Firestarter

La jeune Charlene, surnommée Charlie, vit une enfance compliquée. Dotée de pouvoirs qu’elle ne maîtrise pas, elle doit en outre passer de ville en ville avec ses parents, afin d’échapper à l’agence gouvernementale ayant utilisé ses parents comme cobayes afin de leur donner des pouvoirs psychiques à l’aide d’une substance chimique expérimentale. Sa mère est en effet télékinésiste et son père est capable d’imposer sa volonté à n’importe qui, les "poussant" à exécuter ses ordres, quels qu’ils soient. Mais Charlie, leur fille, est encore plus puissante et est douée du pouvoir de pyrokinésie, au point peut-être de déclencher un feu nucléaire, ce qui fait d’elle une arme potentiellement terrifiante. L’agence charge un de ses agents, Rainbird, de lui ramener Charlie. Après avoir retrouvé sa trace, Rainbird fait irruption chez elle et tue sa mère. Mais Charlie et son père parviennent à fuir...
Disons le franchement, le film de 1984, pourtant doté d’un casting excellent avec entre autres Drew Barrymore, 2 ans après E.T. L’Extra-Terrestre, Martin Sheen et George C. Scott, Louise Fletcher (Les Envahisseurs Sont Parmi Nous, Brainstorm), Heather Locklear, et réalisé par Mark Lester (pourtant auteur de l’ultra-violent et controversé mais inoubliable Class 1984) était un peu mou du genou, même pour l’époque...
Le thème des pouvoirs psychiques était alors très à la mode. On se souvient de La Montagne Ensorcelée, un film plutôt gentillet produit par Disney, ainsi que de Furie, signé Brian de Palma, avec Kirk Douglas et John Cassavetes (tout de même !). Dans les deux cas, le thème était déjà indissociable de celui du complexe militaro-industriel, comme on disait à l’époque, et des agences gouvernementales (CIA, NSA...) coupables de tous les maux et de tous les complots. Stephen King s’est-il inspiré de Furie pour son roman Charlie, publié en 1980 ? C’est bien possible, mais quoi qu’il en soit, la roman a été un grand succès... à la différence du film, tombé rapidement dans les oubliettes des rares adaptations ratées des films du maître.
Aujourd’hui, Blumhouse (société de production fondée par Jason Blum et célèbre pour sa politique consistant à produire des films à petits budgets, en n’investissant jamais plus de 5 millions de dollars... et souvent beaucoup moins !) a donc décidé de surfer sur la vague lancée par la série Stranger Things (qui elle aussi est revenue à ce thème classique des années 80) pour réaliser ce remake qui permet de mettre à l’affiche* un des plus grands noms du genre, celui de Stephen King, qui est une garantie de succès.
Et comme d’habitude chez Blumhouse, le job est fait correctement, avec une équipe dirigée par Keith Thomas (scénariste et réalisateur de l’excellent The Vigil), un casting emmené par Zac Efron (ex-star aujourd’hui quelque peu en perte de vitesse), et une bande originale signée du génial John Carpenter... Oui, le grand Carpenter lui-même, pas un homonyme ! Et rien que la musique suffit à donner au film une ambiance particulière, pesante et stressante. Quant à Ryan Kiera Armstrong, l’actrice qui interprète Charlie, elle possède à 12 une filmographie déjà impressionnante, avec des apparitions dans Ca : Chapitre 2, Black Widow, The Tomorrow War et un rôle principal dans la série American Horror Story : Double Feature !
Même si le budget ne permet pas à Keith Thomas de réaliser des miracles, ce n’est guère gênant compte tenu de la nature de l’intrigue, qui ne nécessite de multiplier les effets spectaculaires. Il suffit au réalisateur de respecter l’oeuvre de Stephen King, de s’intéresser suffisamment aux personnages pour les rendre attachants, et le film fonctionne inéluctablement, le spectateur prenant fait et cause pour cette famille en fuite, pourchassée par une toute-puissante agence gouvernementale aux intentions plus que douteuses.
Evidemment, on aurait préféré voir Carpenter aux manettes, et pas uniquement à la direction de l’orchestre ! Mais ce Firestarter a le mérite de ressusciter un vieux film oublié, et de faire découvrir cette histoire de Stephen King aux jeunes générations, de manière plutôt réussie.
* Affiche qui, pour l’anecdote, est elle-même un "copier-coller" de celle du film de 1984 !