Time Out (In Time)

En 2161, le temps a remplacé l’argent. Grâce à des manipulations génétiques, l’immortalité est devenue une réalité. A 25 ans, le vieillissement cesse, mais il y a un prix à payer : une horloge interne se déclenche, avec un crédit d’un an. Et le compte à rebours commence... Car désormais, tout se paie avec du temps. Il faut donc travailler pour gagner du temps et éviter que l’horloge tombe à zéro, ce qui signifie une mort instantanée. Will Salas et sa mère vivent ainsi au jour le jour... mais l’inflation va être fatale à sa mère. Wil, lui, a plus de chance : il croise le chemin d’un riche habitant des quartier chics de la zone de New Greenwich. Ce dernier, blasé par immortalité, décide de se suicider et de lui faire don de son temps. Will se retrouve ainsi à la tête d’un capital d’une centaine d’années. Mais bien décidé à venger la mort de sa mère, pas question pour lui d’en rester là. Il part alors pour New Greenwich...
On pouvait difficilement imaginer une idée de départ plus fascinante que celle imaginée par Andrew Niccol, qui signe également le scénario du film*. Avec lui, l’expression "gagner sa vie" prend soudain toute sa signification... Et elle donne à son film une double dimension : celle d’un thriller, car évidemment, mettre sur les bras des personnages un compteur à rebours indiquant combien de temps il reste à vivre permet de générer pas mal de suspense, mais aussi celle d’une violente critique du système capitaliste libéral.
Andrew Niccol avait déjà tiré la sonnette d’alarme concernant les manipulations génétiques dans le fabuleux Bienvenue à Gattaca, avant de se payer la tête d’Hollywood en imaginant dans Simone un actrice virtuelle plus vraie que nature... Avec Time Out, il revient sur le terrain de la génétique, mais avec en toile de fond un contenu politique et social que ne renierait sans doute pas John Carpenter ! Car la société de 2161 n’est finalement pas si éloignée que ça de la nôtre. Simplement, le temps a remplacé l’argent et la chute sociale et économique d’un individu ou d’un famille qui perd son travail et son logement et se retrouve à la rue (ce qui s’est produit pour un grand nombre d’américains suite à la crise de 2008) est ici remplacée par la mort véritable.
Mais Andrew Niccol va encore plus loin et s’attaque aussi aux écarts grandissants de richesse, évoquant la hausse des prix (qui, dans le film, provoque la mort de la mère du personnage principal) qui serait voulue... car il n’y a qu’une quantité limitée de temps et pour qu’il y ait plus d’immortels milliardaires ou millionnaires en années, il faut qu’il y ait plus de pauvres (et plus de morts).
Ce n’est pas très gai, c’est le moins qu’on puisse dire, mais ça donne à réfléchir. Et rassurez-vous, tout ceci n’est que sous-entendu dans le film qui, lui, va s’intéresser à l’étrange couple que va former Will avec Sylvia, la fille du richissime Philippe Weis, qui va rapidement se rendre compte qu’être riche et donc immortel ne permet de vivre qu’une vie ennuyeuse, entourée de gardes du corps et dans la crainte perpétuelle d’un accident... Ensemble, ils vont donc devenir des criminels à mi-chemin entre Robin Des Bois et Bonnie & Clyde, braquant des banques pour distribuer de l’argent à ceux qui en ont besoin, pourchassés par le redoutable Raymond Leon, un incorruptible Gardien du Temps...
Cette dernière partie du film est sans doute la plus faible, à la fois un peu trop classique et pas tout à fait crédible, mais c’est sans doute le seul défaut d’un film en tous points excellent, porté par des acteurs étonnants, à commencer par Justin Timberlake mais aussi avec un Cillian Murphy (déjà vu dans Batman Begins, The Dark Knight, Inception et Tron : L’Héritage) toujours aussi inquiétant et une Olivia Wilde (qui elle aussi était dans Tron) évidemment toujours aussi séduisante dans le rôle de la mère du héros (le genre de maman qu’on a envie de serrer dans ses bras) ! On peut également citer Amanda Seyfrid (Jennifer’s Body, Le Chaperon Rouge) Alex Pettyfer (vu récemment dans Sortilège et Numéro 4) et Rachel Roberts (la fameuse Simone, qui depuis est devenue la compagne d’Andrew Niccol).
Voilà donc un film de SF comme on les aime, sans grand effets spéciaux, mais avec de nombreuses idées et trouvailles qui ne manquent pas de faire réfléchir les spectateurs. C’est sans doute pour cela, d’ailleurs, qu’il a rencontré un succès mitigé...
* le scénario du film lui a été inspiré par une nouvelle de Marcel Aymé, La Carte, dans laquelle la durée de vie de chaque citoyen est limitée en fonction de son utilité... du moins jusuq’à ce qu’un traffic s’organise !
Commentaires (fermé)