les relations incestueuses entre Thomas et Lucille, ne seront une surprise pour personne. Quant à la révélation faite à Edith par l’esprit de sa mère au début du film, elle anéantit elle aussi toute surprise, car quiconque sait ce que signifie "crimson" en anglais aura très vite fait le lien avec la particularité du lieu où se trouve le manoir des Sharpe...
Cela dit, on ne vas pas bouder notre plaisir : même s’il aurait pu être un peu meilleur, Crimson Peak se révèle un film très plaisant, pas vraiment un film d’horreur, pas vraiment non plus un film fantastique (car, comme l’explique Edith s’agissant des fantômes de son roman, ceux-ci ne sont là qu’à titre symbolique), mais plutôt un bon thriller gothique dont on ne voit pas passer les deux heures !